Donald Trump a résolument placé son second mandat sous le signe de l’IA, avec plusieurs mesures annoncées pour faciliter le développement de ce secteur. Il a par exemple voulu museler les États américains en leur interdisant tout encadrement de l’intelligence artificielle pendant dix ans ! Ce dispositif n’a finalement pas été adopté, mais ce n’était que partie remise : le président US a remis le couvert en dévoilant cette semaine l’AI Action Plan, plus de 70 mesures destinées à faire des États-Unis le « leader mondial » de l’intelligence artificielle.
Le grand dessein IA de Donald Trump
Lors de la présentation de son plan, Donald Trump s’est rangé du côté des entreprises contre le droit d’auteur, alors qu’elles sont accusés de pillage par les créateurs et les artistes. « On ne peut pas s’attendre à réussir un programme d’IA si chaque article, livre ou document qu’on étudie doit être payé », a-t-il affirmé au grand plaisir des géants de l’IA. « On comprend ça, mais ce n’est tout simplement pas viable. Et si vous insistez pour faire comme ça, votre programme ne fonctionnera pas. »
Autrement dit : il ne faut pas attendre du secteur de l’IA qu’il rémunère les auteurs des contenus protégés par copyright, même lorsque ces contenus servent à l’entraînement des modèles de langage. Trump ajoute : « Lorsqu’une personne lit un livre ou un article, elle acquiert de précieuses connaissances. Cela ne veut pas dire qu’elle a enfreint le droit d’auteur ou qu’elle doit conclure un accord avec chaque détenteur de contenu ». Un argument complètement dévoyé, puisque la personne en question s’est acquittée du droit de lire le livre ou l’article en achetant un magazine, un livre, un abonnement au média, ou encore en étant bombardée de publicités.
L’argument massue de la présidence américaine, c’est que la Chine ne s’embarrasse pas de cette question des droits d’auteur pour ses IA. Il faudrait donc que les États-Unis suivent « l’exemple » chinois en la matière : le milieu artistique, la presse et les médias apprécieront. Le secteur IA tente depuis toujours de faire passer l’idée que l’exploitation des données nécessaires pour l’entraînement de leurs modèles fait partie du « fair use », un « usage équitable » qui leur permettrait de s’affranchir de toute rémunération.
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L’AI Action Plan ne fait pas référence à une possible exception au droit d’auteur, mais il plaide clairement pour une interprétation souple du copyright au nom de l’innovation et de la compétitivité nationale.
L’allègement de la régulation fait partie des piliers du texte, cela passera par l’abrogation des régulations mises en place par l’administration Biden et l’encouragement aux États pour adopter une approche « permissive ». La guerre culturelle menée par Donald Trump et ses troupes contre tout ce qui peut ressembler de près ou de loin à une vision progressiste du monde s’incarne également dans ce plan.
Les IA utilisées par le gouvernement fédéral devront ainsi être « objectives » et « sans biais idéologique ». Une objectivité qui ne s’applique ni à la désinformation, ni au climat et encore moins à l’inclusion puisque les standards étatiques supprimeront toute référence à ces sujets honnis.
Le texte, très touffu, comprend aussi un volet sur les infrastructures. Les permis pour construire des centres de données vont être simplifiés, les contrôles environnementaux réduits, et les terres fédérales seront mises à disposition. L’ambition est également de mettre en place un réseau énergétique à même d’assurer les besoins exponentiels de l’IA. Quitte à favoriser les énergies fossiles.
Dans sa visée expansionniste, la Maison Blanche veut créer un programme pour fournir aux alliés des « packages » complets (puces, modèles et logiciels). Une manière de faire la promotion active des standards US dans le monde et d’imposer une domination géopolitique par la technologie. Mais comme on le voit en Europe, les technologies américaines ne sont plus en odeur de sainteté et l’heure est la souveraineté (« Eurostack »)… même si ça ne sera pas facile.
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