Honor est un nom qui compte dans l’univers du smartphone pliant au format livre. Il faut dire que la marque chinoise commence à accumuler une certaine expérience et n’a pas eu peur de se lancer dans nos contrées avec des modèles très fins. Si ce record est aujourd’hui titillé par l’ogre Samsung et son Z Fold 7 (voir plus bas), Honor ne tremble pas au moment de lancer son Magic V5.
Ce smartphone succède au Magic V3 et cela ne vous surprendra si vous suivez de prêt l’actualité des smartphones. En effet, le chiffre 4 fait l’objet d’une superstition très importante dans de nombreux pays d’Asie du fait de sa proximité avec phonétique avec le mot « mort ». Une croyance tellement ancrée que la plupart des constructeurs préfèrent sauter une génération et faire l’impasse sur le chiffre 4. C’est le cas pour Honor qui nous propose un nouvel appareil juste sous la barre des 2 000 euros.
Mais le Magic V5 s’invite-t-il parmi les meilleurs smartphones pliants et haut de gamme ? On l’a testé pour le savoir.
Prix et date de sortie du Honor Magic V5
Le Honor Magic V5 est disponible en France, en précommandes au prix de 1 999 euros dans une seule configuration 16 Go de RAM et 512 Go de stockage. À configuration similaire, le Samsung Galaxy Z Fold 7 avec 12 Go de RAM et 512 Go de stockage coûte 2 222 euros, le Honor est donc plutôt compétitif malgré son prix élevé. Il se décline en Ivory White (blanc), Black (noir) et Dawn Gold (noir et doré).
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BoulangerDesign : aussi fin que beau
La guerre de la finesse fait rage chez les constructeurs et Honor a présenté le Magic V5 comme le smartphone « le plus fin du monde » en Chine. Avec une épaisseur annoncée de 4,1 mm et 8,8 mm une fois plié, il fait mieux que ses rivaux directs pour… 0,1 mm. Mais il y a un « mais », et il est de taille !
Ce record, le Magic V5 l’obtient uniquement dans son coloris blanc et la méthode de mesure varie d’un constructeur à l’autre. Qu’à cela ne tienne, le modèle Honor est dans la discussion et rivalise largement avec son concurrent direct dans ce domaine : le Samsung Galaxy Z Fold 7.
Toujours très soigné, le design du Magic V5 reste éloigné de celui de son rival en faisant la part belle à son imposant bloc photo circulaire. Les amateurs de smartphones chinois apprécieront, les autres préféreront sans doute la sobriété d’un Z Fold 7 ou d’un Google Pixel 10 Pro Fold. La qualité est au rendez-vous et le Magic V5 aurait presque tendance à se confondre avec un bijou, surtout dans ce coloris or et noir.
En main, l’appareil se montre très agréable et nous arrivons (enfin) sur des modèles qui ne sont pas plus encombrants que des smartphones « classiques ». C’est visuellement impressionnant et forcément agréable au quotidien. Les 222 g affichés sur la balance sont bien réparti sur l’ensemble de la structuve, évitant une certaine fatigue même après une longue session.
Quant au bloc photo, il fait tout pour se faire remarquer, que ce soit au niveau de sa couronne, de sa forme et de son épaisseur. Bien que cela ne gâche pas l’expérience, celui-ci dépasse allégrement du corps très fin du smartphone. Un choix qui peut diviser.
Si la partie gauche fait la part belle à la charnière, la tranche droite accueille les différents boutons dédiées au réglage du volume et à la mise sous tension. Ce dernier fait également office de capteur d’empreintes digitales. Le positionnement est idéal et l’ensemble répond parfaitement aux demandes.
En position fermé, l’écran est suffisament grand pour permettre une utilisation complète et éviter de devoir le déplier à chaque fois. Une fois ouvert, la finesse de l’appareil rend l’expérience plaisante et on peut facilement utiliser le Magic V5 à deux mains, une de chaque côté, ou avec une main tandis que l’autre se glisse à l’arrière pour le maintenir. Au premier abord, on est surpris par la finesse du smartphone une fois déplié (4,1 mm pour le coloris blanc ou 4,2 mm pour les autres) et assez vite rassuré par les choix de Honor.
En effet, le constructeur fait tout pour nous rassurer en ce qui concerne les matériaux de protection et la durabilité. Le Magic V5 intègre une charnière en acier capable de résister à plus de 500 000 pliages. Dans le même temps, la dalle externe est protégée par un verre NanoCrystal Shield et le smartphone bénéficie d’une certification d’étanchéité IP58/IP59.
