Acteur historique du vélo cargo s’il en est, Yuba s’aventure sur le terrain des vélos familiaux depuis près de vingt ans maintenant. La marque franco-américaine dispose de plusieurs modèles dans son catalogue, mais c’est l’un d’entre eux, le plus compact, qui a attiré notre attention. Le « Boda Boda » est l’un des modèles les plus emblématiques de la marque, avec le FastRack, et l’une de ses meilleures ventes. Renouvelé l’an dernier, il s’affiche désormais dans un seul coloris gris bleu et dans une version orientée sport, avec une promesse de plaisir de pilotage à la clé.
En effet, le vélo cargo électrique n’est pas toujours synonyme de grosses sensations au guidon et ça n’a pas toujours à voir avec le fait de transporter des petites têtes blondes à l’arrière. Seuls quelques modèles parviennent à offrir un plaisir de pilotage qui les rapproche d’un VAE urbain classique. Le Boda Boda veut faire partie de cette liste, mais en est-il digne ? Pour le savoir, nous l’avons testé au quotidien pendant près de trois semaines. Voici notre avis après le test complet du plus polyvalent des vélos cargos longtail de Yuba.
Savoir-faire et qualité de fabrication au rendez-vous
La première chose qui saute aux yeux lorsqu’on regarde le Boda Boda, c’est sa propension à vouloir ressembler à un VAE urbain. Si la partie arrière équipée d’un long plateau et des barrières de protection ne fait pas illusion, l’avant pourrait tout à fait être celui d’un vélo de ville électrique. Entre les deux, des renforts de cadre placés suffisamment proches du pédalier pour offrir un enjambement très bas, un critère essentiel en cargo. De fait, il n’y a pas besoin de faire de grandes enjambées pour enfourcher le Boda Boda : un très bon point.
L’autre détail qui saute aux yeux et qui participe à cet aspect VAE urbain, c’est le choix de grandes roues pour la catégorie. Yuba a opté pour du 26 pouces avec une section assez large et des roues Scwhalbe Pick Up (26’’ x 2.35’’). Là encore un choix intéressant qui va jouer sur la dynamique du cargo.
Pour le reste, on apprécie le choix original de la peinture, les soudures soignées et l’intégration des divers éléments tels que le carénage de protection à l’arrière et les optiques. Enfin, l’intégration de la batterie dans le cadre est un très bon point, même si le fait de devoir la retirer par le dessous n’est pas des plus pratiques.
À l’évidence, le fabricant démontre qu’il maîtrise son sujet et que le Boda Boda est un cargo réalisé avec soin et une grande attention portée aux détails.
Équipement de bon niveau
Ce sérieux, nous le retrouvons également au niveau de l’équipement avec une fiche technique impeccable qui comprend des freins à disque hydrauliques Magura Thirty 2 et une transmission Shimano Cues à 10 vitesses.
Enfin, il convient également de féliciter Yuba pour son choix d’intégrer une fourche à l’avant. Une Suntour Mobie 25 qui ne fait pas de miracles, mais qui permet tout de même de filtrer les aspérités de la route (et qui soulage quelque peu le pilote). Idéal, surtout lorsque l’on sait que le cargo électrique de Yuba est capable de porter jusqu’à 200 kg de charge.
Selon nous, le seul raté concernant l’équipement du Boda Boda tient en une absence : celle d’une tige de selle télescopique qui aurait permis d’améliorer le confort, la sécurité et la polyvalence du cargo électrique. Cet équipement devrait tout simplement être un standard sur les cargos et un spécialiste de la question avec 18 ans d’expérience devrait en être conscient.
Le roi des accessoires
S’il est plutôt classique dans sa conception du vélo cargo, il y a un point sur lequel Yuba innove particulièrement par rapport à ses concurrents : les accessoires. 18 ans d’expérience, ça compte, notamment lorsqu’il s’agit de faire évoluer un longtail. Et de fait, nous avons été bluffés non seulement par la qualité des accessoires fournis par Yuba, mais aussi par leur ingéniosité.
On en veut pour preuve la « monkey bar », c’est-à-dire la barre de protection qui entoure les enfants à l’arrière. Celle-ci a tout d’un accessoire classique au premier abord : un rectangle métallique qui vient se fixer sur le porte-bagages arrière. Sauf que Yuba a opté pour un système de fixation rapide en quatre points d’accroche. Résultat : en quelques secondes seulement, il est possible de retirer la monkey bar et de passer en mode transport d’adulte. Dans un autre style, on trouve dans la boutique des « add ons » de Yuba un filet pour transformer la money bar en panier géant et ainsi augmenter les capacités de portage du Boda Boda.
