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La technologie qui doit sauver Intel aurait de sérieux problèmes de rendement

Pour reprendre la course au côté de TSMC, Intel mise beaucoup sur son procédé de gravure 18A, qui correspond aux nœuds les plus performants de son rival de Taiwan en termes d’ambitions techniques. Mais il semble que le géant américain aux pieds d’argile rencontre de sérieux problèmes de production qui pourraient fragiliser encore

Intel a lourdement investi dans le processus de gravure 18A, qui doit replacer l’entreprise dans la course à la finesse aux côtés des nœuds N3P (3 nm) et N2 (2 nm) de TSMC. Ce node 18A, pour 18 angströms soit 1,8 nm (mais c’est un nom marketing), est en effet censé être aussi performant sinon meilleur que le N2 grâce une plus grande densité de transistors et une meilleure efficacité énergétique.

Intel en surchauffe

La gravure 18A est au cœur des puces Panther Lake pour PC portables dont la production en volume est prévue en 2025 (les premières machines doivent sortir en fin d’année). Elle doit également permettre à Intel de fabriquer des puces pour des clients tiers et ainsi, rentabiliser les nouvelles lignes de production.

Intel a un besoin vital d’un succès sur le marché des semi-conducteurs de pointe pour relancer une machine grippée depuis trop d’années, et qui oblige le groupe à de douloureuses restructurations. Mais voilà, le plan ne se déroule pas comme prévu, croit savoir Reuters.

Le taux de rendement (« yield ») des puces gravées 18A serait encore très faible. Autrement dit, une petite partie seulement des puces Panther Lake actuellement produites — 10 % environ — sont exploitables. À court terme, c’est un boulet pour la rentabilité du projet dans son ensemble.

Historiquement, Intel cherche à atteindre, voire dépasser, un rendement de 50 % avant d’accélérer la production pour éviter de rogner sur ses marges. La majeure partie des bénéfices n’est réalisée qu’une fois des rendements de 70 à 80 % ; on comprend qu’Intel en est encore loin. L’entreprise pourrait avoir à vendre des puces au rendement faible, sans marges voire à perte.

« L’évolution de nos performances et de notre rendement nous donne confiance dans le succès de ce lancement, qui renforcera encore la position d’Intel sur le marché des ordinateurs portables », affirme pourtant le directeur financier David Zinsner à l’agence de presse. Il explique aussi que le rendement sont meilleurs que ceux avancés par les sources de Reuters. Optimiste, le groupe avait assuré les analystes fin juillet que Panther Lake était « entièrement dans les temps ».

L’enjeu est particulièrement important, voire vital. Intel démarche déjà pour la future génération de gravure 14A encore plus fine et performante. Mais le CEO Lip-Bu Tan a prévenu durant les derniers résultats financiers que son entreprise pourrait tout simplement abandonner l’activité de production de puces si aucun client externe n’est intéressé. Et si le nœud 18A n’est pas au rendez-vous ou avec un rendement trop faible, bien peu de constructeurs voudront du 14A.

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Source : Reuters


Mickaël Bazoge