« Une stabilité temporaire », mais qui reste « déséquilibrée » en faveur des États-Unis. Dimanche 27 juillet dans la soirée, Washington et Bruxelles sont enfin parvenues à un accord sur les droits de douane, cinq jours avant la date butoir du 1ᵉʳ août fixée par Donald Trump. De la menace de 30 % de taxes « punitives », l’Union européenne est parvenue à la faire baisser de moitié. Le compromis, annoncé à Turnburry en Écosse, lieu de résidence de vacances de Donald Trump, permet aux Européens d’éviter une guerre commerciale.
Pour Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne qui s’exprimait lors d’une conférence de presse, il s’agit d’un « bon accord », même si pour les dirigeants européens, l’enthousiasme est plus mitigé. Bart De Wever, le premier ministre belge, évoque ainsi sur son compte X « un moment de soulagement mais pas de célébration », pendant que Benjamin Haddad, le ministre français délégué chargé de l’Europe, juge sur son compte X un accord « déséquilibré ».
Les perdants : l’automobile européenne et…
Concrètement, « les voitures européennes et les semi-conducteurs » se verront appliqués un taux de 15 %. L’automobile est aujourd’hui taxée à 27,5 %, contre seulement 2,5 % sous l’administration Biden.
Résultat : tout le secteur automobile allemand, français et européen devrait souffrir de ce deal. « L’UE accepte des droits de douane douloureux, car même un taux de 15 % aura des répercussions négatives considérables », a regretté la Fédération allemande de l’industrie (BDI), après l’annonce de cet accord, dans les colonnes du Spiegel. Les nouvelles taxes appliquées jusqu’à fin juin ont déjà coûté cher : pour Stellantis, la maison mère de Peugeot, Citroën et Fiat, la facture s’élève à 300 millions d’euros. Pour Volkswagen, la douloureuse atteint les 1,3 milliard d’euros, détaillait The Guardian quelques jours plus tôt.
Les fabricants de semi-conducteurs européens comme le champion franco-italien STMicroelectronics qui fournit notamment Tesla, devraient aussi être impactés.
À lire aussi : STMicroelectronics, le fabricant franco-italien des semi-conducteurs, n’est pas encore sorti de sa mauvaise passe
Une autre victime collatérale pourrait être l’armement européen. Parmi les contreparties prévues contre ce taux « réduit » à 15 % (contre les 30 % annoncés mi-juillet par Donald Trump), le Vieux continent s’est en effet engagé à acheter du matériel militaire américain, dont la quantité reste à déterminer – elle sera « énorme », a déjà lancé Donald Trump. Autant de commandes qui n’iront pas à l’industrie européenne.
De même, l’UE s’est engagée à investir 600 milliards de dollars sur le sol américain – des sommes qui ne seront pas fléchées vers les start-ups ou des entreprises du Vieux continent.
Les gagnants : l’aéronautique et les équipements liés aux puces électroniques
Dans certains secteurs de la tech, l’heure est pourtant au soulagement. Une partie d’entre eux ont en effet échappé au taux de 15 %. Il s’agit des « avions et les pièces aéronautiques » – une exemption dont Airbus a dû se féliciter. « Les équipements liés aux semi-conducteurs » et certaines matières premières dites critiques seront aussi exemptées de tout droit de douane, a détaillé Ursula von der Leyen pendant la conférence de presse. Les machines de fabrication de puces électroniques du néerlandais ASLM pourraient donc échapper à toute taxe, une fois sur le sol américain.
À noter que parmi les engagements des Européens qui comprennent l’achat de produits énergétiques américains à hauteur de 750 milliards de dollars ces trois prochaines années, Ursula von der Leyen évoque aussi l’achat de « puces IA américaines » (comme celles produites par Nvidia) qui « contribueront à alimenter nos usines IA gigafactories et aideront les États-Unis à conserver leur avance technologique ».
Pour Benjamin Haddad, qui estime que le deal est déséquilibré dans un long message sur les réseaux sociaux, il est désormais temps de mettre fin au « passe-droit fiscal en Europe » dont bénéficient les services numériques américains importés en Europe.
Si le ministre délégué à l’Europe se félicite que dans cet accord, « notre réglementation européenne sur des sujets comme le numérique » a bien été « préservée », il est désormais temps de rééquilibrer les choses. « L’activation de l’instrument anti coercition européen doit y remédier pour taxer les services numériques ou les exclure de marchés publics ». Pour ce dernier, « c’est encore plus urgent depuis les annonces d’hier ».
🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.