Pour notre part, nous avons particulièrement apprécié le « Grab & Go », une grande sacoche étanche qui dispose d’un système d’attache taillé pour le porte-bagage avant du longtail. Concrètement, la sacoche vient se glisser dans la partie métallique du porte-bagages, elle est ensuite verrouillée par son système d’attache pour ne plus bouger pendant le transport. Ainsi ce « front rack » plutôt limité en apparence, se retrouve à porter un gros sac capable d’accueillir 13 kg de babioles en tout genre et, surtout, de libérer de la place à l’arrière.
Cette créativité et cette diversité se retrouvent sur un grand nombre d’accessoires de la marque. Ainsi, pour le seul Boda Boda, Yuba compte pas moins de trente accessoires compatibles, certains indispensables comme la protection intégrale contre la pluie et d’autres très spécifiques comme le « Beach pack » qui permet de transporter sa planche de surf sur son longtail.
Au final, et c’est là l’essentiel, le propriétaire, une fois son cargo électrique acheté, a encore la possibilité de le faire évoluer. À condition d’y mettre le prix bien sûr, le prix de certains accessoires étant particulièrement salé.
Le Boda Boda sur la route, ça vaut quoi ?
Le longtail de Yuba est-il aussi sportif et dynamique qu’il le prétend. Assurément la position de conduite, la géométrie du vélo et ses roues de 26 pouces contribuent à cette sensation d’être au guidon d’un VAE urbain. Sur ce point, Yuba réussit plutôt bien son effet, même s’il peine à faire oublier son poids. La conduite est naturellement souple, mais elle autorise aussi qu’on s’énerve quelque peu au besoin. Nous sommes assurément sur un niveau de sensation proche de celui offert par le Tenways Longtail Duo, mais pas au niveau de performance d’un Moustache Lundi 20 dans sa nouvelle version.
Agréable à piloter et relativement accessible, le Boda Boda s’avère être un cargo électrique très plaisant au quotidien qui aurait pu être encore meilleur en termes de confort et de sécurité s’il avait jugé utile d’intégrer une tige de selle télescopique.
Motorisation et assistance : le top du top
Yuba a fait un choix on ne peut plus sérieux pour la motorisation de son Boda Boda. L’option Bosch Cargo Line (85 Nm) est selon nous la meilleure offre disponible sur le marché pour ce type de cycles. Non seulement en raison de la qualité de l’assistance et de la possibilité d’ajuster les réglages de chaque mode, mais aussi pour des raisons de fiabilité et de durabilité.
Car en optant pour un moteur et une batterie Bosch, Yuba s’ouvre aussi la voie de l’écosystème de l’accessoiriste allemand, le fameux smart system. Celui-ci permet d’aller plus loin dans les réglages de son moteur, grâce à l’application Flow, mais aussi d’avoir un historique de ses balades ou un diagnostic de son équipement.
Pour compléter le moteur et la batterie, Yuba a opté pour un choix simple : la LED Remote, une centrale de commande qui vient se loger sur la partie gauche du cintre et qui permet de changer de niveau d’assistance du vélo et d’avoir un aperçu de l’état de sa batterie. Surtout, cette LED Remote peut être associée avec un smartphone (posé sur un grip au milieu du guidon dans notre cas). Dans cette configuration, la commande manuelle permet même de naviguer dans les menus de l’application eBike Flow ou plus simplement d’avoir sa navigation devant soi lorsqu’on roule. Bref, c’est un combo très simple mais ultra-efficace.
Sur l’aspect de la motorisation, Yuba a donc fait le meilleur choix possible selon nous. Certes, certains lui reprocheront l’absence d’un afficheur digne de ce nom (Purion ou Kiox), mais la LED Remote est amplement suffisante et peut être complétée du smartphone pour les balades plus longues.
Le Boda Boda vu des places arrière
L’avis du pilote pour un vélo cargo, c’est bien. Mais, à priori, il n’est pas le seul utilisateur quotidien du longtail. En effet, si les sensations au guidon, l’impression de sécurité, de confort et de contrôle comptent pour beaucoup, il ne faudrait pas négliger l’expérience sur l’espace de chargement. Autrement dit, que vaut le cargo de Yuba une fois assis sur l’une des places arrière.
