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Essai Smart #5 : puissante, spacieuse et ultra-équipée, c’est assez ?

Après une #1 et #3, la marque sino allemande propose une nouvelle voiture électrique, un SUV encore plus grand que les précédents. Que vaut ce Smart #5 ? Voici notre essai.

Avec la nouvelle Smart #5, la marque d’origine allemande connue pour ses micro-citadines urbaines confirme son virage stratégique majeur. Oublions — pour le moment ! — les petites Fortwo et Forfour pour nous concentrer un instant sur ce grand SUV électrique, musclé, connecté et hautement technologique. Après les Smart #1 et #3, ce nouveau modèle s’inscrit donc dans la suite de l’offensive ambitieuse visant à repositionner Smart comme un acteur crédible du segment des véhicules électriques familiaux haut de gamme. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que la #5 surprend à plus d’un titre.

Une Smart en XXL

La Smart #5 est la plus imposante voiture jamais produite par la marque. Longue de 4,70 mètres pour une largeur de 1,92 m et une hauteur de 1,70 m, elle adopte des proportions aux antipodes de celles de la Smart taillée pour les ruelles étroites des centres-villes européens. La #5 s’adresse aux familles en quête d’espace, de polyvalence et de technologie.

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© La Smart #5 vue de côté – 01net.com

Son design évoque d’ailleurs clairement les codes des SUV aventuriers, surtout qu’il est possible d’accessoiriser la voiture en ce sens. Avec son dessin plutôt cubique malgré quelques arrondis qui l’adoucissent, sa garde au sol de 197 mm, ses passages de roue marqués et ses grandes jantes – jusqu’à 21 pouces sur la version Brabus –, il renforce l’image d’un véhicule prêt à affronter tous les terrains. Mais derrière cette allure de baroudeuse, la Smart #5 cache une architecture avant tout routière, pensée pour le confort et l’efficacité plutôt que pour l’aventure off-road.

Smart #5 : gamme et tarifs

La Smart #5 se décline en plusieurs niveaux de motorisation, tous 100 % électriques. L’entrée de gamme, baptisée Pro, repose sur une batterie LFP (lithium-fer-phosphate) de 74,4 kWh nets sous 400 volts (76 kWh bruts), associée à un moteur arrière développant 340 ch.

Un cran au-dessus, on passe à la technologie 800 volts pour toutes les versions équipées de la batterie NMC (nickel-manganèse-cobalt) de 94 kWh nets (100 kWh bruts). Elle équipe alors les modèles propulsion de 363 ch, ainsi que les modèles bi-moteurs (à transmission intégriale) de 588 ch, tandis que la version Brabus culmine à 646 ch pour 710 Nm de couple.

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© La #5 est le troisième modèle de Smart depuis le renouveau de la marque – 01net.com

Cette dernière promet des performances décoiffantes, avec un 0 à 100 km/h abattu en seulement 3,8 secondes et 210 km/h en vitesse de pointe.

Proposée à partir de 46 600 € en version de base, la Smart #5 joue la carte du rapport prix/prestations. La version Brabus, sommet de la gamme, est affichée à 61 600 €, soit bien en dessous de certains concurrents moins puissants ou moins équipés, comme le Ford Mustang Mach-E GT (plus de 82 000 €).

Face au Tesla Model Y – cible directe du modèle –, la Smart #5 se positionne comme une alternative crédible, notamment pour ceux qui souhaitent échapper à l’écosystème Tesla. Elle ne rivalise pas avec l’efficacité énergétique de ce dernier, mais compense largement par un confort supérieur, une finition plus cossue et une recharge plus rapide.

Une collaboration sino-allemande bien huilée

Pour concevoir ce modèle, Smart a pu s’appuyer sur l’expertise du groupe chinois Geely, partenaire de Mercedes-Benz. La #5 repose ainsi sur la plateforme SEA (Sustainable Experience Architecture), que l’on retrouve aussi chez Zeekr, Polestar et même Volvo. Produite en Chine, elle subit néanmoins des droits de douane importants en Europe, ce qui lui interdit l’accès aux avantages fiscaux.

