Tous les cabinets des ministères français n’ont plus qu’un mois pour s’organiser : leurs agents devront, à compter du 1ᵉʳ septembre, utiliser la messagerie de l’État Tchap pour communiquer en lieu et place des plateformes grand public comme WhatsApp, Telegram ou Signal. Voilà le message de François Bayrou, le Premier ministre, qui a publié une circulaire destinée à tous les ministères d’État, le 25 juillet dernier. Le document, repéré par Politico et Next et accessible ici, souligne qu’il faudra « déployer largement la messagerie instantanée Tchap» « afin d’assurer la sécurité des conversations et des informations partagées au travers de messageries instantanées ».
Sans les nommer, le bureau du Premier ministre précise que « les principales applications de messagerie instantanée grand public » « ne sont pas dénuées de failles de sécurité et ne permettent pas d’apporter toutes les garanties de sécurité en environnement professionnel ». Or, « les agents publics sont confrontés à un nombre croissant de cyberattaques, et exposés à un risque croissant d’interception de leurs communications électroniques, mettant en péril la confidentialité de leurs échanges ». Il est ainsi rappelé que « certaines messageries commerciales dites sécurisées sont sous l’influence de pays étrangers, qui sont susceptibles de mettre en œuvre des mesures techniques ou juridiques pour accéder aux communications échangées ».
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Tchap utilisée par 300 000 agents
Aux États-Unis, la loi FISA impose par exemple à toute société américaine, dont les plateformes de communication majoritairement utilisées comme WhatsApp, de partager les échanges de leurs utilisateurs, y compris européens, si l’administration ou les services secrets américains en font la demande. Une situation que souhaite justement éviter Matignon lorsqu’il s’agit de communications provenant des ministères français.
Tchap, souvent inconnu du grand public, est un outil maison de l’État, développé par la Dinum, la direction interministérielle du Numérique. Décrite comme « une messagerie instantanée souveraine » chiffrée de bout en bout, la plateforme est utilisée aujourd’hui par 300 000 fonctionnaires pour leurs échanges entre administrations ou avec des personnes extérieures.
Olvid désormais en seconde position
Et désormais, « chaque ministre est responsable de la mise en œuvre de la présente circulaire au sein de son ministère et de la sensibilisation de ses équipes aux enjeux de la sécurité des communications », insiste Matignon. Tous devront jouer le jeu à compter du 1ᵉʳ septembre prochain. Olvid, la messagerie chiffrée française (privée) qui était jusqu’à présent recommandée depuis la circulaire de novembre 2023 signée par Elisabeth Borne, alors Première ministre, peut continuer à être utilisée par les cabinets ministériels qui l’avaient déjà déployée. Mais s’il s’agit d’échanges entre administrations de l’État, Tchap doit être privilégiée, précise la circulaire de juillet 2025 : un revirement par rapport aux règles précédentes qui avaient positionné la messagerie d’État au second plan au profit de la messagerie privée.
Interrogé par 01net.com, Thomas Baignères, CEO d’Olvid, souligne que « la “circulaire Borne” du 22 novembre 2023 imposait l’utilisation de Tchap ou d’Olvid aux membres du Gouvernement et des cabinets ministériels. Ces utilisateurs avaient donc le choix. Certains ont choisi Olvid […] ». Or, la nouvelle circulaire précise bien que ces derniers « “peuvent continuer à utiliser cette solution”. Ceux qui utilisent Olvid aujourd’hui vont très certainement continuer à utiliser Olvid demain », poursuit le dirigeant, rappelant que « son modèle de sécurité lui a valu d’être la première (et aujourd’hui toujours la seule) messagerie instantanée sécurisée certifiée par l’ANSSI ».
Le 24 juillet dernier, le Premier ministre, qui répondait à une question écrite du sénateur Mickaël Vallet (SER) sur la réelle application de la précédente circulaire par les membres du gouvernement, évoquait déjà « une nouvelle circulaire demandant le large déploiement de (Tchap), sans exclure l’utilisation d’Olvid », « compte tenu du développement de la sécurisation et des usages de Tchap ».
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Note de la rédaction : cet article a été modifié vendredi 1er août pour inclure les commentaires d’Olvid reçus après la publication initiale.
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