La Kia EV4 représente à bien des égards une première pour la Kia. Première berline électrique de son histoire, première voiture de la marque à être fabriquée en Europe et première fois qu’un véhicule électrique du groupe dépasse les 600 km d’autonomie. Surtout, l’EV4 débarque sur le marché à un moment critique : en pleine domination des SUV et alors qu’une remise en cause des conditions d’attribution du bonus écologique est en cause. Le pari de Kia c’est de répondre à tous ses objectifs à la fois : prouver qu’une berline électrique a toute sa place sur le marché français, et concurrencer directement les cadors du segment. Le constructeur coréen ne s’en cache pas : il veut voir figurer son EV4 dans le top 5 des voitures les plus vendues du segment C dès l’an prochain.

Mais l’EV4 a-t-elle vraiment les arguments pour viser une telle place ? C’est ce que nous avons voulu savoir en testant la première berline électrique de Kia sur les routes andalouses.
Un design risqué de berline assumée
Le premier contact avec l’EV4 est visuel et pourrait bien surprendre. Comme à son habitude, Kia assume un parti pris esthétique clivant et va même un cran plus loin en déclinant sa nouvelle berline en deux versions très distinctes. En effet, l’EV4 existera en version « hatchback » à hayon et en version « fastback », autrement dit une sedan.
En France, c’est la première version que vous croiserez très majoritairement dans la mesure où c’est la seule qui pourra bénéficier du coup de pouce de l’État (nous y reviendrons). En plus d’être encore plus clivante esthétiquement, la version fastback est aussi plus chère de 1 700 euros. C’est également la raison pour laquelle, nous avons privilégié la version à hayon pour notre essai.

Toujours est-il que même avec une approche plus classique, l’EV4 en version hayon dénote des autres voitures du segment. Si elle reprend quelque traits de l’EV6, elle opte pour une signature optique plus agressive, notamment à l’avant, qui lui confère un style plus sportif. Un autre élément peut renforcer cette impression de dynamisme : la taille des jantes. Kia propose deux versions 17 ou 19 pouces. Si la première à l’avantage de garantir une meilleure autonomie, la seconde donne encore un peu plus de caractère à la berline.
La bonne recette de l’EV3 appliquée à l’intérieur
Nouveau modèle ajouté au catalogue, mais un habitacle déjà vu. La recette n’est pas neuve et on ne pourra évidemment pas reprocher à Kia d’utiliser les éléments d’une EV3 très réussie dans sa nouvelle berline. À première vue donc, on retrouve dans la dernière venue un environnement assez proche de ce qui a été inauguré dans le SUV compact il y a quelques mois.

L’élément le plus visible, c’est évidemment le système à triple écran. 12,3 pouces à gauche pour l’instrumentation, 12,3 pouces à droite pour l’info-divertissement et une petite diagonale de 5,3 pouces au centre pour les réglages d’ambiance et de la climatisation. Visuellement c’est très réussi. Dans les faits, un peu moins, tout simplement parce que derrière son volant on peine à voir et à accéder à l’écran central. On regrettera aussi quelques autres intégrations assez curieuses comme les boutons des sièges et du volant chauffant au niveau des portières. Pour le reste, Kia est l’un des constructeurs qui offre le mix le plus intelligent entre touches physiques et commandes tactiles. Sans faire le choix définitif de l’une ou de l’autre école, l’EV4 dispose ses commandes de manière naturelle (on retrouve avec plaisir le raccourci des modes de conduite, là où il devrait toujours être !).

Avec l’arrivée de l’EV4, Kia a également revu sa politique d’applications. Il existait jusqu’ici cinq applications différentes pour un propriétaire de voiture électrique Kia. Désormais, une seule suffit et regroupe les actions des précédentes. Nous n’avons pas pu l’essayer directement, mais la démonstration qui nous en a été faite nous permet d’affirmer que Kia est sur la bonne voie de ce côté-là, ou du moins qu’il a fini de se perdre en route.

Enfin un mot de l’habitabilité générale. L’EV4 surprend vraiment par l’espace qu’on trouve à son bord. À l’avant comme à l’arrière, elle justifie son qualificatif de familiale et elle le doit précisément à un empattement équivalent à celui d’une EV6 pourtant bien plus volumineuse auquel s’ajoute l’un des coffres les plus volumineux de la catégorie (435 L).
Consommation et recharge : dans la bonne moyenne
En matière de gestion de la batterie et de consommation, Kia a une réputation à tenir. Pionnier dans l’électrique et l’un des plus avancés avec sa plateforme 800 V, le constructeur coréen est l’un de ceux qui affichent les meilleurs résultats en matière de consommation et de recharge. Une nuance toutefois : l’EV4, comme l’EV3, doit se contenter d’une plateforme 400 V et de capacités techniques plus réduites.

Pour autant, dans sa version dotée de la plus grande batterie (80 kWh), le constructeur annonce entre 625 km et 633 km d’autonomie, soit une valeur particulièrement rassurante et qui devrait se convertir en 400 km réels sur un trajet autoroutier. En attendant de vérifier ce point précis, nous avons pu essayer l’EV4 sur deux boucles d’essai. La première, mixte mais quelque peu montagneuse, a débouché sur une consommation de 18,2 kWh/100 km, soit un score très solide. Le second trajet sur voie rapide s’est soldé avec une consommation de 18,6 kWh/100 km. Attention toutefois : en Espagne les autoroutes sont limitées à 120 km/h. Le résultat pourrait être légèrement différent en France. Mais si l’EV4 s’approche d’une consommation inférieure à 20 kWh/100 km, elle méritera sans doute qu’on la qualifie de véritable routière électrique.
Précisons également qu’une seconde version, moins chère de l’EV4 sera disponible, celle qui sera intégrée au dispositif du leasing social. Celle-ci devra se contenter d’une batterie plus compacte (58 kWh) et d’une autonomie théorique de 440 km (WLTP).

