Arrivé en France en 2021 avec deux modèles à son catalogue, le constructeur chinois Xpeng se voit déjà confronté à un premier défi : celui du renouvellement, traditionnellement appelé « restylage ». Xpeng s’est donc attelé à proposer une nouvelle version de ses deux modèles phares, le G9 et le G6. C’est ce second, concurrent direct de la Model Y que nous avons choisi de tester, et pour cause : sur le papier, les améliorations annoncées ont de quoi remettre en cause l’hégémonie de Tesla. Alors Xpeng G6 meilleur que Tesla Model Y ? La réponse est oui, à quelques nuances près.
Design : du nouveau, surtout à l’intérieur
Il y a du nouveau sur le G6. Si à l’extérieur, la nouvelle version ne dévie pas des préceptes de son ainée, il y a tout de même deux changements notables qui modifient l’allure générale du SUV. L’évolution de la signature optique, mais surtout l’ajout d’un nouveau béquet apportent du caractère supplémentaire à un SUV qui n’en manquait pas vraiment mais qui se retrouve désormais avec un côté sportif plus assumé. L’aspect fastback est renforcé et, ainsi, le G6 prend davantage ses distances avec le G9 qui a moins évolué mais qui garde un design plus traditionnel. Petit cocorico de circonstance : c’est un designer français, Rafik Ferrag, qui est à l’œuvre chez Xpeng et qui signe ce restylage.

À l’intérieur, les changements sont plus notables et permettent de relever une différence d’approche avec Tesla. En effet, Xpeng n’y va pas avec le dos de la cuillère en matière d’équipement.
Là où le Model Y se contente du minimum et d’un style épuré à l’excès, le G6 prend le pari, au contraire, d’assumer une certaine surenchère. Cuir nappa, aluminium brossé, éclairage d’ambiance, tout est fait pour que la qualité perçue soit celle d’une voiture premium et c’est réussi. Xpeng a également choisi d’augmenter légèrement la diagonale de ses écrans (là où Tesla fait disparaitre celui de l’instrumentation). Le grand écran central occupe une place prépondérante sur la planche de bord, mais ne réduit pas l’intérêt d’un écran d’instrumentation très bien pensé.

En revanche, si quelques touches physiques subsistent, notamment sur le volant, l’essentiel des commandes et autres réglages (y compris pour les rétroviseurs ou la température) se fait via l’écran d’info-divertissement.
Le reste de l’équipement de la cabine est aussi de haute volée. Comme son concurrent direct, Xpeng propose une dotation de série impressionnante : volant et sièges massants et chauffants (avant et arrière), toit panoramique, charge à induction, compatibilité CarPlay et Android Auto… à 46 990 euros, c’est assez rare pour être souligné.

Autonomie : une marge de progression
Comment est-il possible que la plus grande prouesse et la principale faiblesse de la G6 soient toutes deux liées à la batterie ? Explications.
À l’heure actuelle, le SUV de Xpeng dispose de l’une des puissances de recharge les plus puissantes du marché.
En théorie, là où les meilleurs élèves de la catégorie n’ont besoin que d’une vingtaine de minutes pour passer de 10% à 80% de batterie, le G6 réduit ce temps d’attente à 12 mn ! C’est prodigieux, mais cela demande tout de même un sacré alignement des planètes.

En effet, avec une puissance de recharge de 451 kW en DC combo Xpeng promet des débits stratosphériques. Néanmoins, pour profiter d’un tel spectacle, encore faut-il une borne capable d’atteindre ces sommets. Or en France, seules quelques milliers d’entre elles dépassent les 400 kW. Malheureusement, au cours de notre essai, nous n’avons pas eu l’occasion de constater cette puissance de charge, mais certains de nos confrères ont pu profiter du principal avantage de la plateforme 800 V de ce G6. Pour notre part, nous ne manquerons pas l’occasion de reprendre la route avec le SUV de Xpeng afin de définir si ce gain de temps sur les recharges peut réellement compenser une consommation, disons plus classique.

