Qui a dit qu’il n’y avait que la Tesla Model 3 sur le segment des berlines électriques à moins de 50 000 euros ? Le constructeur californien jouit d’une relative hégémonie sur ce marché, mais les concurrents commencent à montrer les crocs. Après une offensive limitée de Hyundai avec sa Ioniq 6 et en attendant que la Polestar 2 prenne ses quartiers en France pour de bon, une alternative semble émerger de la (petite) mêlée. Il s’agit de BYD avec sa Seal, une berline électrique sportive à moins de 41 990 euros.
Problème : si la Seal n’est arrivée en France qu’à l’été 2023, il s’agit d’un modèle qui a déjà 3 ans au compteur puisque sa version chinoise roule depuis 2022. Quant à la Model 3, il s’agit certes d’un modèle plus ancien, mais elle a bénéficié d’un restylage sérieux fin 2023.
Alors que BYD intensifie son offensive en France et en Europe, sa berline est-elle en mesure de rivaliser avec la référence de la catégorie ? Après notre essai de la BYD Seal, nous avons choisi de l’opposer à la Model 3, voici donc le résultat d’un duel en 5 actes.
Design : la Seal apporte un vent de fraîcheur
Subjective s’il en est, la question esthétique peut tout de même être débattue. Si le restylage de la Model 3 lui a fait un bien fou, il n’en demeure pas moins que le design de la Californienne a relativement peu évolué et surtout qu’elle est tellement omniprésente dans les rues que son esthétique commence à lasser. Tesla victime de son succès ? Peut-être bien, mais il n’en demeure pas moins que pour ce premier round, nous donnerons le point à BYD.
Le style sportif de la Seal, ses courbes travaillées et le fait qu’elle transpire le dynamisme dans chacun de ses détails ont fini par faire pencher la balance. Quant à la signature optique à l’avant ? C’est le point d’orgue d’un design vraiment maîtrisé et qui sait faire tourner les têtes.
Design : BYD Seal
Équipement intérieur : sobriété extrême ou modernisme
Voilà sans doute l’un des aspects sur lesquels BYD et Tesla ont les approches les plus opposées. La Model 3 est connue pour sa recherche de l’épure à outrance, un style quasi spartiate s’il n’y avait pas un énorme écran central de 15,4 pouces pour apporter une pointe de vie. Après avoir tenté de faire disparaitre le commodo des clignotants, l’Américain est heureusement revenu à la raison dans sa dernière version, mais cette incartade en dit long sur sa volonté intangible de vouloir supprimer toutes les touches physiques de l’habitacle. On ne reviendra pas sur tous ses aspects largement commentés lors de notre essai de la Model 3 (2024), toujours est-il que le style intérieur de Tesla reste un élément clivant.
Côté chinois, on est un peu plus expansif et à la recherche d’un bon équilibre entre interface tactile et touches physiques. Celles-ci n’ont pas disparu, bien au contraire, elles se retrouvent sur le volant d’une part et de part et d’autre du boîtier du passage des rapports. L’essentiel est accessible facilement et pour le reste… il y a là aussi un grand écran (15,6 pouces). C’est là que BYD en profite pour faire fonctionner l’effet « waouh » : son écran peut pivoter pour passer du mode portrait au paysage en 1 clic. Le reste est assez basique, même si la navigation n’est pas toujours très intuitive.
Qu’importe, là encore, BYD garde un dernier avantage sur son rival du jour : la possibilité de passer sur CarPlay ou Android Auto en connectant son smartphone en Bluetooth, une option basique chez bien des constructeurs, mais proscrite chez Tesla. La Californienne objectera qu’elle dispose d’un second écran, plus petit, pour les passagers à l’arrière, ce qui reste un effort louable.
Enfin, pour ce qui est des finitions et des matériaux utilisés dans l’habitacle, les deux constructeurs font preuve d’efforts, mais semblent encore en retrait face à des marques historiques sur ce niveau de prix. Pour autant, BYD semble là encore légèrement en avance sur Tesla.
Équipement intérieur : BYD Seal
Performances et conduite : une différence de savoir-faire
Qu’en est-il des sensations au volant ? La Tesla Model 3 jouit d’une réputation assez solide en la matière, notamment dans sa version Performance survoltée. La version Propulsion est plus sage mais pas dépourvue d’intérêt pour autant. Et BYD dans tout ça ? Disons que le constructeur chinois a ici un axe de progression certain. Il n’est pas question de puissance pure et de performances « chronométrées ». Sur ce point, la Seal met la barre très haut, aidée de ses 530 ch et de ses 670 Nm de couple. Les accélérations et les reprises, notamment en mode « Sport » sont très vigoureuses, elles plaquent le conducteur (et les passagers au siège) et accentuent l’effet coup de fouet propre à l’électrique.
