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Guerre commerciale US/Chine : après un accord provisoire, les firmes américaines se ruent sur les terres rares chinoises

Des terres rares contre les semi-conducteurs de Nvidia ? Les Etats-Unis et la Chine ont conclu un accord provisoire. D’un côté, Washington a lâché du lest sur les semi-conducteurs qui pourront à nouveau être vendus à la Chine. De l’autre, Pékin a réouvert les vannes de ses terres rares : une aubaine pour les entreprises américaines qui ont cherché à commander massivement ces matériaux, indispensables à l’automobile, l’IA, les renouvelables et les smartphones.

Après un accord commercial provisoire entre Pékin et Washington, les entreprises américaines ont massivement commandé des terres rares provenant de Chine. En juin dernier, les exportations chinoises vers les États-Unis de ce groupe spécifique de « métaux rares » produits en très faible quantité, ont été multipliées par plus de sept par rapport au mois précédent, rapporte le média américain CNBC, lundi 21 juillet. Deux mois plus tôt, le gouvernement chinois décidait d’imposer des restrictions sur plusieurs exportations de terres rares, en représailles contre les nouveaux droits de douane imposés à la Chine par Donald Trump.

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La Chine est le premier exportateur mondial de terres rares comme le lanthane, cérium, samarium, gadolinium, yttrium, néodyme, prométhium, praséodyme, erbium… – il en existe 17. Ces composants sont indispensables à la fabrication de semi-conducteurs, de matériel de défense (drones, robot, missiles), de l’aérospatial, des moteurs, des voitures, des serveurs d’IA, des éoliennes et des smartphones… La majorité de ces métaux sont extraits et surtout raffinés en Chine, ce qui donne au pays un pouvoir considérable qu’elle a déjà utilisé pour faire plier le Japon en 2010… Et les États-Unis en 2025 ?

Les semi-conducteurs de Nvidia contre les terres rares chinoises ?

En avril dernier, la Chine annonçait en effet interrompre totalement ses exportations de sept terres rares vers les États-Unis et les autres pays du monde – y compris l’Europe, en représailles contre les nouveaux tarifs douaniers imposés par Donald Trump. Sans ces matériaux, des composants à de nombreux produits de la tech (défense, aéronautique, automobile, smartphones), les usines du monde entier avaient été ralenties, voire mises à l’arrêt. En avril dernier, Elon Musk avait par exemple reconnu que la production des robots humanoïdes Optimus de Tesla avait été « perturbée ».

Mais depuis, les négociations entre les deux pays ont avancé. D’un côté, l’administration américaine aurait lâché du lest sur ses sanctions relatives aux semi-conducteurs fabriqués aux États-Unis ou dans des pays alliés. Selon Nvidia, le champion américain des puces électroniques, la vente de ses puces électroniques H20 interdite en avril dernier pourrait reprendre. Ces semi-conducteurs, adaptés pour se conformer aux règles de l’administration Biden puis Trump, avaient été interdits à la vente, avant d’être à nouveau autorisés.

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De l’autre, Pékin aurait desserré l’étau de ses ventes de terres rares, elles aussi en partie interdites quelques mois plus tôt. La semaine dernière, l’administration Trump avait reconnu que son allègement des restrictions sur les exportations, imposées aux fabricants américains de semi-conducteurs, faisait partie d’un accord lié aux terres rares produites ou raffinées en Chine.

Une augmentation des exportations de 660 % par rapport à mai 2025

Résultat, en juin dernier, les États-Unis ont reçu environ 353 tonnes de terres rares selon les données publiées par les douanes, soit une augmentation de 660 % par rapport au mois précédent, souligne CNBC. Le niveau des exportations reste, malgré tout, bien moindre par rapport à la même période, l’année dernière : elles seraient deux fois moins importantes qu’en juin 2024.

L’accord sino-américain constitue un véritable soulagement pour de nombreuses entreprises américaines, pieds et poings liés à la production chinoise. Les restrictions semblent continuer à s’appliquer pour les firmes européennes. Depuis le début des restrictions sur les terres rares chinoises, des gouvernements cherchent à réduire leur dépendance à la Chine. Mais la mise en place d’alternatives pourrait prendre des années, écrivent nos confrères.

« Le processus de séparation des éléments de terres rares est assez complexe, et la Chine a beaucoup d’avantages dans ce domaine après avoir consacré des décennies de recherche à ces processus », a rappelé Yue Wang, consultant principal en terres rares chez Wood Mackenzie, au micro de CNBC.

Les États-Unis ont investi par exemple dans le recyclage des terres rares – Apple et MP Materials ont annoncé la semaine dernière un accord de 500 millions de dollars, pour le développement d’une installation de recyclage qui renforcera la chaîne d’approvisionnement en terres rares du fabricant de l’iPhone aux États-Unis. D’autres pays misent plutôt sur le développement d’extraction locale de ces minéraux. En France près de Pau, la toute première usine de recyclage et de raffinage de terres rares doit ouvrir à la fin de l’année prochaine. L’Union européenne a, de son côté, dévoilé une liste de 47 projets allant de l’extraction à la transformation et au recyclage.

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