C’est comme s’il était sorti du temps, qu’il obéissait à sa propre temporalité et qu’il pouvait se passer du jargon traditionnel des lancements de produit d’Apple : l’iPhone Air n’est pas un iPhone comme les autres. Ainsi l’a voulu Apple en le dévoilant quelques secondes avant le reste de sa gamme de smartphones et en lui substituant le nombre 17 par la mention « Air », qui chez Apple renvoie à un passé sublimé.
Comment ne pas faire le parallèle avec ce 15 janvier 2008 lorsque Steve Jobs en personne sortait d’une enveloppe le premier ultraportable d’Apple au cours d’une keynote restée dans les annales. La lecture des articles de l’époque résonne étrangement avec les réactions des premières personnes qui ont pu prendre l’iPhone Air entre les mains. « Design sublime, limites techniques », mais est-ce aussi simple de résumer le petit dernier de Cupertino ?
Alors que les dernières rumeurs, à quelques heures seulement du lancement, prévoyaient une montagne de compromis techniques, l’officialisation de l’iPhone Air a créé une petite sensation. Le plus fin des iPhone ne se contente pas d’une puce quelconque, mais de ce qui se fait de mieux à Cupertino : l’A19 Pro. Côté écran, c’est aussi de la dentelle avec un Super Retina XDR de 6,5 pouces. L’iPhone Air se paye même le luxe d’inaugurer une puce maison, la C1X pour une meilleure connexion cellulaire. S’il fait beaucoup pour réduire sa finesse, l’iPhone Air ne sacrifie pas tout sur l’autel de la minceur. Pour autant, justifie-t-il ses 1 229 euros ?
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Cdiscount
Boulanger
RueducommerceAprès une semaine de test, de benchmarks et autres tortues en tout genre, il est l’heure de donner notre avis sur l’iPhone Air.
Un design avant tout
On reproche parfois à Apple de reproduire d’une année sur l’autre le même smartphone à quelques détails près. L’iPhone Air est la réponse des ingénieurs de Cupertino à cette approche incrémentale tant décriée. Le smartphone ultrafin d’Apple met le design au cœur de son projet, il en fait sa raison d’être et un manifeste de ce dont Cupertino est capable en matière d’ingénierie et de style. Ce n’est pas le smartphone le plus fin au monde, mais là n’est pas le plus important. C’est probablement l’un des mieux conçus.
Avant même de parler de conception, il convient de saluer l’excellente qualité de fabrication, le fameux « look and feel » de ce smartphone sans pareil. Plus que sa finesse, 5,6 mm, c’est son poids qui étonne lorsqu’on le prend en main pour la première fois : 165 grammes. À peine 30 de moins que les 199 grammes de l’iPhone 16 Pro avec lequel nous jonglons au quotidien. Et pourtant, à la pesée, cet écart semble abyssal et donne un intérêt immédiat à l’iPhone Air.
Le processus de séduction se poursuit lorsqu’on glisse l’iPhone Air dans sa poche. Sa finesse extrême et son poids réduit le rendent quasiment imperceptible, or pour quelqu’un qui a l’habitude de garder son smartphone collé à sa cuisse, ce petit confort n’est pas superflu.
Enfin, et c’est peut-être l’essentiel, c’est une fois en main que son design est le plus convaincant. Ses proportions, ses bordures incurvées en titane poli, son écran, le dessin presque soyeux de son bloc photo, la précision millimétrique de l’ensemble… voilà un smartphone qui en jette.
La comparaison avec le Samsung Galaxy Edge 25 est cruelle pour le smartphone coréen. À peine plus épais (5,8 mm), le Edge donnerait presque l’impression d’être un mock-up un peu grossier. Sur ce point, Apple prouve une fois de plus que ses standards de qualité sont les plus élevés de l’industrie.
Un bijou de conception
Puisque la solidité de l’iPhone Air est le sujet préféré des commentateurs d’Apple depuis la Keynote du 9 septembre, nous leur laisserons le loisir de tordre le smartphone à souhait. Si vous avez lancé YouTube au moins une fois ces deux dernières semaines, vous n’y avez sans doute pas échappé : l’iPhone Air semble robuste, il plie un peu mais ne rompt pas. Nous pouvons donc passer à autre chose.
En effet, il y a beaucoup à dire sur la conception de l’iPhone Air. Apple l’a évoqué lors de l’annonce de son smartphone et le démontage en bonne et due forme d’iFixit l’a confirmé : à l’intérieur aussi cet iPhone ne ressemble à aucun autre smartphone.
