Au printemps dernier, Sundar Pichai le CEO de Google affirmait dans une interview à The Verge que le « web ouvert » était en pleine forme et mieux encore, en pleine croissance. « Quand on regarde le nombre de pages web auxquelles nous avons accès, ce chiffre a augmenté de 45 % au cours des deux dernières années seulement », expliquait-il. « Je pense que les gens produisent énormément de contenu, et je vois les consommateurs en consommer tout autant. »
Le web est-il en pleine forme ou en fin de vie ?
Début mai, Google prenait ombrage d’une déclaration d’Eddy Cue, le patron des services chez Apple, qui avait constaté un recul de l’utilisation du navigateur Safari pour les recherches en ligne. Piqué au vif, le moteur de recherche avait alors répliqué que pas du tout : « Nous constatons une croissance continue du nombre total de requêtes sur Search [la recherche] ».
Google, reconnu d’abus de position dominante dans le domaine de la publicité en ligne en avril dernier aux États-Unis, cherche à éviter le démantèlement de cette activité extrêmement lucrative. Alors que le procès pour décider des sanctions va s’ouvrir très bientôt, l’entreprise fait maintenant entendre une petite musique très différente.
Dans un document juridique déposé en début de mois dans le cadre de ce procès, Google écrit noir sur blanc : « le fait est qu’aujourd’hui, l’open web est déjà en déclin rapide ». Le ministère de la Justice (DoJ) demande notamment que Google cède AdX, sa place de marché publicitaire. Le groupe rétorque qu’une telle mesure « accélérerait le déclin de l’open web », ce qui mettrait en danger les éditeurs qui dépendent de ces revenus publicitaires.
Au printemps, le web ouvert allait très bien, cet automne il se meurt… On ne sait plus à quel saint se vouer. Ce qui est clair, c’est qu’en affirmant que l’open web est en déclin, il n’est donc pas nécessaire de céder ses actifs publicitaires.
Face aux critiques, Dan Taylor le président de l’activité pub chez Google précise que la phrase controversée du dépôt judiciaire a été « sortie de son contexte » : il s’agit uniquement de l’« open-web display advertising » (la publicité sur les sites web ouverts), qui est concurrencé par les dépenses dans la télévision connectée ou les distributeurs. Autrement dit, ce n’est pas le web qui décline, mais un segment précis du marché publicitaire.
Mais ce distinguo ne convainc pas totalement. D’un côté, Google martèle que le trafic vers les sites reste stable et que son moteur continue d’envoyer autant de clics qu’avant. De l’autre, l’entreprise reconnaît implicitement que les revenus tirés de la publicité classique sur le web ouvert s’effondrent, au profit des applis mobiles, des plateformes vidéo et des réseaux sociaux. Cette contradiction alimente les soupçons : Google adapte son discours selon les interlocuteurs : investisseurs, utilisateurs et juges.
Dans ce même dossier mais cette fois du côté européen, Bruxelles vient d’infliger une amende record de 3 milliards d’euros à Google, et examine les possibilités d’un démantèlement d’AdX.
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Source : Search Engine Roundtable