Côté recharge, les chiffres annoncés par Kia sont un peu moins ambitieux. Le constructeur doit se contenter d’une recharge rapide limitée à 150 kW. Cette valeur s’inscrit dans la moyenne basse de la catégorie, mais Kia a évidemment un contre-argument plutôt valable : une courbe de charge très stable qui lui permet de communiquer sur un 10% à 80% de batterie en moins de 30 mn. En revanche, cette parade fonctionne moins bien sur la petite batterie de 58 kWh puisque celle-ci bride sa puissance de recharge à 108 kW. Cette limite sera certainement une contrainte trop importante pour un long trajet autoroutier.
Performances : que vaut l’EV4 sur la route ?
Sur la route, l’EV4 est moins sportive qu’elle en a l’air. La position de conduite est bien celle d’une berline et sur bien des aspects elle se comporte comme tel. Néanmoins, elle ne peut totalement faire oublier son poids et montre ses limites lorsqu’on la pousse quelque peu dans ses retranchements. La tenue de route reste correcte malgré la présence d’un léger roulis, mais que l’on se rassure, l’EV4 laisse suffisamment de marge pour que l’on puisse aussi s’amuser. À cet égard, l’arrivée prochaine d’une version GT méritera d’être surveillée…

Kia a donc privilégié un réglage davantage axé sur le confort, ce qui a aussi le mérite de faciliter la gestion des masses, et dans cette configuration l’EV4 est tout simplement très agréable à conduire. Souple, précise dans sa direction et dotée d’un bon rayon de braquage, elle se manœuvre très simplement, et plus encore si l’on se fie à ses aides à la conduite.
Sur ce point, mention spéciale à la politique de Kia en matière de régénération d’énergie au volant. L’EV4 permet non seulement de jouer sur quatre niveaux de récupération avec des palettes derrière le volant, c’est classique, le constructeur offre aussi la possibilité de régler l’intensité du mode monopédale, ça c’est beaucoup plus rare.

En définitive, le comportement sur route de l’EV4 correspond tout à fait au public ciblé par Kia. Le constructeur veut faire de sa berline une familiale électrique très polyvalente, capable d’être le véhicule principal du foyer, tout comme la voiture d’appoint (dans sa version la plus accessible avec la batterie de 58 kWh).
Prix : que vaut la Kia EV4 face à la concurrence ?
Kia a décidé d’être particulièrement agressif en matière de tarifs avec sa berline. Ce modèle destiné en premier lieu au marché européen sera donc décliné en trois versions allant de 38 000 à 42 000. Toutes trois partagent la même motorisation de 150 kW, mais diffèrent bien sûr par la taille de leur batterie et leur niveau d’équipement. Et c’est à ce moment précis que Kia joue sa botte secrète : la version à hayon, celle de notre test donc, a la particularité d’être fabriquée en Europe, en Slovaquie. Cette production européenne lui permet d’améliorer son éco score et d’être donc éligible à la prime CEE Coup de pouce (traduisez : le nouveau bonus écologique), soit une aide pouvant atteindre 4 200 euros. Autre bonne nouvelle qui concerne là aussi l’ensemble des finitions, l’EV4 profite aussi de la « surbonification batterie électrique » qui permet d’ajouter encore 1 000 euros de prime. Autrement dit, la version la plus accessible affichée officiellement à 38 290 euros, peut revenir finalement à 33 090 euros, ce qui en fait automatiquement l’une des voitures électriques les plus intéressantes du moment.

Mais ce n’est pas tout. L’éco score de l’EV4 lui donne également la possibilité d’intégrer le dispositif de leasing social. En conséquence, le constructeur a déjà annoncé une offre de location à 189 euros/mois qui nous parait là aussi particulièrement intéressante. Bien sûr, à ce niveau de tarif, il s’agit de la version à petite batterie dans la finition d’entrée de gamme, « Air ». Néanmoins, celle-ci est particulièrement bien équipée et représente là encore l’une des meilleures options au 30 septembre, date d’ouverture du dispositif de leasing social pour l’année 2025.
En rapatriant la production de son EV4 en Europe, Kia s’offre la possibilité d’être très agressif en matière de tarifs. Ainsi, en plus d’afficher une meilleure autonomie que ses principaux concurrents, l’EV4 s’offre aussi le luxe d’être moins chère et le plus souvent mieux équipée que ses rivales, qu’il s’agisse de l’ID.3, de la Renault Mégane E-Tech (plus petite), de la Peugeot e-308 (dépassée sur presque tous les critères) et même de la Cupra Born.
Verdict de l’essai :
Il y a trois ans, Kia avait surpris son monde avec une EV6 qui avait fini par remporter le prix de voiture électrique de l’année. Dire que l’EV4 prend le même chemin serait sans doute un peu prématuré, mais il ne fait aucun doute après cet essai que Kia tient avec sa berline un très bon modèle, à la fois agréable à conduire et disposant d’une excellente autonomie.
L’EV4 parviendra-t-elle à ralentir la vague SUV et à faire valoir l’argument d’une berline familiale ? Aux conducteurs d’en décider, mais en attendant d’avoir une réponse à cette épineuse question, il convient tout de même de saluer la proposition de Kia tant en matière de performance que de rapport qualité/prix.
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