Écrans : ils font « honor » au Magic V5
Qui dit smartphone « fold » dit double écrans et Honor n’a pas lésiné sur ce segment. Dans la lignée des dalles du Magic V3, la marque soigne cette partie et propose un écran externe de 6,43 pouces offrant toujours une définition de 1 060 x 2 376 pixels. La dalle interne s’agrandit légèrement pour passer à 7,95 pouces (contre 7,92 pouces sur l’ancien modèle), affichant une définition de 2 172 x 2 352 pixels. Les deux dalles sont OLED LTPO et proposent un taux de rafraîchissement allant jusqu’à 120 Hz, ainsi qu’un pic de luminosité annoncé à 5 000 nits.
Écran interne : une grande dalle agréable
Passé par le 01lab, l’écran pliant du Magic V5 ne fait pas dans la surenchère, avec un pic lumineux de 1 310 cd/m² en mode boost et 1 228 cd/m² en HDR. On ne rencontre pas de problème de lisibilité en plein soleil, mais on ne tutoie pas ce qui se fait de mieux dans l’exercice.
En revanche, on profite d’un excellent anti-reflet qui protège fortement le smartphone des reflets.
Par défaut, l’écran interne présente des faiblesses en matière de rendu des couleurs et des gris. Cependant, en activant le mode « Normales », la qualité s’améliore considérablement, avec un rendu des couleurs sRGB excellent. La balance des blancs par défaut est un peu froide (7158 K), mais le mode « Normales » permet d’atteindre un rendu plus proche de la perfection.
Comme souvent, la pliure est visible en photo, par jeu de reflets ou en fonction de l’angle selon lequel vous regardez l’appareil. Néanmoins, elle se fait rapidement oublier à l’usage et ne perturbe en rien l’utilisation du smartphone.
Écran externe : un smartphone « classique » entre les mains
Plus performant que son homologue interne sur le plan colorimétrique, l’écran externe est un des points forts du Magic V5. Il atteint un pic lumineux de 2 181 cd/m² en mode boost, et 1 699 cd/m² en HDR, le rendant parfaitement lisible dans toutes les conditions de lumière.
Côté colorimétrie, nous avons une balance de blancs un peu meilleur que la dalle interne (6 943 K), une belle couverture des espaces colorimétriques : 117,6 % du sRGB, 91,9 % du P3 et 68,2 % du BT.2020. Bien qu’elle ne soit pas optimale pour un œil avisé, la précision des couleurs est plutôt bonne pour un usage général en sRGB (Delta E 2000 de 2,2) ou P3 (Delta E 2000 de 2,66).
À l’usage, cet écran externe se révèle agréable et son format permet d’utiliser le Magic V5 comme un smartphone « classique ».
Interface : MagicOS 9 et 7 ans de mises à jour
Le Magic V5 fonctionne sous Android 15 et MagicOS 9, l’interface maison d’Honor. Déjà visible sur le Magic 7 Pro, elle est ici optimisée pour tirer pleinement parti du format pliable, facilitant le multitâche et le glisser-déposer entre les applications. La très bonne nouvelle est Honor propose désormais sept ans de mises à jour Android et de correctifs. Premier grand constructeur chinois à s’engager sur ce terrain, Honor se positionne au niveau de Samsung et Google… deux marques qui proposent aussi des smartphones pliants en Europe.
Quant à MagicOS 9, l’interface offre toujours un look à mi-chemin Android et iOS. Le « centre de contrôle », séparé du panneau des notifications, est également présent et nous retrouvons le système de grands dossiers personnalisables (dans la limite de 9 applications).
Autre fonctionnalité « maisons » empruntés à des modèles classiques, le « Magic Portal » se glisse dans le Magic V5 et se révèle particulièrement utile. Pour rappel, le « Portail magique » permet de sélectionner un élément affiché à l’écran avec ses articulations. Une fois la sélection faite (on peut l’utiliser en en touchant et en maintenant du texte ou une image), on peut rapidement les partages vers une application, mais aussi extraire certains éléments. Sur un smartphone pliant, la fonctionnalité devient encore plus pertinente et pratique.
Très tournée fait les fonctions d’IA, qui bénéficient d’une belle intégration, l’interface de Honor se montre agréable à utiliser au quotidien. Elle intègre de nombreuses options de personnalisations et se veut très complète, sans perdre en fluidité.
Photo : un trio de capteurs polyvalent
Le Magic V5 est équipé d’un triple capteur photo comprenant :
- Module grand-angle avec capteur 50 Mpx, 23 mm, f/1,6, PDAF et OIS.
- Module ultra-grand-angle avec capteur 50 Mpx, ouverture f/2,0 ;
- Module téléobjectif (équivalent 70 mm ou X3) avec capteur 64 Mpx, ouverture f/2,5 ;
Il ajoute deux modules à selfie externe et interne, tous deux de 20 Mpx (f/2,2).