Pour cet iPhone ultrafin, les ingénieurs d’Apple ont opté pour un agencement interne très particulier. C’est la batterie qui occupe la quasi-totalité de la surface du smartphone. Le reste des composants est logé dans le module caméra, à droite du capteur. Carte mère et puces se retrouvent donc sous le « plateau » de l’appareil, ce qui, accessoirement, rend le smartphone plus réparable qu’un iPhone plus traditionnel.
Une finesse dure à porter
Quid de la finesse quand il faut ajouter une coque ? En effet, revêtu d’une couche de protection, l’Phone Air perd sa principale qualité. Or, la majorité des utilisateurs opte pour un étui qui, dans le cas présent, gâchera quelque peu la prise en main si particulière du téléphone. Se pose alors une question : à quoi sert un smartphone ultrafin si on ne peut pas profiter de sa finesse ? Certes, vous pouvez choisir l’autre option, et vous passer de protection, mais à plus de 1 200 euros, on vous déconseille vivement cette audace.
Un écran au top niveau
L’écran est traditionnellement l’un des points forts des iPhone, sauf lorsqu’Apple persiste à faire des choix contraires à la raison (comme le 60 Hz sur l’iPhone 16, par exemple).
Celui de l’iPhone Air est tout simplement un modèle du genre, l’un des plus lumineux et l’un des mieux calibrés du marché. Sur ces aspects, nous nous appuierons sur les données mesurées par le 01lab, particulièrement attentif sur ce point.
De fait, la dalle Super Retina XDR de 6,5 pouces (2736 x 1260 et 460 ppp) s’inscrit dans la continuité des générations précédentes avec une calibration proche de la perfection. Avec un Delta E de 1 sur les gris et une température des couleurs de 6 340 K, très proche des 6 500 K de référence, les premiers résultats sont excellents et confirment l’impression visuelle.
Mais c’est en creusant davantage qu’on mesure la prouesse de cet afficheur. En effet, la dalle de l’iPhone Air couvre 99 % de l’espace colorimétrique sRGB et affiche un Delta E des couleurs en P3 de 2,79 ainsi qu’un delta E sRGB excellent à 0,7. Habituellement les smartphones que nous testons peuvent exceller dans la première ou la seconde mesure mais ne sont que très rarement bons sur les deux à la fois. De ce point de vue, l’écran de l’iPhone Air fait figure d’exception.
Surtout, il ne se contente pas d’une fidélité des couleurs presque parfaite, il dispose également d’une luminosité au top (2937 cd/m²), d’un pic lumineux HDR tout aussi élevé (1547 cd/m²) et d’un taux de rafraîchissement 1-120 HZ (le fameux ProMotion chez Apple).
L’iPhone Air au quotidien : des concessions à prévoir
C’est dans le cas d’un usage régulier qu’on apprécie à sa juste mesure la finesse et la légèreté du smartphone ultrafin d’Apple, mais c’est aussi sur des petits usages spécifiques que certaines de ses limites se révèlent au grand jour.
Il en va ainsi du seul haut-parleur disponible sur le smartphone. Faute de place sur la tranche inférieure, l’iPhone Air se contente d’un seul haut-parleur mono placé subtilement entre le haut de l’écran et la bordure. Sur le papier, un HP au lieu de deux semble un compromis acceptable, d’autant plus que la qualité de l’audio reste correcte. Dans les faits, c’est autre chose. Lorsqu’il est utilisé au format paysage, l’iPhone Air voit souvent son seul haut-parleur obstrué par les doigts de son utilisateur. C’est un compromis minime, nous direz-vous, mais à 1 200 euros, c’est le genre de détails qui fait la différence. Même remarque pour le micro du smartphone placé sur la tranche inférieure près de l’USB-C et qui peut être parfois couvert par un doigt. Résultat : des vidéos où manque le son, c’est ballot.
Autre limite qui concernera assez peu d’utilisateurs cependant : l’USB-C de l’iPhone Air, pourtant plus fin, plus résistant, imprimé en titane et en 3D, a des vitesses de transfert limitées à 480 Mb/s, c’est-à-dire celles du vieux standard USB 2. En 2025, ce choix est une faute.
Des performances de Pro ?
C’était la surprise du chef au soir de la keynote. Longtemps annoncé avec la puce A19, l’iPhone Air a finalement opté pour la puce la plus haut de gamme d’Apple, l’A19 Pro. Embarquer la même puce que l’iPhone 17 Pro Max, mais faire l’impasse sur son système de refroidissement conduit nécessairement à davantage de chauffe.
Sur ce point, Apple assume ses choix : chambre à vapeur ? Il n’y a tout simplement pas la place. Aluminium unibody ? Le titane est plus léger et répond davantage aux choix de design. Cupertino fait le pari que son A19 Pro, et de manière générale, sa gestion de la chauffe des composants sauront compenser ses choix de conception.
