Écrire avec un stylo est très différent d’écrire sur le clavier virtuel de son smartphone, ou même du clavier de son ordinateur. C’est une expérience plus intime, en connexion directe avec ses pensées. C’est pourquoi la pratique ancestrale de l’écriture manuelle et de la prise de notes manuscrites n’est pas prête de disparaître, fort heureusement !
Les stylets pour tablettes se rapprochent de plus en plus de la précision et des sensations offertes par l’écriture sur papier, mais ce n’est pas encore tout à fait ça. reMarkable a trouvé un équilibre intéressant avec la Paper Pro : cette liseuse grand format donne véritablement l’impression d’écrire sur une feuille de papier, le tout sur un écran couleur.
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La Paper Pro, sortie l’an dernier, reste aujourd’hui un bon produit évidemment, mais force est de constater que la taille de son écran (11,8 pouces), son encombrement (274,1 mm de haut) en fait une tablette difficile à sortir dès qu’une idée vous trotte dans la tête. Et son poids de 525 grammes fatigue les bras au bout d’un moment.
Un bloc-notes numérique facile à sortir
reMarkable a senti qu’il y avait ici un coup à jouer, et vient de dévoiler une déclinaison Move de la Paper Pro, dont le format la positionne entre le smartphone et la tablette. L’appareil est autrement plus léger que son grand frère (235 grammes) et bien moins encombrant (195,6 mm de haut). Évidemment, l’écran est aussi bien plus petit avec sa diagonale de 7,3 pouces, soit 1 pouce de moins que l’iPad mini.
Le constructeur aurait même pu jeter son dévolu sur une diagonale plus petite encore, ce qui aurait permis de ranger la Move plus facilement dans une poche. Ça ira pour la poche d’un manteau, mais celle d’un jeans risque d’être un peu juste. L’avantage très net de ce design, c’est que personne ne vous regardera bizarrement dans le métro ou dans le bus : la liseuse ressemble en effet à un grand smartphone, tout simplement.
La Paper Pro Move tient bien dans une main, à la verticale mais aussi à l’horizontale, ce qui peut être utile pour dessiner des schémas, par exemple. Et même l’épaisseur de 6,5 mm n’est pas réellement un problème, bien que cela signale une certaine tendance à l’embonpoint chez reMarkable (la reMarkable 2 mesurait 4,7 mm et la Paper Pro 5,1 mm). C’est en tout cas plus fin que la plupart des smartphones.
La fiche technique annonce également 64 Go de stockage interne, un processeur deux cœurs Cortex-A55 cadencés à 1,7 GHz, et 2 Go de RAM. On est très proche de la Paper Pro qui embarque une puce deux cœurs Cortex-A53 à 1,8 GHz et la même enveloppe de mémoire vive. En revanche, taille oblige, la batterie du nouveau modèle est d’une capacité de 2 334 mAh, moitié moins que la Paper Pro (5 030 mAh).
Est-ce réellement un problème ? Pas vraiment : l’écran plus petit a logiquement besoin de moins d’énergie, et la technologie d’encre électronique — même en couleur — demeure frugale. Par conséquent, on est bon pour deux semaines d’utilisation régulière sans avoir besoin de repasser par la case recharge (via le port USB-C).
reMarkable a eu la bonne idée de conserver le système de recharge et d’aimantation de la Paper Pro pour ce nouveau modèle ; le stylet (fourni) est donc immédiatement disponible sur la tranche de droite pour écrire une note rapide. Et c’est bien là tout l’intérêt de l’appareil.
Une écriture presque comme sur du papier
La prise de notes est efficace, néanmoins il faut reconnaitre que la latence nous a semblé légèrement plus élevée qu’avec un duo iPad + Apple Pencil. Le grand intérêt de la Move, c’est surtout cette sensation d’écrire non pas sur une feuille de verre, mais sur du papier « à l’ancienne ». Et cela fait une réelle différence !
La Paper Pro Move permet également d’écrire en couleur, grâce à son écran Color Canvas. Celui-ci intègre des millions de microparticules de cyan, magenta, jaune et blanc, que l’appareil mélange pour produire jusqu’à 20 000 couleurs. Le rendu, pastel et feutré, n’a évidemment pas l’éclat d’un écran LCD ou OLED, mais il conserve ce charme propre à l’encre électronique.