Pour nos tests de vélos cargo, très empiriques, nous faisons appel à nos deux assistantes de choc, 4 et 11 ans, qui ont pu tester (et pas toujours approuver), pas moins d’une douzaine de modèles au cours des dernières années. Qu’ont-elles pensé du Boda Boda ? Tout d’abord qu’il était assez confortable et que ses coussins offraient une bonne assise. Que Yuba avait aussi l’excellente idée d’intégrer une sonnette à l’arrière qui pouvait très bien compléter celle de leur paternel à l’avant. Mais aussi qu’on pouvait parfois se sentir à l’étroit du fait de la forme arrondie des monkey bars avant et arrière. Surtout, la principale critique, quelle que soit la passagère, vient de celle qui est placée juste derrière le pilote. Ainsi, nos testeuses ont déploré, à juste titre, que la selle vienne presque toucher la barre de protection.
Idem au niveau des pieds. Si le passager le plus à l’arrière profite à plein du large repose-pieds du vélo, celui à l’avant se retrouve parfois les pieds dans le vide, voire à taper dans les pieds du pilote qui pédale. En conséquence, la position à adopter pour ne pas gêner le conducteur tout en reposant ses pieds n’est pas des plus naturelles.
En définitive, si vous devez transporter deux enfants en Boda Boda, gardez en tête que l’espace est relativement limité à l’arrière et que leurs sacs d’école, par exemple, auront du mal à tenir. De fait, l’achat d’un sac sur le porte-bagages avant devient quasiment obligatoire, mais il vous en coûtera 150 euros de plus.
Autonomie : minimaliste
Quel est le bon niveau d’autonomie pour un vélo cargo électrique ? Est-ce vraiment indispensable de pouvoir compter sur 100 km d’assistance avant de pouvoir passer par la case recharge quand la plupart de ses trajets se limitent à moins de 3 km ? C’est tout le paradoxe du cargo : il s’agit d’un vélo lourd (32 kg à vide dans notre cas), gourmand en batterie, mais qui est le plus souvent utilisé sur des trajets courts, voire très courts.
Ainsi, Yuba a plutôt visé la fourchette basse en choisissant la plus petite batterie du catalogue Bosch, un bloc de 500 Wh qui lui assure péniblement 50 km de batterie en mode Turbo. C’est peu, diraient ses détracteurs. « Amplement suffisant ! » répondraient la plupart des utilisateurs de vélo cargo qui savent que ce rayon d’action couvre la plupart des usages. Toujours est-il que pour notre part, nous aurions apprécié que Yuba fasse un choix légèrement plus ambitieux, à minima une PowerTube 600 Wh, dans la mesure où le tube diagonal a la place pour l’accueillir, mais aussi parce que le prix du vélo, près de 5 000 euros tout de même, suppose qu’on est en droit d’attendre un peu plus que le minimum.
Prix et disponibilité du Boda Boda de Yuba
Disons-le tout de go : le Boda Boda n’est pas ce qu’on pourrait qualifier de vélo cargo accessible. Avec un prix de départ de 4 849 euros, le longtail de Yuba regarde clairement du côté des modèles premium. À ce tarif de départ déjà élevé, il faudra sans doute ajouter les accessoires, un élément indissociable de la pratique du cargo. Fort heureusement, c’est là que Yuba facilite quelque peu la tâche en proposant son longtail en trois déclinaisons et autant de niveaux d’équipement.
- La version « Regular » à 4 849 euros : c’est la finition basique du Boda Boda. Une version « nue » qu’il est ensuite possible d’équiper en fonction de ses besoins.
- La « Family Edition » à 4 999 euros : c’est la version taillée pour la famille. Elle permet, pour 150 € de plus que le prix original, de disposer des barres de protection (monkey bars) et des repose-pieds à l’arrière ainsi que de deux coussins pour les passagers. Si vous avez des enfants, cette version est évidemment la plus adaptée.
- L’ « Active Edition » à 4 949 euros : C’est plus ou moins une édition familiale sur laquelle on remplacerait les monkey bars par le porte-bagages à l’avant. À privilégier lorsque les enfants sont plus grands et qu’ils n’ont plus besoin de maintien latéral ou de protection.
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