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© Des poignées de portes rétractables et personnalisées – 01net.com

Si cette production chinoise peut en rebuter certains, elle évacue rapidement le moindre a priori sur la qualité perçue du véhicule. Les grandes portes s’ouvrent sur un intérieur à la finition très soignée et aux assemblages sérieux, des matériaux généralement moussés agréables au toucher, et une impression générale de solidité et de rigueur, parfois supérieure à celle de certains modèles premium européens. Sur la #5, les coups de genoux et de coude sur la partie centrale qui fait office d’accoudoir et héberge de nombreux rangements ne génèrent aucun mouvement de celle-ci, solidement ancrée. Ça respire le sérieux.

Un équipement pléthorique et sans options

L’un des atouts majeurs de la Smart #5 est son niveau d’équipement. Contrairement à la pratique courante des marques premium, toutes les versions sont livrées avec une dotation très généreuse. Ainsi, dès les finitions intermédiaires, on trouve des sièges électriques et chauffants, un écran central OLED de 13 pouces, un combiné numérique, un système audio Sennheiser (20 haut-parleurs et Dolby Atmos), un affichage tête haute, un toit panoramique, une pompe à chaleur, une aide à la conduite complète (régulateur adaptatif, maintien dans la voie, conduite semi-autonome) et des caméras à 360°. La peinture mate constitue en réalité la seule option payante au catalogue.

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© L’habitacle de la Smart #5 – 01net.com

Le système multimédia impressionne par sa fluidité et sa richesse, bien que l’ergonomie des menus ne soit pas toujours intuitive. On y retrouve Apple CarPlay, Android Auto, des fonctions de personnalisation avancées, des avatars animés (pas franchement utiles) et même des jeux vidéo en 3D. Dans les finitions supérieures, le passager avant bénéficie de son propre écran, sur lequel il peut prendre le contrôle du multimédia ou regarder des contenus vidéos (les apps Apple TV+ et Amazon Prime Video sont même préinstallées). L’univers est résolument geek, avec des graphismes modernes, mais qu’on a le droit de juger un peu “exotiques” — pour ne pas dire kitch — pour notre goût d’Européen.

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© L’interface si particulière de Smart – 01net.com

Mais attention toutefois : si on veut en mettre plein la vue, il faut aussi être irréprochable sur la prestation délivrée. Or, nous avons rencontré quelques problèmes de mise en route avec Apple CarPlay sur l’un de nos véhicules de test, sachant que le système ne fonctionne que sans fil. Plus curieux, en simple connexion Bluetooth (et hors CarPlay, donc), la musique pouvait être diffusée, mais nos appels ne passaient que par le téléphone et non dans le système embarqué de l’auto. Également, la navigation GPS multiplie les alertes infantilisantes (« attention, série de virages détectés devant, veuillez ralentir », alors que nous roulions largement sous la vitesse maximum autorisée), tout comme l’écran d’instrumentation qui, à chaque dépassement d’un poids lourd sur l’autoroute, affiche un message invitant à la prudence. Mais est-il vraiment prudent de multiplier ces alertes inutiles et sources de distractions ?

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© Le menu principal des réglages

Un confort de bon niveau, à l’avant comme à l’arrière

L’intérieur de la Smart #5 se veut accueillant et chaleureux. L’ambiance ludique et moderne tranche avec le traditionnel sérieux allemand : formes arrondies, jeux de lumière, matériaux tactiles et écrans omniprésents plongent les occupants dans une atmosphère qu’on peut juger parfois trop clinquante ou superficielle, mais résolument technologique.

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© L’écran d’instrumentation de la Smart #5 – 01net.com

Les sièges en Dinamica (du tissu synthétique façon peau retournée) sont moelleux et chauffants dès les finitions intermédiaires, mais malheureusement ni ventilés ni massants. À l’arrière, l’espace aux jambes impérial (merci l’empattement de 2,90 m) et la garde au toit généreuse offrent une sensation de volume appréciable. Les dossiers des sièges arrière sont inclinables électriquement, et même si l’assise ne coulisse pas, le confort y est d’un niveau remarquable. Le passager arrière droit peut même commander le siège du passager avant, comme dans une limousine. Un accoudoir central avec porte-gobelets, un toit panoramique occultable à l’aide d’un vélum électrique et une luminosité agréable complètent les bonnes sensations.

Côté rangement, la #5 ne déçoit pas non plus. Le coffre affiche une capacité de 630 litres, extensible à 1 530 litres une fois la banquette rabattue. Un frunk (coffre avant) de 47 à 72 litres selon la version permet de loger les câbles ou de petits objets. Plusieurs rangements sont également prévus dans la console centrale, dont un compartiment réfrigéré.