En contrepartie, la technologie se montre moins réactive : surligner ou encercler un passage est instantané au stylet, mais il faut parfois patienter une fraction de seconde que la dalle enregistre l’action, non sans quelques clignotements à l’écran. Impossible d’avoir le beurre et l’argent du beurre ici.
Sur le plan de la prise de notes, on retrouve dans la Move tout ce qui faisait le sel de la Paper Pro. De nombreux templates sont disponibles, en plus de la simple (mais toujours efficace !) page blanche comme par exemple des pages grillagées et avec des pointillés. On pourra aussi y ajouter des « Methods », autrement dit des templates à télécharger depuis le site de reMarkable.
En termes d’écriture, 9 types de stylos sont proposés, du feutre à la brosse en passant par un porte-mine ou un stylo à bille. Chaque pointe peut avoir une épaisseur spécifique (3 tailles) et bien sûr, une couleur. Un outil de sélection est également disponible, ainsi qu’une gomme. Le stylet Marker Plus — à acheter en option — intègre directement une gomme à son extrémité. Enfin, un outil d’annulation et de restauration multiple est disponible.
reMarkable OS, le système d’exploitation basé sur Linux, s’offre trois nouveautés à l’occasion du lancement de la Move. Le partage d’une note sur Slack sera certainement apprécié des utilisateurs qui se servent de cette messagerie très populaire dans les entreprises. Le constructeur propose donc aussi des « Methods », des templates pour réaliser toutes sortes de travaux : planificateur de tâches, minutes de réunion, calendrier, etc.
La nouveauté la plus intéressante est sans doute la recherche dans les notes manuscrites. L’OS est en effet doté d’un système de reconnaissance des caractères particulièrement performant, y compris pour ceux qui ont une écriture illisible — à l’image de celle de votre serviteur. Dans le même ordre d’idée, la conversion de notes manuscrites en texte machine se montre redoutablement efficace, et utile.
Une fonction de création de liens est également dans les tuyaux et sera bientôt disponible (nous n’avons pas pu la tester).
Une liseuse de jour comme de nuit
La Move sert également de liseuse, et sa compatibilité PDF et ePub lui donne accès à un vaste catalogue de contenus : livres bien sûr, mais aussi bandes-dessinées. La lecture est facilitée par plusieurs options bien pratiques, pour régler l’interlignage et les marges sur les côtés, agrandir ou réduire la taille de la police (on peut d’ailleurs en choisir une spécifique), ou encore ajouter une note (sur les PDF).
L’écran couleur confère aux pages de BD un petit aspect old school rappelant les illustrés imprimés sur du papier de mauvaise qualité. Ça fonctionne bien sur les comics, mais c’est vrai que c’est beaucoup moins flatteur que sur du papier glacé !
C’est le propre des écrans à encre électronique : la lecture est très agréable avec un rendu qui reproduit assez efficacement celui du papier. Le rétroéclairage est efficace (et réglable à la volée en balayant l’écran du haut vers le bas sur la droite) et permet de lire de jour comme de nuit sans s’abimer les yeux.
En plus de la lecture, la Move est aussi une machine à annotation de PDF. Il suffit de les importer, avec l’application mobile ou de bureau de reMarkable, via internet et son espace perso, ou en branchant l’appareil à un Mac ou un PC en USB (il faudra utiliser un navigateur web, comme l’explique le constructeur). On retrouvera les même outils d’annotation disponibles que pour les notes.
Des déceptions tout de même
Au chapitre des déceptions, l’interface n’est toujours pas localisée en français, bien que le moteur de reconnaissance des caractères fonctionne lui parfaitement dans la langue de Jul. Il est tout aussi dommage que la recherche dans les notes manuscrites soient réservée aux abonnés Connect payants (2,99 $/mois, après un essai gratuit de 100 jours). La conversion en texte est toujours offerte de base, ouf ! Par contre, la liseuse ne sait toujours rien faire des formules mathématiques complexes.
À l’heure de l’IA triomphante, on aimerait également avoir sous la main des fonctions de résumé et d’aide à la rédaction. Certes, il faudra probablement que la Move soit connectée à internet pour ces outils, mais ce serait un plus indéniable.
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