Grand angle
Le capteur principal de 50 Mpx capture de belles images avec un bon niveau de détail. La qualité du rendu n’est pas totalement au niveau des modèles « classiques » de la marque (comme le Magic 7 Pro), avec des clichés un peu moins nets. De jour, ce module se montre toutefois à la hauteur avec une colorimétrière plutôt neutre et fidèle à la réalité, avec une balance des blancs maîtrisée. On apprécie aussi la dynamique et le piqué fin et naturel du smartphone pliant de Honor, qui n’abuse pas de l’accentuation logicielle.
En faible luminosité, le capteur grand angle s’en sort très bien. Il réussit à maintenir une excellente colorimétrie et une exposition correcte. La montée en ISO génère un bruit visible mais maîtrisé, au prix d’une perte de piqué logique. C’est un résultat solide.
Enfin, le mode portrait se révélèle efficace et produit des résultats agréables. Le flou d’arrière-plan est bien géré et on obtinent une belle nettété sur le sujet. Comme sur la majorité des smartphones, la plus grande difficulté réside dans le détourage des sujets complexes teles que les cheveux fins, mais le Magic V5 s’en sort avec les honneurs.
Ultra grand angle
Avec un capteur de 50 Mpx, le Magic V5 s’offre un ultra grand-angle performant en pleine lumière, offrant des images larges, bien exposées et aux couleurs justes, malgré une faiblesse prévisible sur les bords. En faible luminosité, il montre ses limites de manière classique pour ce type de capteur.
Sa principale qualité est de sauver la scène en préservant une colorimétrie cohérente et une exposition correcte. Cependant, cela se fait au détriment du piqué et de la texture, à cause d’un bruit numérique visible et d’un lissage agressif. Il reste donc un objectif efficace pour des photos de paysages ou d’architecture de jour, mais il faudra composer avec une perte de qualité significative pour les scènes nocturnes. Cet module sert également d’objectif macro.
Téléobjectif
Le téléobjectif de 64 MP (ouverture f/2.4) se démarque par ses capacités de zoom supérieures, offrant des clichés nets même à longue distance. Une présence très appréciable pour capture des scènes un peu plus lointaines, surtout que le Magic V5 se montre à l’aise en zoom x3 (optique) ainsi qu’en zoom x6 (proposé directement dans l’interface). De jour, il se montre très bon et produit des clichés parfaitement exploitables, nettes, détaillées et aux couleurs fidèles.
Sa présence polyvalence et le rendu et de bonnes qualités, mais un manque de netteté apparaît dès que l’on zoom un peu trop… à moins d’utiliser fortement l’IA.
L’autre atout du Magic V5 réside dans son zoom numérique x100, avec amélioration par l’IA. Ce n’est pas une nouveauté liée à ce smartphone, mais ce zoom puissant fait son effet et peut se montrer pratique… à condition de faire confiance à l’IA (et de disposer d’une connexion pour traiter l’image). Le résultat peut dépendre du sujet et relance le débat sur ce que capture réellement le smartphone et ce que l’IA interprète pour offrir une photo plus net. Notez que le traitement peut prendre une vingtaine de secondes.
Lorsque la lumière vient à manquer, ce téléobjectif montre ses limites et la qualité d’image se dégrade avec un bruit très présent et une perte de netteté. Si le piqué est l’un des points fort du téléobjectif en plein jours, on ne peut pas en dire autant en basse lumière. Il faut priviliégier des zones eclairées artificiellement pour tirer le meilleur, ou ne pas s’attendre à des miracles.
Performances : un moteur puissant qui ronronne
Propulsé par le processeur Snapdragon 8 Elite, le Magic V5 ne veut pas faire de concession en termes de puissance. Sur le papier, le pliant de Honor intègre, sans doute, ce qui se fait de mieux à l’heure actuelle en termes de puce. En plus du SoC de Qualcomm gravé en 3 nm, il intègre 16 Go de RAM et 512 Go de stockage, du solide.
Proposé un smartphone à la fois fin et très performant est une mission délicate pour un constructeur. Un appareil qui met en avant sa finesse perd forcément en capacité de refroidissement et doit faire des choix fort en matière de performances.
Pour son Magic V5, Honor sembler jouer la carte de la sécurité comme en témoignent sa chauffe un peu plus maîtrisée que celle du Z Fold 7 et un throttling bien géré. Après 15 minutes d’utilisation intensive, la puce maintient 85 % de ses performances maximales. La gestion thermique de l’appareil est clairement maîtrisée, ce qui est très positif.
