Hollywood entretient une relation d’amour/haine avec l’IA générative. L’industrie crait que la technologie serve à copier ses créations sans son accord, à reproduire la voix ou l’image d’un acteur sans rémunération, ou encore à inonder le marché de contenus à bas coût, fragilisant ainsi scénaristes et comédiens.
Les téléspectateurs deviennent créateurs de séries
D’un autre côté, la technologie est désormais utilisée dans la création : la série « L’Éternaute » de Netflix a exploité l’IA pour générer des effets spéciaux. Plus généralement, les studios s’y intéressent, en particulier pour réaliser des économies.
Alors que tout le monde cherche sur quel pied danser, la start-up Fable va lancer Showrunner, un service de streaming où ce sont les spectateurs qui vont créer leurs propres séries télé. Le fonctionnement ressemble à celui de n’importe quel bot : il suffit de saisir une requête et le modèle IA de Fable, SHOW-2, se charge de générer la vidéo.
Dans un premier temps, Showrunner proposera surtout de l’animation, plus simple à générer (et moins sujette à des litiges) que des images photoréalistes. Edward Saatchi, le patron de Fable, explique à Variety qu’il n’a aucune intention de se lancer dans un combat contre Google ou OpenAI, qui ont développé des modèles IA vidéo bluffants de réalisme. « Si vous êtes en concurrence avec Google, pensez-vous vraiment pouvoir gagner ? (…) Notre objectif, c’est d’avoir les modèles les plus créatifs ».
Autre écueil : l’IA n’est pas très douée pour raconter des histoires sur plusieurs épisodes, comme c’est le cas de nombreuses séries qui suivent un fil rouge narratif. « Aujourd’hui, l’IA n’est pas capable de maintenir une intrigue au-delà d’un épisode », indique Edward Saatchi. « Là où elle est la plus performante, c’est sur des séries très épisodiques, où les personnages repartent quasiment de zéro à chaque fois — comme les sitcoms, les séries policières ou d’exploration spatiale. »
Pour commencer, Showrunner proposera deux séries animées : Exit Valley, une sorte de Family Guy dans l’univers de la Silicon Valley. Et Everything Is Fine où un couple plongé dans un univers parallèle fera tout pour se retrouver. Mais surtout, le lancement du service va permettre au grand public de tester le système de génération par IA.
Showrunner sera gratuit dans un premier temps, mais il faudra payer entre 10 et 20 $ par mois pour recevoir des crédits afin de générer du contenu (une centaine de scènes environ). Le visionnage restera gratuit, en revanche, et il sera possible de partager les contenus sur YouTube et ailleurs.
Sur le versant de la sécurité, des garde-fous ont été mis en place pour éviter les abus. Et le CEO a de l’ambition : il veut négocier un accord avec Disney et d’autres majors pour autoriser les utilisateurs de Showrunner à générer du contenu à partir de leurs personnages et univers. Pas sûr que la proposition rencontre l’enthousiasme des dirigeants des studios, qui préféreront peut-être développer leurs propres outils IA.
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Source : Variety