Dans un message publié sur X et repéré par Politico, mardi 22 juillet, le département de l’État américain — l’équivalent du ministère des Affaires étrangères aux États-Unis – attaque l’Europe sur sa conception de la « liberté d’expression ». Est directement visé le « DSA », le règlement européen sur les services numériques entré en vigueur en 2022, comparé à de la censure « orwellienne ». Sur son compte officiel sur X, le département d’État déclare que « des milliers de personnes ont été condamnées pour avoir critiqué leur propre gouvernement », sans donner davantage de précision sur ces condamnations alléguées.
« Ce message orwellien ne trompera pas les États-Unis. La censure n’est pas la liberté », ajoute-t-il. En illustration, il est précisé que « tout ce que le DSA protège, ce sont les dirigeants européens contre leur propre peuple ». Ce règlement européen contraint les réseaux sociaux et les plateformes du monde entier, dont les Américaines, à davantage lutter contre la haine en ligne et la manipulation de l’information. Depuis son entrée en vigueur, Bruxelles a lancé plusieurs enquêtes contre Meta, la maison mère de WhatsApp, Facebook et Instagram, et contre X, le réseau social d’Elon Musk.
In Europe, thousands are being convicted for the crime of criticizing their own governments. This Orwellian message won't fool the United States. Censorship is not freedom. https://t.co/cWcZfeWl4L pic.twitter.com/kCDhaXCVkC
— Department of State (@StateDept) July 22, 2025
Un message déjà passé par J.D Vance, le vice-président américain
Le département d’État américain répondait à un message publié le 14 juillet dernier par le compte officiel de « la France à l’ONU ». Dans ce message de la mission permanente de la France auprès de l’Organisation des Nations Unies, il était écrit qu’en Europe, « chacun est libre de s’exprimer, mais pas de diffuser des contenus illégaux », le tout suivi de deux hashtags dont #DemocracyNotAlgocracy. À savoir : « la démocratie n’est pas une “algocratie” », un régime qui serait gouverné par les algorithmes.
Le message du département d’État américain du 22 juillet reprend des mots de J.D Vance, le vice-président américain, prononcés en Europe (à Paris et à Munich) quelques mois plus tôt. Pendant la cérémonie de clôture du sommet de l’IA de Paris le 11 février dernier, J.D Vance avait fustigé la réglementation européenne en matière de numérique et d’IA. « Bon nombre de nos entreprises technologiques les plus productives sont obligées de se conformer au DSA et aux réglementations massives qu’elle a créées en matière de retrait de contenu et de contrôle d’une soi-disant désinformation », déclarait-il.
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« Mais c’est une chose d’empêcher un prédateur de s’en prendre à un enfant sur l’internet, et c’en est une autre d’empêcher un homme ou une femme adulte d’accéder à une opinion que le gouvernement considère comme de la désinformation », ajoutait-il, reprenant une idée répétée à l’envi par Elon Musk ou Mark Zuckerberg, selon laquelle le DSA serait un instrument de censure sur les réseaux sociaux.
Depuis des mois, l’administration Trump fait pression sur Bruxelles pour que cette dernière allège voire suspende sa réglementation sur le Numérique, et ses poursuites comparées à un impôt déguisé. Plus largement, Washington utilise la menace des droits de douane salés pour empêcher ou dissuader plusieurs pays – dont l’Union européenne – d’imposer de nouvelles taxes, réglementations et droits de douane aux entreprises technologiques américaines, rapporte mardi 22 juillet le Wall Street Journal.
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Face à cette situation, Bruxelles doit rester ferme dans sa négociation sur les droits de douane, plaide parmi d’autres Enrico Letta, ancien président du Conseil italien et président de l’Institut Jacques Delors, dans les colonnes des Échos, mardi 22 juillet. Car si l’Europe se montre faible face à Donald Trump, « elle se fera dévorer ».
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