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Visa à 100 000 dollars : après la décision de Trump, panique et confusion dans le secteur de la tech

Des salariés invités à ne pas quitter les États-Unis, des déclarations contradictoires entre responsables américains… Après la décision de la Maison Blanche d’imposer le paiement de 100 000 dollars aux visas H-1B, un sésame obligatoire pour les employés étrangers travaillant dans la tech, la Silicon Valley attend de savoir à quelle sauce elle sera mangée.

C’est une décision choc de Donald Trump qui a provoqué un vent de panique dans la Silicon Valley. Vendredi 19 septembre dans l’après-midi, le président américain a annoncé que les visas H-1B, indispensables sésames des salariés étrangers de la tech pour travailler dans le pays, coûteraient désormais 100 000 dollars… contre quelques milliers de dollars précédemment : une augmentation de 1 000 % selon Forbes qui a provoqué stupeur et confusion dans le pays.

L’annonce semblait inattendue, bien que la Maison-Blanche ait affirmé avoir prévenu en amont les entreprises de la tech américaines.

Des visas accusés de faire baisser les salaires des Américains

Aux États-Unis, le secteur des nouvelles technologies emploie de très nombreux travailleurs étrangers. Selon The Verge, 14 000 employés sous visa H-1B travailleraient chez Amazon, contre environ 4 000 personnes chez Google. Le même niveau de salariés H-1B se constate chez Meta, Microsoft ou encore Apple. Il y aurait en tout 2,5 millions de travailleurs étrangers dans les sciences, la technologie, l’ingénierie et les mathématiques. En 2000, c’était deux fois moins. La majorité des bénéficiaires proviennent d’Inde (75 % des applications acceptées) et de Chine (12 %).

Dans le pays, la place de cette main d’œuvre hautement qualifiée est plébiscitée par de nombreuses entreprises du secteur. Pour Tesla, ce type de visa permet d’attirer des travailleurs hautement qualifiés, un moyen de combler les pénuries de talents et de maintenir la compétitivité des entreprises. Elon Musk, l’ancien allié de Donald Trump, en a personnellement bénéficié avant d’être naturalisé. Mais ce visa a aussi de nombreux détracteurs. Pour ces derniers, ce programme nuirait aux Américains, car les étrangers accepteraient des rémunérations plus basses que les ingénieurs ou chercheurs locaux.

Un manque de clarté des nouvelles règles ?

En plus du choc de l’annonce, les nouvelles règles de la Maison Blanche manquaient initialement de clarté, ce qui a entraîné un vent de panique au sein des entreprises concernées. Pendant le weekend, les services RH d’Amazon, de Microsoft et de Google étaient sur le front pour demander aux employés concernés de ne plus sortir des États-Unis, de peur qu’ils ne puissent plus rentrer dans le pays. Les deux premières entreprises ont conseillé à tous leurs employés actuellement à l’étranger et travaillant avec un visa de rentrer aux États-Unis avant samedi minuit.

Mais finalement, la porte-parole de la Maison Blanche, Karoline Leavitt, a précisé sur son compte X que les 100 000 dollars ne s’appliqueraient pas aux renouvellements ni aux titulaires de visas existants. Le nouveau tarif, qui s’applique depuis samedi 21 septembre à minuit, ne concernerait en fait que les nouveaux candidats.

Il ne s’agirait pas non plus d’un forfait annuel mais d’un paiement unique, a-t-elle ajouté. Un peu plus tôt, Howard Lutnick, le secrétaire d’État américain au Commerce, avait pourtant indiqué que les entreprises devraient bien payer ce montant tous les ans. Mais il avait ajouté que « les détails étaient encore à l’étude ».

Des conséquences à long terme sur l’innovation ?

Pour des analystes interrogés par Reuters, cette décision pourrait, à court terme, permettre à l’administration américaine d’engranger des recettes très importantes. Mais à long terme, certaines entreprises pourraient envisager de délocaliser certaines activités à l’étranger. « Les États-Unis risquent de sacrifier leur avantage en matière d’innovation au profit d’un protectionnisme de court terme », prévient par exemple Jeremy Goldman, analyste chez eMarketer, interrogé par l’agence de presse.

Chaque année aux États-Unis, près de 65 000 visas sont accordés pour une période de trois à six ans aux employeurs qui font venir des travailleurs étrangers, dans des domaines spécialisés. 20 000 visas supplémentaires sont octroyés aux titulaires d’un diplôme de troisième cycle. En parallèle, Donald Trump, qui a adopté plusieurs mesures contre l’immigration, a indiqué qu’il allait créer un nouveau visa de résidence permanente. La cible ? Toutes les personnes qui pourront payer… un million de dollars.

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Stéphanie Bascou