C’est le théâtre du salon automobile de Munich que Renault a choisi pour lancer la sixième version de la Clio, sa citadine à succès. Depuis 1990, ce sont en effet 17 millions d’unités de ce modèle qui ont été écoulés dans le monde et depuis le début de l’année 2025, la petite Française est même numéro 1 en Europe, toutes catégories confondues. Pas le droit de se rater, donc !
Pari risqué
Un peu plus de deux ans, c’est le temps qui se sera écoulé entre le lancement de la phase deux de la Clio 5 et la présentation de cette nouvelle et 6è génération. Si le modèle précédent avait fait pleuvoir les superlatifs sur l’audace et la précision du style, cette nouvelle itération prend le pari risqué de pour ainsi dire ne plus ressembler à une Clio telle qu’on l’imagine. En effet, hormis ses proportions caractéristiques, celle qui avait « tout d’une grande » — pour reprendre l’un de ses anciens slogans — change tout.
Cela dit, côté motorisations, la marque se montre plus conservatrice. Avec de l’hybride, de l’essence et du GPL, la Clio confirme des choix faits pour la précédente génération. Enfin, du côté du conducteur, la Clio invite pour la première fois à son bord le même infodivertissement OpenR Link animé par Google que celui que l’on trouve sur les dernières productions électriques — R5 et R4, notamment — de la marque. On détaille tout cela.
Un design qui interroge
On ne va pas se mentir, lorsque le voile a été levé devant les premiers journalistes à découvrir l’auto, c’est un murmure interrogatif qui s’est fait entendre dans les travées. « On dirait une Ford Fiesta, cet avant ». « Il n’y aurait pas un peu d’Alfa Romeo dans le dessin des feux arrière » ? « Bizarre, ça fait un peu Toyota CH-R la découpe de la portière arrière ». Pourtant, à l’image de Delphine de Andria, la directrice du segment B chez Renault, tout l’état-major de la marque en est convaincu : « on a épicé la recette pour inspirer un coup de cœur instantané », assure-t-elle. Et ce n’est sans doute pas nouvelle la teinte Rouge absolu qui rappelle les peintures proposées par Mazda qui la démentira ! Elle remplace au nuancier le fameux Rouge flamme qui avait déjà marqué avec la Clio 4.
Premier point notable : pour soutenir ses éléments de design, de nouveaux équipements et de nouvelles motorisations, la Clio s’allonge de 7 centimètres, à 4,12 mètres.
Trois d’entre eux sont pris sur le porte-à-faux avant, trois autres à l’arrière, tandis que l’empattement se voit allonger du dernier centimètre. En largeur, la citadine revendique désormais 1,77 mètres, pour 1,45 m. en hauteur. Pour autant, la masse reste relativement contenue — 1 155 kilos pour la version la plus légère —, puisqu’elle augmente d’une cinquantaine de kilos en entrée de gamme (l’équipement de série est plus riche), et d’une grosse vingtaine dans ses finitions les plus hautes.
Sur la face avant, donc, on découvre une immense et très droite calandre garnie de petits losanges, en écho au gros logo Renault. Dépourvue de tout bouclier — un choix un peu curieux pour une citadine —, elle prolonge un capot très plongeant, avec des lignes convergentes qui doivent évoquer celles d’un capot de Formule 1. Une tension que l’on retrouve sur la ligne générale de l’auto. Élargie de 4 centimètres au niveau des voies avant (et de 0,9 cm à l’arrière), la Clio impose sa présence via des feux de jours en demi-losange qui tirent vers les passages de roues. Manière de les faire paraître plus volumineux qu’ils le ne sont, ces derniers sont renforcés par un habillage en plastique laqué, tandis que la taille des roues augmente sensiblement et que la monte pneumatique va désormais jusqu’à 18 pouces, en série sur les finitions hautes.
Le flanc, lui, est travaillé par une forme en amande qui, il faut l’avouer, avait bien du mal à ressortir clairement avec l’éclairage du studio où la Clio était présentée. On remarquera cependant l’absence de lèche-vitre apparent sur le vitrage, permettant de renforcer le côté haut de gamme du dessin, mais aussi d’augmenter d’un chouilla les dimensions des panneaux de carrosserie. Et puis, à partir du pilier C, le trait devient plus complexe, avec une arête très saillante qui vient se prolonger sur le hayon où elle surligne alors les quatre feux placés en contre plongée « pour en renforcer le drama », selon les mots de la directrice du design projet, Paula Fabregat-Andreu, qui admet par ailleurs « un changement stylistique radical et assumé ». Et puisque l’on parle de l’arrière, mentionnons que le seuil du coffre a été abaissé de 4 centimètres et que le volume de chargement sous tablette totalise 391 litres. Au bilan, la Clio affiche un coefficient de traînée (Cx) en baisse de 0,02 point de 0,30 malgré une largeur supérieure, ce qui lui permet de voir son SCx lui aussi diminuer, à 0,647 m2.
Une hybridation plus puissante et plus sobre
Côté moteur, la Clio 6 garde une triplette hybride, turbo essence et bi-carburation GPL, ici sensiblement améliorée. Au premier rang, le bloc hybride voit sa partie thermique passer le 4 cylindres à injection directe de 1,6 L à 1,8 L, pour 15 chevaux supplémentaires, avec un rendement global sensiblement mieux disant. Avec la partie électrique constituée de deux moteurs électriques (un « e-moteur » de 36 kW et un démarreur haute tension de 18 kW) qui, elle, ne change pas, l’auto afficher non plus 145 mais 160 chevaux au total.