Et c’est là tout le paradoxe de ce G6 (et de sa version XL, le G9) : cette vitesse de recharge record tranche avec une consommation tout à fait banale. En effet, sur notre boucle d’essai sur parcours mixte, nous avons pu relever une consommation moyenne de 19,3 kWh/100 km. Cette valeur n’a pas de valeur scientifique bien entendu. Elle devra être comparée aux mesures que nous obtiendrons lors d’un prochain essai. En effet, il nous a semblé que le G6 pouvait aussi bien réduire sa consommation en milieu urbain (moins de 15 kWh/100 km ?) que la faire s’envoler sur l’autoroute (plus de 25 kWh/100 km). En attendant de plus amples mesures, cette valeur moyenne confirme néanmoins que le G6 est un élève dans la bonne moyenne, ce qui est presque « décevant » compte tenu de ses capacités intrinsèques. En tout état de cause, Xpeng dispose sur ce point d’une marge de progression certaine.
Même si sur l’aspect de la consommation, Xpeng semble en retrait par rapport à Tesla, la vitesse de recharge prodigieuse du G6 compense, en théorie, largement ce point faible et devrait permettre au SUV de Xpeng de se montrer assez à l’aise sur un long trajet autoroutier.
La Xpeng G6 sur la route, ça vaut quoi ?
Difficile de faire bouger les réglages d’un châssis lorsque le restylage se penche principalement sur l’aspect esthétique et l’équipement. Néanmoins, il faut reconnaître au G6 des performances de conduite très honorables compte tenu de sa taille et de son poids. Bien sûr, dans les faits, le G6 n’est pas aussi sportif que ne le laissent présager ses lignes agressives, mais il demeure vraiment maniable et dynamique. Si nous n’avons pas constaté de roulis sur les parties les plus sinueuses de notre parcours, on peut toutefois regretter un léger manque de sensibilité du volant et un feeling de conduite qui pourrait être amélioré.

En revanche, rien à dire côté reprise et accélérations. Là-dessus, le G6, surtout dans la version Performance de notre essai, sait mettre en avant sa motorisation électrique de 485 ch et son couple de 660 Nm.
Prix et disponibilité du G6
Venons-en à la question critique : si le G6 semble en avance sur plusieurs points par rapport au Model Y peut-il pour autant le concurrencer au niveau du prix ?
Le G6 sera disponible en trois versions :
- La première, que l’on pourrait qualifier d’« entrée de gamme », est la version Propulsion – Autonomie Standard. Elle dispose d’une plus petite batterie (67,8 kWh – LFP) que notre version d’essai et d’une motorisation légèrement inférieure (250 ch). Même si elle est elle aussi capable de recharger sa batterie de 10% à 80% en 12 mn, sa vitesse de recharge est réduite à 382 kW). Enfin côté autonomie, la version la moins chère du G6 affiche 440 km (WLTP). Son prix n’a pas encore été communiqué.
- Les versions Propulsion – Grande Autonomie et 4 roues motrices – Performance embarquent la même batterie LFP de 80 kWh, mais diffèrent évidemment au niveau des performances et de l’autonomie. La Grande Autonomie affiche jusqu’à 525 km (WLTP) et 295 ch pour 440 Nm de couple. Quant à la version performance, elle grimpe à 485 ch, 660 Nm de couple mais doit se contenter de 510 Km d’autonomie. La première est affichée à 46 990 euros, la seconde à 50 990 euros.
À l’évidence, Xpeng a positionné son SUV pile en face de la référence du segment, le Model Y et à bien y regarder, la Chinoise affiche un rapport qualité/prix souvent avantageux par rapport à la Californienne. Néanmoins, Tesla dispose pour l’heure d’un avantage conséquent : les versions de son SUV produites dans la Gigafactory de Berlin lui permettent de prétendre au coup de pouce du gouvernement et à une ristourne allant jusqu’à 4 000 euros. Sur ce point, Xpeng ne peut rien, mais pour le reste la G6 a vraiment des arguments à faire valoir.

Verdict de l’essai : Tesla peut trembler
Sans fondamentalement changer sa recette, mais en l’améliorant sur quelques points spécifiques, Xpeng est parvenu à améliorer encore son SUV compact. Sa G6 est truffée de bonnes idées, notamment dès que l’on monte à bord. Sa qualité de fabrication, le niveau de ses équipements et le confort offert à ses passagers sont ceux d’un véhicule du segment supérieur. Même si le Model Y a lui aussi progressé sur ces aspects, le G6 fait mieux.
Techniquement aussi le SUV de Xpeng propose des performances très solides dues en partie à sa plateforme 800 V. Certes, rares sont les bornes qui lui permettent d’exprimer sa pleine capacité en matière de recharge, mais les bornes ultra-rapides devraient aussi se développer, ce qui fait du G6 un véhicule déjà au niveau pour les prochaines années. Enfin, la politique de la maison mère qui consiste à proposer régulièrement des mises à jour de son OS et de nouvelles fonctionnalités n’est pas pour nous déplaire et promet là aussi un suivi efficace dans le temps.
Alors, oui, le G6 n’est pas éligible au bonus écologique, et il est aussi moins brillant en consommation que son principal concurrent (un défaut qu’il compense par sa vitesse de recharge), mais pour le reste, le SUV de Xpeng fait aussi bien ou mieux que la référence de la catégorie, le Model Y. Aujourd’hui il apparaît comme l’un des rivaux les plus sérieux de Tesla et l’une des alternatives les plus intéressantes.
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