Depuis quelques années, la marque Fiido s’est taillé une place de choix sur le marché des vélos électriques urbains abordables, avec des modèles souvent compacts, bien équipés, et proposés à des tarifs agressifs. Originaire de Chine, elle a su séduire une clientèle à la recherche d’un compromis entre design, autonomie et rapport qualité-prix. Avec le Fiido Air, la marque change un peu de braquet. Elle ne propose pas un vélo pliant ni un utilitaire électrique, mais un vélo très épuré, pensé pour les trajets urbains, et surtout… incroyablement léger.

Affiché au tarif hallucinant de 1 500 euros, le Fiido Air entend bousculer un segment encore peu exploité : celui des vélos électriques à cadre carbone, simples, mais élégants, à destination des cyclistes urbains exigeants. Dans cette gamme, les principaux concurrents s’appellent Cowboy ou encore VanMoof – du moins avant ses déboires. Mais aucun d’eux n’affiche un tel poids plume : à 13,75 kg sur la balance, le Fiido Air est un cas à part. Seul l’Engwe Mapfour N1 Air que nous avons testé récemment est réellement son concurrent direct.

Un design élégant, une finition irréprochable
Premier contact, et première claque visuelle. Le Fiido Air séduit immédiatement par la pureté de ses lignes. Le cadre entièrement en fibre de carbone, y compris la fourche, présentent une belle finition mate, de quoi témoigner du soin apporté à sa fabrication. À l’œil comme au toucher, on est ici sur un produit bien plus abouti que la plupart des VAE à moins de 2000 euros. C’est mieux fini, par exemple, que le modèle d’Engwe, séduisant sur le papier, mais un peu moins à l’usage.

La tige de selle en carbone aussi, légèrement recourbée, donne une touche d’originalité, mais alourdit visuellement l’ensemble. Plus problématique, l’absence de béquille ou de porte-bagages contraint l’utilisateur à faire reposer le vélo sur son cadre lorsqu’il le gare, ce qui risque à terme de l’abîmer. En ville, on aurait aussi aimé un axe de roue avant sécurisé (même si le fait qu’il soit traversant ajoute de la qualité à l’ensemble). Ici, le serrage rapide n’est pas idéal pour contrer les vols opportunistes.

Dernier point gênant : le vélo est vendu sans garde-boue. Pour un modèle censé vous accompagner au quotidien, c’est un oubli regrettable, d’autant plus que la géométrie du cadre n’est pas spécialement pensée pour en accueillir facilement.

Épuré à l’extrême, mais trop minimaliste
Dès qu’on grimpe sur le Fiido Air, on comprend vite que l’approche est radicale. Pas de dérailleur, pas de commande sur le cintre, pas même d’écran intégré. Le vélo est totalement dépouillé : pour changer de mode d’assistance ou vérifier votre vitesse, il faut obligatoirement utiliser l’application Fiido sur votre smartphone.

C’est une approche qui peut séduire les amateurs de design minimaliste, mais elle se révèle vite contraignante. L’application ne bloque pas la mise en veille de l’écran, obligeant l’utilisateur à déverrouiller son téléphone pour consulter sa vitesse ou changer de mode. Ce manque d’ergonomie devient vite agaçant à l’usage.

Même le déverrouillage par empreinte digitale, situé sur le tube horizontal, pourtant bienvenu sur le papier, ne nous a pas totalement convaincus : il manque de fiabilité, et demande souvent plusieurs essais avant de réagir. Allumer les feux se fait également via l’application. Là encore, un simple bouton aurait suffi.

Une belle réactivité, mais un moteur un peu court
Le Fiido Air est équipé d’un moteur Mivice M070 dans le moyeu arrière, développant un couple de 35 Nm. C’est suffisant pour les trajets plats ou légèrement vallonnés, mais nettement trop juste pour affronter les côtes les plus sévères, surtout qu’il n’y a ni vitesses ni assistance dynamique pour compenser.

La transmission, une courroie carbone Gates associée à une configuration single speed, offre une expérience fluide, silencieuse, et sans entretien. Mais une fois dépassés les 25 km/h, le développement devient trop court, et on se met à mouliner inutilement. C’est d’autant plus dommage que la légèreté du vélo permettrait d’aller plus vite sans assistance. En pratique, on se retrouve à solliciter le moteur uniquement sur les phases de démarrage ou les faux plats – un comportement proche de celui du très haut de gamme Trek Domane+ SLR 6 AXS, avec des ambitions cependant très différentes.
En revanche, le plaisir de conduite est bien là. Grâce à son poids plume et à sa rigidité, le Fiido Air se montre d’une maniabilité remarquable. Il réagit instantanément à la moindre sollicitation, se faufile dans la circulation avec aisance, et se porte facilement dans un escalier ou un couloir d’appartement. Pour les citadins pressés, c’est un vrai bonheur.

Mais cette légèreté a un revers : le confort est sacrifié. Le cadre carbone, aussi efficace soit-il, est rigide, et l’absence de toute suspension rend les pavés ou les ralentisseurs assez pénibles à passer. Même si les pneus Kenda de 1,57 pouce (roues de 2,6 pouces) font ce qu’ils peuvent, ce n’est pas suffisant. On est d’ailleurs surpris par leur choix, munis de crampons, ils sont plus adaptés à un usage gravel qu’urbain. Dommage, un peu plus d’adhérence sur le bitume aurait ajouté encore un peu plus de fun à un ensemble déjà très joueur !

Une application décevante
L’application Fiido se concentre sur le strict minimum, mais se révèle du coup encore trop peu aboutie. L’interface consiste en une seule page où l’on choisit entre les deux modes d’assistance (normal et sport), on allume les feux ou on le déverrouille. Une seconde page permet de configurer notamment les empreintes digitales et… c’est tout. On remarque aussi que l’interface est mal ajustée au texte ou présente des traductions approximatives. On est loin, bien loin de ce que propose par exemple Cowboy.
En l’état, on a souvent l’impression de devoir bricoler avec son smartphone pour piloter le vélo, ce qui casse un peu l’expérience. Pour un produit aussi soigné esthétiquement, cette application fait figure de vrai parent pauvre.
Une autonomie en net retrait
Le Fiido Air embarque une batterie de 208,8 Wh, dissimulée dans le tube diagonal. Elle n’est pas amovible, ce qui impose de recharger le vélo dans l’appartement ou à proximité d’une prise électrique – pas très pratique pour les citadins qui n’ont pas la chance de disposer d’un local dédié.

Mais le principal grief concerne la capacité elle-même : cette batterie légère, qui permet certes de limiter le poids du vélo, est clairement sous-dimensionnée. Lors de notre test, nous n’avons pu parcourir que 25 km en mode sport et à peine… 28 km en mode normal. C’est très en deçà des standards actuels, y compris pour un vélo aussi léger. À titre de comparaison, le Tenways CGO600, plus lourd de 3 kg, atteint les 45 km en assistance maximale.
La légèreté du vélo permet certes de continuer à rouler une fois l’assistance coupée, mais dans ce cas, le développement unique devient vite pénalisant. Ce n’est donc pas un modèle pensé pour les longues distances, ni même pour les journées de déplacement intensif.
🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.