Alors que Nvidia pensait pouvoir reprendre la vente de ses semi-conducteurs H20 en Chine après un assouplissement des restrictions américaines, le champion américain des puces se retrouve embourbé dans une polémique. Une autorité chinoise, en charge de la sécurité des données et du cyberespace (la « CAC »), a expliqué, ce jeudi 31 juillet, s’être entretenue avec Nvidia au sujet des « graves problèmes de sécurité » liés à ses puces d’intelligence artificielle, explique-t-elle dans un communiqué succinct, publié sur son site.
Cette déclaration tombe d’autant plus mal que Nvidia se félicitait de pouvoir enfin revendre ses puces H20 en Chine, des semi-conducteurs dont les fonctionnalités ont été abaissées pour répondre aux exigences de l’administration américaine. Depuis octobre 2022, Washington cherche à couper l’approvisionnement par Pékin de puces avancées, en pleine guerre-compétition technologique. Et l’épisode qui se joue désormais entre la CAC et Nvidia en fait bel et bien partie.
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Ces technologies de suivi et de stop dans les puces seraient déjà au point, selon la Chine
Depuis mai dernier, des membres du Congrès américain veulent obliger Nvidia à intégrer un système de localisation et de suivi dans ses puces, un moyen de lutter contre les mille et une combines de certaines sociétés chinoises qui cherchent à contourner les restrictions américaines. Mais cette volonté ne s’est pour l’instant pas concrétisée par une loi.
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Cela n’a pas empêché cette autorité chinoise de régulation du cyberespace, ce jeudi, de demander des explications à Nvidia, invitant l’entreprise à « clarifier et à fournir les documents justificatifs pertinents concernant les risques de sécurité, y compris les vulnérabilités et les portes dérobées potentielles, associés à ses puces H20 vendues à la Chine ».
Car des « experts spécialisés dans l’intelligence artificielle aux États-Unis » auraient, toujours selon cette autorité chinoise, « révélé que les technologies de “suivi et localisation” et d'”arrêt à distance” des puces Nvidia étaient déjà au point ». Aucune précision n’est donnée sur ces experts.
Selon le communiqué, Nvidia serait donc capable d’installer des portes dérobées dans ses semi-conducteurs, un moyen pour l’administration américaine de savoir où finissent les puces, voire de les contrôler et de les désactiver à distance, si besoin. L’entreprise américaine n’a pour l’instant pas réagi officiellement à cette déclaration.
Un message clair lancé à Washington
En mai dernier, un membre du Congrès américain avait déjà évoqué une telle possibilité. Il expliquait alors à nos confrères de Reuters que « la technologie permettant de suivre les puces après leur vente est facilement accessible, et une grande partie de celle-ci est déjà intégrée aux puces de Nvidia ». Nos confrères, qui avaient fait appel à « des experts techniques indépendants », avaient « confirmé cette affirmation ».
Avec ce message, la Chine veut s’assurer qu’il n’y a aucune technologie de la sorte incorporée aux puces Nvidia vendues en Chine. Elle lance surtout un message clair : une telle technologie ne sera pas tolérée sur le sol chinois. Depuis septembre dernier, Pékin demande aux entreprises chinoises de cesser de s’approvisionner en puces Nvidia, et de leur préférer des alternatives locales.
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