Ce jeudi 11 septembre 2025, la commission d’enquête TikTok a divulgué ses conclusions. La commission parlementaire vise à faire le point sur les effets psychologiques du réseau social sur les mineurs. Après six mois de travail, et 95 heures d’auditions, elle dresse un constat alarmant sur l’impact de la plateforme chinoise, qui compte 27,8 millions d’utilisateurs en France, sur la santé mentale des plus jeunes.
Selon le rapport, TikTok expose « en toute connaissance de cause » les enfants et les adolescents à des contenus nocifs. La commission, composée de 30 députés, parle d’un « piège algorithmique » susceptible de nuire aux jeunes internautes. C’est « un des pires réseaux sociaux à l’assaut de notre jeunesse », résume l’enquête. À l’issue « de cette commission d’enquête, le verdict est sans appel: cette plateforme expose en toute connaissance de cause nos enfants, nos jeunes, à des contenus toxiques, dangereux, addictifs », estime le président de la commission, Arthur Delaporte.
Avant de parvenir à cette conclusion, la commission a interrogé des proches de victimes, des dirigeants de réseaux sociaux et des influenceurs. Près de 180 personnes ont été auditionnées depuis le mois de mars dernier. Elle s’est également entretenue avec les « responsables de TikTok », mais ceux-ci ont « préféré éviter de répondre aux questions ». Les responsables du réseau social avaient néanmoins mis en exergue leurs efforts soutenus pour supprimer 98 % des contenus illicites en France avec l’aide d’algorithmes dopés à l’IA.
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Un couvre-feu numérique et une interdiction stricte
Pour protéger les plus jeunes de ce « réseau hors de contrôle », la commission préconise une série de 43 mesures fortes. Tout d’abord, elle met en avant l’idée d’un couvre-feu numérique sur le territoire nationale pour « sortir nos enfants du piège TikTok ». Cette mesure prévoit de bloquer tous les réseaux sociaux de 22 heures à 8 heures pour les internautes de 15 à 18 ans. Le couvre-feu ne concerne pas les messageries instantanées, comme WhatsApp ou Facebook Messenger.
En miroir d’Emmanuel Macron, la commission veut aller encore plus loin en interdisant les réseaux sociaux aux adolescents de moins de 15 ans dans toute la France. Pour mémoire, une loi française votée à l’été 2023 impose l’autorisation des parents pour que les moins de 15 ans puissent se rendre sur les réseaux sociaux. Celle-ci n’a cependant jamais été appliquée dans l’Hexagone. Elle serait en effet en infraction avec le droit européen. Les mesures de la commission risquent de se heurter au même problème. Sans le consentement de l’Union européenne, il est impossible d’imposer un couvre-feu ou une interdiction des réseaux sociaux en France. C’est pourquoi la commission d’enquête préconise de « maintenir la pression » sur l’Europe.
On notera que les mesures ne sont pas dirigées exclusivement contre TikTok. Les mesures doivent endiguer l’usage excessif et néfaste de tous les réseaux sociaux. Il n’est pas question d’interdire uniquement TikTok, comme c’est l’idée aux États-Unis.
Par ailleurs, les députés recommandent de durcir les mesures contre l’utilisation du smartphone à l’école. La commission propose aussi de forcer TikTok à donner plus de contrôle à l’internaute sur l’algorithme qui recommande des contenus. Enfin, il est question « d’imposer une diversification des contenus recommandés » sur le réseau social, et de la création d’un « délit de négligence numérique » pour punir « les parents irresponsables » qui ne limitent pas l’utilisation de TikTok de leurs enfants.
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Source : Le Monde