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Renault a un nouveau patron, il a 3 défis majeurs à relever

François Provost a pris la place de Luca de Meo à la tête de Renault, mais le nouveau directeur général a déjà quelques dossiers majeurs à trancher.

La succession de Luca de Meo n’aura pris que quelques semaines. L’ex-patron emblématique du groupe Renault, parti cet été chez L’Oréal, connait désormais le nom de son successeur et il a dû être aussi surpris que le reste de la planète automobile. C’est François Provost qui est nommé directeur général du groupe Renault.

Pour le grand public, c’est un parfait inconnu. Pour Renault et les observateurs les plus avisés, il s’agit tout simplement de l’ancien directeur des achats, des partenariats et des affaires publiques. Ce poste stratégique avait placé François Provost au cœur du projet Renaulution de Luca de Meo. Renault fait donc en quelque sorte le choix de la continuité, avec une personne qui connait la marque, ses rouages et la politique interne. Cela dit, même si Provost faisait déjà partie de l’équipe dirigeante et que celle-ci reste sur une série de succès notables, il n’en reste pas moins que Renault a aussi quelques défis de taille à relever. Des challenges qui reviennent directement au nouveau CEO et pour lesquels la marge d’erreur est très réduite.

François Provost CEO Renault
© François Provost CEO Renault

Quels sont les trois plus gros défis du nouveau patron de Renault ? Nous avons une petite idée sur la question…

1 – Être enfin performant sur la voiture électrique

Renault peut se targuer d’être l’un des constructeurs auto pionniers dans la voiture électrique. Au même titre que BMW (i3) ou que Nissan (Leaf), le Losange a lancé bien avant tout le monde une voiture électrique à l’échelle industrielle, la Zoé. Pourtant, une telle antériorité ne semble pas avoir porté ses fruits au moment d’effectuer le virage électrique entrepris par toute l’industrie auto.

Les premiers modèles électriques de Renault (nouvelle Zoe, Twingo ZE), n’ont pas démontré le savoir-faire de Renault en matière électrique. La suite : Mégane E-Tech, Renault Scenic et R5 électrique ? Ce sont de bons succès commerciaux, mais ils doivent leur réussite davantage à leur style qu’à une fiche technique particulièrement reluisante (on ne parle pas ici de qualité de conduite, bien entendu).

En effet, Renault a beaucoup insisté sur sa plateforme technique 400 V pour construire sa gamme électrique. Même si l’architecture modulaire AmpR est pleine de qualités, elle dispose aussi de limites techniques en matière de puissance de recharge. Assurément, l’un des défis de François Provost sera de faire aboutir le projet de plateforme 800V. Associée à une nouvelle stratégie de batterie made in France, cette combinaison technique serait la meilleure façon pour Renault d’être moins dépendant techniquement de la Chine.

Renault Twingo 2026 Design
© À quoi ressemblera la future Twingo ?

Enfin, il faudra trancher l’épineuse question des filiales dédiées à l’électrique. Ampere et Mobilize sont sur la sellette. Ces marques sont clairement marquées du sceau de Luca de Meo, mais la stratégie qui consistait à multiplier les co-entreprises semble aujourd’hui remise en question.

2 – Soigner l’image de marque tout en renouvelant l’identité visuelle

Renault sort de deux années assez incroyables en termes de succès d’image, mais aussi commerciales. Alors que le Losange souffrait régulièrement de la comparaison avec son rival éternel, Peugeot, il a pu compter sur quelques succès fulgurants ces derniers mois pour redorer son blason.

L’exemple le plus marquant de cette réussite insolente ? Le fait de remporter deux ans de suite le prix le plus prestigieux du secteur, celui de la « Voiture de l’année ». Renault l’a d’abord glané avec son Scenic électrique il y a deux ans. Cette année, il a encore fait mieux en plaçant à égalité sur la première marche le Renault 5, sa citadine électrique, et l’Alpine A290, son copier/coller au sein d’Alpine, sa marque sportive.

La stratégie de Luca de Meo qui a consisté, en partie du moins, à ressusciter les modèles emblématiques de la marque (R4 et R5) et à leur donner un style très moderne tout en soignant leur côté vintage et nostalgique a forcément ses limites et François Provost devra là aussi imprimer sa propre marque.

Ce défi sera d’autant plus complexe que Renault va être contraint de changer de style. Son designer en chef, Gilles Vidal, qu’il avait chipé chez Peugeot, a fait le choix de repartir chez Stellantis. L’une des premières missions prioritaires du nouveau CEO sera donc de lui trouver un successeur.

3 – Ne pas négliger Dacia, la poule aux œufs d’or

Si l’image de marque de Renault repose sur ses derniers succès en matière de design, sa santé financière, elle, a beaucoup à voir avec l’énorme carton réalisé par Dacia ces dernières années.

Identifiée autrefois comme la marque low-cost du groupe, Dacia a depuis pris du galon et développe des véhicules plus ambitieux aussi bien du point de vue du design que des caractéristiques techniques. Une montée en gamme qui s’est aussi traduite par une envolée de prix.

Dacia Sandero Ventes Europe 2024
© Quel futur pour Dacia ?

Est-ce la bonne stratégie pour Dacia ? Là encore, François Provost va devoir trancher. Ça tombe bien, d’ici à la fin de l’année, la marque roumaine du groupe doit présenter un plan stratégique. Celui-ci devait inclure le développement de nouveaux modèles compacts ainsi que celui d’une nouvelle Dacia électrique, la Spring étant désormais quasi hors jeu avec les nouvelles règles qui l’écartent du bonus écologique.

Même s’il prend la tête d’une entreprise qu’il connait et qui sort de deux années pleines, François Provost ne manque donc pas de défis. Ces choix seront observés avec attention et leurs résultats compteront dans son bilan. Sera-t-il à la hauteur de celui de son prédécesseur ? Luca de Meo n’a pas tout réussi chez Renault, mais il a peut-être eu la bonne idée de partir au meilleur des moments. À moins que son successeur ne parvienne à faire mieux.

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Dimitri Charitsis