C’est lorsqu’on rentre dans les courbes et qu’on adopte une conduite plus sportive que la Seal commence à montrer ses lacunes, ou plutôt un réglage du châssis qui marque le pas face à de véritables berlines sportives. Plus que la tendance à survirer à chaque sortie de virage serré, c’est le toucher de conduite qui fait défaut à la Chinoise, tout comme la gestion de l’antidérapage, tout sauf naturelle. C’est d’autant plus dommage que sur les ADAS (aides à la conduite), la Seal s’en sort convenablement. Nous n’avons pas été non plus particulièrement séduits par la suspension de BYD, un système adaptatif à valve hydraulique, qui n’est évidemment pas au niveau des suspensions pilotées. Néanmoins, sur ce point Tesla demeure un cran en dessous avec une fermeté souvent soulignée dans nos divers essais.
Au final, du haut de ses performances brutes, la Seal ne semble pas tant manquer de potentiel que de savoir-faire. BYD paye là un certain manque d’expérience, mais le constructeur chinois ne devrait pas avoir de mal à progresser sur ce terrain à l’avenir.
Performances et conduite : Tesla Model 3
Autonomie et recharge : Tesla intouchable
Rappelons avant d’aller plus loin dans ce round que nous avons testé la version Excellence AWD de la Seal, autrement dit une version à deux moteurs dotée d’une batterie LFP de 82,5 kWh. Selon le fabricant, cet accumulateur autorise un rayon d’action de 520 km en autonomie mixte, ce qui équivaut à une consommation moyenne de 18,2 kWh/100 km.
Lors de notre essai (nous avons roulé un peu moins de 500 km) principalement sur du réseau secondaire, nous avons pu observer une consommation légèrement plus élevée, aux alentours de 22 kWh/100 km dans une utilisation mixte. Bien entendu, il faut revoir ce chiffre à la hausse sur un trajet autoroutier. Les estimations assez généreuses de BYD (et de la norme WLTP plus précisément) ne lui permettent de toute façon pas de marquer ce point contre Tesla. Grâce à sa gestion logicielle aux petits oignons, et à un joli Cx de 0,22, le constructeur californien affiche un niveau de consommation inférieur (moins de 20 kWh/100 km) sur une taille de batterie sensiblement identique (84,7 kWh), mais utilisant une chimie différente, la NMC.
Si l’autonomie théorique d’une Model 3 Performance est officiellement de 528 km, nous avons pu constater une autre différence. Tesla parvient à réduire drastiquement sa consommation en cycle 100 % urbain (moins de 15 kWh/100 km), ce qui est bien plus difficile en BYD Seal.
Enfin côté recharge, Tesla enfonce le clou avec une capacité de charge rapide nettement supérieure (jusqu’à 233 kW), là où la Seal plafonne à 150 kW, ce qui est sans doute son principal point faible.
Autonomie et recharge : Tesla Model 3
Rapport qualité/prix : à vous de placer le curseur
À l’aube de ce cinquième round, nos deux berlines électriques sont au coude à coude, 2 points chacune. Leur tarif, et plus précisément le rapport qualité-prix, pourrait donc être le juge de paix de ce duel. La Model 3 est disponible en France en quatre versions et démarre à 39 990 euros, auxquels Tesla applique ponctuellement un bonus de 3 100 euros. Ce dispositif est censé remplacer le « bonus écologique » pour lequel la berline n’est plus éligible.
De son côté, BYD démarre légèrement plus haut, à 41 990 euros dans la plus accessible de ses deux versions, la finition Design.
Si l’on s’en tient au modèle que nous avons comparé, la BYD Seal Excellence AWD, le tarif grimpe à 49 990 euros, ce qui représente un certain surcoût certes, mais pour un surplus de performance assez intéressant. Pour trouver une puissance équivalente chez Tesla, il faut opter pour la version Performance à transmission intégrale dont le prix débute à 54 051 euros.
En définitive, si l’on s’en tient à un équipement de base et à une recherche de prix bas, Tesla semble légèrement plus intéressant. En revanche, dès lors qu’on se penche sur le niveau d’équipement ou sur les performances, BYD repasse devant. En effet, à 41 990 euros, la Seal n’a pas d’équivalent chez Tesla. Et dans une optique de recherche pure de performances, là encore la Chinoise s’avère 5 000 euros moins chère que l’Américaine, tout en étant mieux équipée.
À équipement égal, BYD marque des points, mais Tesla a pour elle l’avantage de proposer le ticket d’entrée le plus bas. Difficile de départager les deux constructeurs sur ce point.
Rapport qualité/prix : match nul
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