« Des lunettes qui vous rendent super intelligents, dès que vous les mettez » : deux anciens étudiants d’Harvard, AnhPhu Nguyen et Caine Ardayfio, ont lancé des lunettes connectées sans bouton off, « Halo X ». La promesse de ces « smart glasses » est la suivante : ces lunettes intelligentes écoutent, enregistrent et retranscrivent par écrit absolument tout ce qui parvient à leurs microphones, tout en affichant « des informations pertinentes » aux utilisateurs, en temps réel. L’appareil « écoute toutes vos conversations et utilise ces informations pour vous dire quoi dire… », a déclaré l’un de ses cofondateurs, interrogé par le média américain TechCrunch, mercredi 20 août.
« Dès que vous les mettez, vous pouvez répondre à littéralement n’importe quelle question. Vous pouvez obtenir des informations sur n’importe quel domaine, de l’économie à l’histoire, et bien plus encore », s’enthousiasme l’un des anciens étudiants, interrogé cette fois par The Register. Concrètement, les lunettes s’appuient sur une application du smartphone, qui permet d’obtenir « des informations en temps réel et des réponses à leurs questions ». Selon les deux cofondateurs, Gemini, l’outil IA de Google, et Perplexity seraient utilisés. Pour développer ces lunettes, les deux compères ont levé près d’un million de dollars.
Contrairement aux lunettes intelligentes de Meta, aucun voyant lumineux n’indique que les microphones sont en marche – il n’y a pour l’instant pas de caméras sur ces lunettes, mais elles pourraient être ajoutées dans un second temps. Avec Halo X, il est donc impossible que les personnes enregistrées soient averties qu’un enregistrement a lieu, à moins que le porteur de lunettes ne les ait prévenues : un problème qui inquiète les défenseurs de la vie privée, qui alertent sur la banalisation de ces « mouchards petits et discrets ».
« Une variante du stylo-espion »
« Cela ressemble à une variante du stylo-espion (…) », avance Eva Galperin, directrice de la cybersécurité à l’ONG Electronic Frontier Foundation interrogée par TechCrunch. « Mais (…) la normalisation de l’utilisation d’un dispositif d’enregistrement toujours en marche, qui dans de nombreux cas obligerait l’utilisateur à obtenir le consentement de toutes les personnes se trouvant à portée d’enregistrement, sape l’attente de confidentialité que nous avons pour nos conversations dans tous types d’espaces », ajoute-t-elle.
Interrogés sur le lieu de stockage des données et sur leurs accès, les cofondateurs de Halo X mettent en avant un chiffrement de bout en bout, « afin que personne d’autre que vous ne puisse lire vos conversations », sans donner davantage de détails. Les lunettes, que l’on peut précommander au prix de 249 dollars aux États-Unis depuis hier, devraient se heurter à de nombreuses législations. Plusieurs États américains et européens interdisent l’enregistrement de conversations, sans le consentement des personnes concernées. Une interdiction balayée de la main par l’un des cofondateurs de la start-up, qui estime que le porteur de lunettes doit obtenir l’autorisation des personnes enregistrées, avant de les porter.
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La principale personne espionnée ? Le porteur de lunettes
Mais la première et principale personne « espionnée » reste le porteur de lunettes, rappelle The Register, mercredi 20 août. « Notre agent IA personnalisé écoute toute votre journée », confirme AnhPhu Nguyen chez nos confrères. « Chaque phrase que vous prononcez est transmise à l’IA afin qu’elle puisse déterminer si elle doit vous aider à ce moment précis et en quoi elle peut vous aider ». L’application va ensuite créer une base de données de tout ce qui a été enregistré dans laquelle elle va piocher pour fournir résumés et informations, que cela concerne vos conversations passées avec vos collègues ou avec votre famille. « Nous ne voulons pas simplement créer une nouvelle montre intelligente, mais un second cerveau qui fonctionne comme l’intuition », avance AnhPhu Nguyen, dans les colonnes du média américain.
Les deux ex-étudiants n’en sont pas à leur premier « projet controversé portant atteinte à la vie privée ». Alors qu’ils étaient encore à Harvard, les deux compères avaient développé I-Xray, un projet qui ajoutait aux lunettes intelligentes de Meta des capacités de reconnaissance faciale.
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Ils avaient testé leur application avec des passants choisis au hasard – et sans leur consentement, comme on peut le voir dans cette vidéo postée sur les réseaux sociaux. Les deux ex-étudiants avaient notamment démontré que les lunettes permettaient d’afficher des informations très personnelles de parfaits inconnus, en seulement quelques secondes. Pour Halo X, les premières précommandes devraient arriver d’ici le début de l’année prochaine. Et avec elles, les controverses juridiques et sociétales devraient suivre.
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