Sur la route, en Smart #5

Bien que dotée d’une énorme réserve de puissance, la #5 Brabus est loin d’être une sportive pure. Elle conserve un tempérament relativement sage, même en mode « Brabus », privilégiant le confort à la radicalité. Cela nous a même presque surpris, il est possible de doser assez facilement la demande de puissance à l’accélérateur de sorte que la conduite en ville ne devienne pas cauchemardesque. En revanche, si on met au fond cette même pédale de droite, les reprises et accélérations sont au niveau de celles d’une grosse Porsche… mais pas le freinage ! Il convient donc de garder à l’esprit que l’on ne conduit qu’un gros SUV familial…

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© Smart #5

Le châssis, bien calibré, limite les mouvements de caisse mais reste souple — voire trop souple — pour envisager de trop titiller l’accélérateur dans un col de montagne. Les suspensions classiques remplissent cependant parfaitement leur rôle sur autoroute, où leur typage confort prend alors tout son sens. De quoi faire regretter l’absence d’une suspension pilotée pour les terrains plus exigeants.

On regrette aussi de devoir en passer par l’écran central pour changer le mode de récupération d’énergie à la décélération : disposer d’une commande physique directe serait préférable.

Une recharge ultra-rapide… sur le papier

L’un des principaux arguments de la Smart #5 est sa vitesse de recharge. Grâce à sa batterie NMC fonctionnant sous 800 volts, elle peut accepter une puissance de charge en courant continu allant jusqu’à 400 kW. Encore faut-il aujourd’hui trouver les stations qui offrent une telle capacité. Dans le meilleur des cas, on passera donc l’état de charge des 100 kWh de la batterie de 10 à 80 % en moins de 20 minutes.

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© Le frunk pour ranger les câbles de recharge – 01net.com

En courant alternatif, la #5 propose en série un chargeur embarqué de 22 kW (11 kW sur la version d’entrée de gamme). Il faut louer ce choix qui permet de tirer pleinement parti des bornes du réseau secondaire pour recharger en quelques heures. Le véhicule est également compatible avec les systèmes « Plug & Charge » et intègre la technologie V2L (Vehicle-to-Load), qui permet d’alimenter des appareils électriques externes.

Reste que, selon la version, ce gros SUV n’est pas toujours très économe de l’énergie qu’il aura emmagasinée.

Un SUV plutôt gourmand

C’est le revers de la médaille. Avec une masse dépassant 2,3 tonnes et une aérodynamique que nous qualifierons de peu favorable, la Smart #5 consomme beaucoup. Les valeurs officielles WLTP annoncent 18,4 à 19,9 kWh/100 km selon les versions, mais les relevés en conditions réelles sont plus élevés. Sur des parcours mixtes avec du relief, la consommation moyenne grimpe facilement entre 25 et 31 kWh/100 km pour la version Brabus. Résultat : l’autonomie réelle chute parfois sous les 300 km, loin des 540 à 590 km théoriques. Sur notre voiture de test, l’ordinateur de bord affichait une moyenne proche de 24 kWh pour 1 400 kilomètres parcourus. Il est cependant possible de contenir cette consommation en adoptant une conduite souple et en préférant le réseau secondaire à l’autoroute, mais cela reste un point d’attention pour ceux qui envisagent de longs trajets.

Verdict du test : la Smart nouvelle génération la plus mature

En proposant la Smart #5, la marque germano-chinoise change radicalement de cap. Ce SUV familial, puissant, spacieux et ultra-équipé marque une rupture franche avec les citadines minimalistes qui ont fait la réputation de Smart dans les années 2000.

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© Les jantes de la Smart #5 – 01net.com

Certes, tout n’est pas parfait. La consommation élevée, le poids important (de 2 200 kg en version de base et jusqu’à près de 2,4 tonnes pour la version Brabus), l’absence d’incitation fiscale et une ergonomie perfectible peuvent tempérer l’enthousiasme. Mais ces défauts sont contrebalancés par une finition remarquable, une recharge potentiellement éclair, un confort de très bon niveau, une belle habitabilité et un tarif contenu.

À l’heure où les SUV électriques envahissent les catalogues, la Smart #5 se présente comme une proposition à la fois originale, sérieuse et aboutie. Mais il reste à la marque du chemin à parcourir pour imposer ce format et faire oublier les craquantes mini-citadines qui ont fait la notoriété de Smart jusqu’à il y a peu.

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