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Meta se réorganise pour courir après la « superintelligence »

Après plusieurs mois passés à dépenser sans compter pour attirer les meilleurs profils, Meta réorganise son nouveau labo IA en le découpant en quatre équipes, chacune chargée d’une partie spécifique de l’initiative. L’objectif est d’aboutir à la « superintelligence », une IA plus performante que les humains.

Mark Zuckerberg a mis beaucoup d’argent sur la table pour débaucher les forts en thème IA qui peuplent la Silicon Valley, d’Apple à OpenAI, en passant par des start-ups comme Scale AI. Meta emploie désormais des dizaines de chercheurs et de spécialistes à la pointe de l’intelligence artificielle, qui ont pour mission de développer la « superintelligence ».

Après le métavers, la nouvelle chimère de Meta

La « superintelligence » est un concept au moins aussi flou que l’intelligence artificielle générale (AGI). Cette dernière est censée représenter une IA capable de comprendre et d’accomplir n’importe quelle tâche intellectuelle qu’un humain peut réaliser. Après avoir beaucoup fait miroiter l’AGI pour ramasser les milliards de dollars indispensables au développement de ses data-centers, Sam Altman s’est montré beaucoup plus prudent. Sans doute parce que GPT-5 en est encore très éloigné, malgré les promesses.

Lire L’IA aussi intelligente que les humains, ce n’est pas demain la veille

L’industrie n’est pas encore parvenue à développer l’AGI, mais qu’à cela ne tienne, place maintenant à la nouvelle chimère : la superintelligence, qui désigne un stade hypothétique au-delà de l’AGI. Autrement dit, une IA qui dépasserait l’intelligence humaine dans quasiment tous les domaines… C’est la nouvelle marotte du CEO de Meta, dont les derniers modèles Llama 4 n’ont pas convaincu.

« La superintelligence arrive, et pour la prendre au sérieux, nous devons nous organiser autour des domaines clés qui seront essentiels pour l’atteindre — la recherche, le produit et l’infrastructure », a expliqué Alexandr Wang, l’ancien patron de Scale AI dans lequel Meta a investi 14 milliards de dollars, et nouveau chef de l’IA au sein du géant des réseaux sociaux. Dans le mémo intercepté par Bloomberg, il détaille la nouvelle structure de ce groupe, baptisé Meta Superintelligence Labs (MSL).

Il dirigera le TBD Lab, chargé de superviser les grands modèles de langage de Meta, dont Llama. Le labo de recherche & développement FAIR reste en place pour s’occuper de la recherche fondamentale. L’équipe Products and Applied Research s’occupera d’intégrer les technologies développées par TBD Lab dans des produits grand public. Enfin, MSL Infra se concentrera sur les infrastructures nécessaires pour entraîner les modèles IA.

Cette réorganisation intervient après plusieurs mois de turbulences. Meta a abandonné son ancien modèle Behemoth, jugé trop décevant, pour repartir de zéro. L’entreprise envisage même de renoncer à son credo open source, d’après des sources du New York Times : certains cadres évoquent la possibilité de développer un futur modèle fermé, à l’image d’OpenAI.

En coulisses, la réorganisation provoque des remous. Plusieurs figures historiques sont parties, et Meta chercherait aussi à réduire la voilure : son département IA compte désormais plusieurs milliers de personnes, et certains postes pourraient être supprimés ou redéployés.

Mark Zuckerberg n’entend toutefois pas ralentir. L’entreprise prévoit de dépenser jusqu’à 72 milliards de dollars cette année, principalement pour construire de nouveaux centres de données et recruter des chercheurs. Pour justifier ces paris colossaux, le patron de Meta mise sur une promesse : que la superintelligence ouvre « une nouvelle ère d’émancipation individuelle » et assure l’avenir de son empire numérique.

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Mickaël Bazoge