La musique générée par IA envahit les linéaires des plateformes de streaming. En avril dernier, Deezer annonçait enregistrer 20 000 chansons IA chaque jour ; devant ce tsunami de morceaux sans âme, le service français a d’ailleurs décidé de signaler les albums contenant des morceaux de ce type.
Faux morceaux, vrais scandales
Ce qui se passe sur une petite plateforme comme Deezer doit certainement arriver aussi chez le numéro 1 du streaming, mais à une tout autre échelle. Spotify est également frappé de plein fouet par cette vague de musique générée par IA, même si l’entreprise anglo-suédoise communique moins que Deezer sur ce sujet très sensible.
Cette fois, les brigands de l’IA vont un cran plus loin. 404media rapporte en effet l’apparition de chansons inédites — générées par IA — dans les pages Spotify d’artistes décédés. L’affaire a été révélée par la découverte d’un titre nommé « Together » associé à Blaze Foley, chanteur country assassiné en 1989.

Le morceau, interprété par une voix masculine, ne ressemble en rien au style de Blaze Foley. Une image générée par IA représentant un chanteur anonyme illustre le morceau sur la plateforme. Craig McDonald, responsable du label Lost Art Records qui gère le catalogue du chanteur, dénonce fermement la publication du morceau : « Ce n’est pas Blaze, ni de près ni de loin », affirme-t-il. Il qualifie le morceau de « bouillie d’IA » et met en cause Spotify pour le manque (l’absence ?) de contrôle.
Après la publication de l’article, la plateforme a consenti au retrait de la chanson en question, pour « non-respect de sa politique contre les contenus trompeurs ». Un porte-parole de Spotify ajoute auprès de 01net : « Nous prenons des mesures à l’encontre des ayants droit et des distributeurs qui ne surveillent pas activement ce type de fraude, et ceux qui commettent des violations répétées ou graves peuvent être, et ont déjà été, définitivement exclus de Spotify. »
Le morceau avait été distribué via SoundOn, une filiale de TikTok spécialisée dans la diffusion de musique. Le réseau social a assuré avoir supprimé le contenu et suspendu l’utilisateur en cause dès qu’il a été informé du problème. Et l’affaire ne s’arrête pas là. D’autres morceaux ayant la mystérieuse société « Syntax Error » comme détentrice des droits ont été publiés sur les pages d’artistes disparus. C’est le cas de « Happened to You », censé être de Guy Clark (mort en 2016), ou encore de « with you » par Dan Berk, dont l’image associée est également générée par IA.
Craig McDonald propose une solution simple : empêcher toute publication sur la page d’un artiste sans validation préalable de ses ayants droit. S’il est illusoire de vouloir arrêter la marée des morceaux IA, attribuer des morceaux générés par intelligence artificielle à des artistes décédés franchit une ligne rouge : cela trompe les auditeurs et les fans, et usurpe l’identité artistique de musiciens qui ne sont plus là pour se défendre.
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Source : 404media