La Chine veut toujours dominer le monde de la tech, malgré les sanctions américaines sur les semi-conducteurs : voilà le message que Pékin a martelé lors d’un voyage organisé pour la presse en juin, dans deux des régions qui abritent des entreprises du secteur : Jiangsu et Zhejiang.
À cette occasion, le pays a souhaité montrer ce que ses sociétés pouvaient faire, sans les semi-conducteurs américains les plus avancés – et sans ceux fabriqués par leurs alliés comme TSMC, le leader mondial du secteur taïwanais. Ces puces électroniques de dernière génération, comme celle de l’Américain Nvidia, ne peuvent plus être achetées par des entreprises chinoises, en raison des restrictions aux exportations américaines de plus en plus rigides.
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De quoi empêcher la Chine de rattraper, voire de dépasser les États-Unis. Selon nos confrères, Pékin, malgré ses investissements monstres et ses alternatives, n’aurait toujours pas réussi à graver, à échelle industrielle, des puces électroniques en cinq nanomètres, voire moins.
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Les dirigeants présents ont minimisé l’impact des sanctions US
Pendant cinq jours, des journalistes, dont nous ne faisions pas partie, ont pu rencontrer huit dirigeants dans le secteur de l’IA, de l’automobile, de la robotique et la biopharmacie, rapporte Bloomberg, ce lundi 30 juin. Les chefs d’entreprises présents ont profité de l’occasion pour minimiser l’impact des sanctions américaines. Ils ont pris soin d’éviter tout sujet sensible comme le sujet des subventions publiques, sous l’œil attentif et discret de représentants du gouvernement, précisent nos confrères américains.
Selon leurs dires, les sociétés représentées n’avaient pas besoin, pour la fabrication de leurs produits, de puces de dernières générations, à l’image de Magiclab Robotics Technology Co, qui produit des robots humanoïdes. Son président, Wu Changzheng, a expliqué dans les colonnes du média économique que son entreprise fondée un an plus tôt avait réussi à développer de manière indépendante plus de 90 % de ses composants. Les 10 % restants sont des semi-conducteurs achetés dans le pays et à l’étranger.
Selon le dirigeant, aucune puce américaine n’est utilisée dans ses robots de taille humaine, destinés à être déployés dans des usines. « La Chine n’a pas beaucoup de maillons faibles dans cette industrie », a-t-il ajouté. Quelques semaines plus tôt, Ren Zhengfei, le fondateur du géant des nouvelles technologies Huawei, avait indiqué que l’empilage de puces de générations précédentes permettait d’obtenir les mêmes performances que celles obtenues par les semi-conducteurs les plus avancés.
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La politique du « America First » pointée du doigt
Les puces haut de gamme peuvent en effet être remplacées par des modèles moins performants, au prix d’une plus grande consommation d’énergie, a confirmé Julian Mueller-Kaler, directeur du think tank américain Stimson, cité par Bloomberg.
En janvier dernier, la percée de DeepSeek, un concurrent chinois de ChatGPT, avait surpris plus d’un, ce succès démontrant que la Chine pouvait innover, malgré un approvisionnement limité en puces. Mais pour les entreprises pionnières en matière de modèles de conduite autonome, ou « d’intelligence artificielle générale », un Graal derrière lequel courent les start-up de l’IA, les restrictions sur les puces les récentes auront beaucoup plus d’impact.
Certains dirigeants, qui participaient au voyage de presse, ont toutefois reconnu que la politique du « America first » de Donald Trump, qui vise à limiter les investissements américains dans les hautes technologies chinoises, leur portait bien préjudice.
Plus que les restrictions sur les puces de dernière génération, c’est surtout « l’impact sur le financement (qui) est significatif », a déclaré auprès du média économique Zhang Jinhua, présidente de IASO Biotechnology Co. Pour cette dernière, « nous devons considérer que les quatre saisons se limitent désormais à l’hiver, et nous devons nous adapter à une incertitude prolongée ».
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