Faut-il en conclure que le Snapdragon 8 Elite du Honor Magic V5 s’exprime parfaitement dans un appareil pliant ? Pas si vite. Pour parvenir à ce résultat, le Magic V5 souffle le chaud et le froid.
Le Magic V5 économise grandement sa puce
Les benchmarks, qui mesurent de façon synthétique les performances des smartphones, témoignent d’un comportement étrange de la puce. Si son GPU se montre plutôt à l’aise sur AnTuTu, la partie CPU s’effondre totalement.
Performances du Honor Magic V5 sur AnTutu
Un constat également valable sur Geekbench 6, où le Magic V5 n’arrive pas à suivre la cadence.
Performances du du Honor Magic V5 sur Geekbench
Dans ces mesures dédiées à la partie processeur (CPU), le Honor Magic V5 n’est tout simplement pas à la hauteur et loin des standards que peut offrir un Snapdragon 8 Elite. Autre problème relevé sur 3DMark, le smartphone n’est pas un modèle de stabilité même s’il fait un peu mieux que son principal concurrent pliable.
Performances du du Honor Magic V5 sur 3DMark et amplitude thermique
À l’intérieur du Magic V5, le Snapdragon 8 Elite ne semble pas s’exprimer pleinement et cela ressemble fortement à un bridage agressif de la part de son constructeur. En effet, il y a de quoi être un peu surpris par ces résultats, qui ne placent pas le Magic V5 dans la meilleure des postures.
Une puissance cachée dans le mode performance
Toutefois, tout n’est pas mauvais et un élément change radicalement la donne. L’activation du « mode performance » dans les paramètres donne un nouveau souffle au smartphone, avec des résultats radicalement différent pour la partie processeur. Avec ce mode, le smartphone propose des performances plus en phases avec ce que le Snapdragon 8 Elite a dans le ventre.
Le score AnTuTu de la partie CPU a augmenté de plus de 200 %, passant de 170 540 à 517 581 points tandis que le GPU s’améliore légèrement (+8,33 %, 1 065 323 pts). Même son de cloche sur Geekbench, où le score en single score explose à 2 868 pts (+152,24 %) et multi-core (+76,58 %, 8640 pts).
Ce mode peut consommer plus d’énergie et augmenter la chauffe de l’appareil, mais il faut en passer par là pour tirer le meilleur du SoC de Qualcomm dans ce smartphone. À l’usage, il n’est toutefois pas toujours nécessaire de l’activer et le Magic V5 s’en sort bien sûr les tâches du quotidien. Ce n’est évidemment pas le modèle le plus adapté pour du gaming, mais il remplit très correctement sa mission lorsqu’il faut rapidement passer d’une application à l’autre. Le multitâche reste la priorité sur ce type d’appareil.
Plutôt que d’avoir une chauffe excessive, le constructeur s’oriente donc vers un bridage des performances en mode « par défaut ». Compréhensible, mais dommage pour l’expérience premium.
Batterie : il fait même mieux qu’un smartphone classique
Les smartphones pliants ont tendance à progresser dans tous les domaines, en particulier en matière d’autonomie. Dans un temps pas si lointain, ils peinaient à se montrer réellement convaincant et à rivaliser avec les smartphones « classiques ».
Cette époque est révolue et le Magic V5, doté d’une batterie de 5 820 mAh, nous le prouve. Le smartphone pliant signé Honor brille dans notre protocole d’autonomie mixte, faisant mieux que son rival direct et des smartphones non pliants de renom. Pour rappel, ce protocole va simuler l’utilisation du smartphone en continu avec des usages plus ou moins exigeants, allant du visionnage de contenu HDR au scrolling sur un site internet en passant par une partie de jeu vidéo.
Le Honor Magic V5 a mis un peu moins de 22 heures et 5 minutes en usage mixte pour passer d’une batterie pleine à 5 % d’autonomie, un excellent résultat, qui lui vaut une place dans notre sélection des smartphones avec la meilleure autonomie.
Cette performance se confirme en utilisation quotidienne, avec un smartphone qui tient sans problème une journée complète loin de la prise. On est d’ailleurs plus proche d’une journée et demi, voire deux jours si on est un peu moins accroc à son smartphone.
Recharge : rapide sur le papier, mais…
Le Magic V5 offre une recharge rapide de 66 W en filaire et 50 W en sans-fil, sans oublier la charge inversée (5 W). Malgré ces chiffres encourageants, il a fallu 1 h 18 pour une charge complète selon le protocole du 01lab, avec un chargeur officiel Honor de 100 W. Un résultat très moyen tandis qu’une charge de 10 minutes permet de récupérer 21 % d’autonomie.
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