La boîte de vitesses dite « multimode » de nouvelle génération permet en outre de gagner 1 seconde en accélération sur l’exercice du 0 à 100 km/h, soit désormais 8,6 secondes. Rappelons que cette boîte fonctionne sans embrayage, avec deux rapports pour le bloc électrique et quatre autres pour le bloc thermique, ce qui offre 15 combinaisons différentes, mais sur lesquelles l’utilisateur n’a pas la main. L’amélioration de la valeur d’accélération avancée par Renault laisse à penser qu’elle gommera au moins en partie son principal défaut, à savoir son temps de réponse parfois un peu long dans certaines phases de relance. Nous en jugerons une fois que nous aurons pu en prendre le volant !
Quant à la batterie 280 volts, elle gagne 0,2 kWh de capacité, soit 1,4 kWh au total. Ce léger mieux permettra sans doute de constater une amélioration de l’autonomie en tout électrique, mais aussi de confirmer les baisses de consommation annoncées par Renault. La Clio hybride revendique en effet 3,9 l/100 km (soit des émissions de 89 g de CO2/km), pour 1 000 km d’autonomie dans les meilleures conditions.
Si la Clio hybride représentera encore certainement le gros des ventes, la marque conserve deux offres supplémentaires. Le 3 cylindres essence turbocompressé de 115 chevaux est toujours proposé avec une boîte manuelle à 6 rapports, mais gagne une boîte de vitesse à double embrayage également à 6 rapports absente de l’offre précédente.
Quant à l’offre bi-carburation GPL qui arrivera un peu plus tard au catalogue, elle développera 120 chevaux et disposera d’un réservoir à gaz nettement plus volumineux (50 litres au lieu de 32), pour une autonomie totale combinée qui devrait approcher les 1 450 km ! Elle aussi bénéficiera d’une boîte à double embrayage.
Enfin, la proposition diesel qui restait disponible sur la Clio 5 disparaît définitivement du catalogue.
OpenR Link pour tout le monde !
Devenu familier aux utilisateurs de la gamme électrique de Renault (Mégane, Scénic, R5 et R4), le système d’infodivertissement animé par Google est aujourd’hui proposé de série sur la Clio 6. Sur cet écran de 10 pouces légèrement orienté vers le conducteur et qui prolonge le premier écran dédié à l’instrumentation, l’utilisateur peut piloter la plupart des fonctions de la voiture, répliquer son smartphone sous iOS ou Android et utiliser nativement Google Maps ainsi qu’une centaine d’applications installables depuis le Play Store. Il en existe notamment pour le streaming audio et vidéo, mais aussi pour se divertir avec quelques jeux ou surfer sur le web.
Pour profiter de ces apps, Renault offre durant trois ans (ou la durée du leasing) 2 Go de données mobiles par mois. Ce sera un peu juste pour ceux qui veulent regarder des contenus vidéos en stationnant, mais il y aura toujours la possibilité de disposer d’un forfait plus important. Notez que cette nouvelle dotation de 2 Go offerts sera progressivement étendue à d’autres véhicules de la gamme.
Puisqu’on se trouve désormais à l’intérieur, profitons-en pour noter la présence du nouveau volant issu des SUV Austral et Rafale, ainsi que la sellerie redessinée au niveau du dossier. Cette dernière est chargée de procurer une sensation de conduite à la fois plus dynamique et confortable, surtout dans la version Esprit Alpine où ils se montrent plus enveloppant.
Jusqu’à 29 ADAS
Qu’elles agacent ou ravissent, obligatoires ou optionnelles, les aides avancées à la conduite (ADAS) font désormais partie du paysage automobile. La nouvelle Clio en proposera jusqu’à 29. Surtout, dès le premier niveau de finition, la dotation sera déjà relativement riche, avec notamment un frein de parking automatique et un régulateur de conduite adaptatif. Selon les versions, on trouvera aussi en série ou en option des dispositifs comme le régulateur intelligent (qui ajuste automatiquement la vitesse de consigne selon le contexte routier), le centrage dans la voie de circulation, le freinage d’urgence en marche arrière ou encore des avertisseurs de danger lors de l’ouverture des portes.
Bilan d’un pari risqué
La Clio est le best-seller incontesté de Renault. La renouveler constitue donc forcément un exercice périlleux, mais il a jusqu’à présent toujours été réussi. Avec ce nouveau design qui paraît puiser ses inspirations chez de nombreux concurrents (ce qui n’est pas forcément mauvais, entendons-nous bien) et qui devrait se décliner à l’avenir sur de nouveaux véhicules dans la gamme, Renault prend clairement le risque de donner l’impression que la Clio n’est plus tout à fait une Clio.
Cela étant, côté agrément de conduite et efficience, nous avons hâte de voir à quel point, par rapport à la précédente Clio 5 qui avait placé la barre assez haut, la nouvelle Clio sera vraiment supérieure. Mais nous partons avec un bon a priori : le nouveau moteur que l’on a déjà pu prendre en main sur le Dacia Bigster, notamment, n’a pas de raison de ne pas se montrer particulièrement à l’aise dans cette citadine.
Peu de doute également pour ce qui est de l’équipement multimédia : le système OpenR Link est plutôt facile à utiliser et bien doté en fonction de toutes sortes. Les conducteurs les plus technophiles s’y retrouveront largement.
Quant aux tarifs de la gamme, ils devraient être annoncés sous peu.
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