Dans les faits, l’iPhone Air chauffe effectivement, mais pas de manière anormale. Dans les résultats des tests du 01lab, le smartphone ultrafin affiche une température maximale de 43,1°C lorsqu’il est poussé dans ses retranchements. Cette chaleur se concentre sur la partie supérieure, près du plateau, là où sont contenus la majorité de ses composants. Ce pic de chauffe est relativement classique pour un smartphone soumis au « Wild Life Stress Test ». Pour autant, l’iPhone Air affiche une stabilité assez notable sur ce benchmark avec un score de 96,2 %, ne montrant des signes d’un léger throttling (une réduction des performances de la puce pour éviter la surchauffe) qu’au bout de 16 mn de « torture ».
À titre de comparaison, un iPhone 16 Pro de l’an dernier atteint aussi une chaleur maximale de 43,8 °C dans les mêmes conditions et un Xiaomi 15T Pro dépasse les 47°C.
Sur le reste des tests de performances, l’iPhone Air s’en sort tout aussi convenablement et confirme la polyvalence de la puce A19 Pro. Ce n’est clairement pas de ce côté-là que les limites se feront sentir, y compris si vous lancez des jeux un peu gourmands.
Trop juste en photo
Une partie non négligeable des acheteurs de l’iPhone Air devra se faire à l’idée suivante : son dernier smartphone était probablement meilleur en photo. La raison ? Le plus fin des iPhone se contente d’un seul capteur de 48 Mpx, probablement le même que celui de l’iPhone 17. Qu’Apple soit contraint de se limiter à un capteur pour préserver la finesse de l’ensemble peut s’entendre, même si Samsung à trouvé la place d’en mettre deux. Qu’importe, à 1 229 euros, la moindre des choses aurait été d’opter pour la meilleure version de ce capteur, celle qui équipe l’iPhone 17 Pro.
On regrettera surtout l’absence d’ultra-grand angle (ou de téléobjectif) et le fait de devoir se contenter d’un grand angle équivalent à 26 mm. Idem pour le zoom. Apple avait laissé planer le doute au soir de l’annonce, mais les faits sont tenaces. L’iPhone Air ne dispose pas d’un zoom x2, mais passe par un crop x2 du capteur de 48 Mpx pour simuler l’agrandissement. Inutile également de chercher un mode macro ou un quelconque téléobjectif, il faut se contenter ici du minimum vital.
À gauche, le Galaxy S25 Edge, à droite l’iPhone Air.
Pour autant, les clichés réalisés par l’iPhone Air, de jour, sont très corrects. On regrettera un léger manque de piqué, notamment lorsqu’on simule le zoom x2. Néanmoins, pour des photos quotidiennes et de jour, le rendu est globalement satisfaisant. Naturellement, ça se complique la nuit. Dès que l’on manque de lumière, la qualité se dégrade, notamment dans les coins de l’image qui se montrent moins nets et moins exposés.
L’autre grande faiblesse de cette partition photo concerne le mode portrait. Le seul capteur de 48 Mpx peine à proposer des effets bokeh réussis, et là encore la qualité se dégrade à mesure que la lumière baisse. Pour compenser ce qu’il savait être un point faible, Apple a misé sur un autre point : le capteur frontal.
Capteur selfie : la bonne idée Center Stage
L’iPhone Air inaugure un nouveau capteur selfie (qui est aussi présent sur la gamme iPhone 17). Ce capteur de 18 Mpx dispose d’une botte secrète issue de macOS mais adaptée à un usage mobile : Center Stage.
Concrètement, le capteur carré de l’appareil photo frontal permet de changer le format des photos. Il est évidemment toujours possible de faire des photos verticales (portrait), mais lorsque plusieurs personnes sont au premier plan, la photo peut passer à l’horizontal (paysage), voire même en ultra grand-angle. L’application photo de l’iPhone Air passe de l’un à l’autre automatiquement, mais laisse toujours la possibilité à l’utilisateur d’ajuster ce réglage, notamment pour basculer en paysage. Pratique, très malin et ultra facile à utiliser en photo comme en vidéo, Center Stage fait son effet.
Autonomie : la journée, pas plus
Quelques heures après son annonce officielle, un chiffre est venu ternir les premières impressions sur l’iPhone Air : 3149. C’est en mAh, la capacité de la batterie de ce smartphone. La valeur n’est pas absurde dans l’absolu, mais elle est nettement inférieure à celle des smartphones haut de gamme du moment : 4 970 mAh pour le Pixel 10, 5 000 mAh pour le Galaxy S25 Ultra, 4 252 mAh pour l’iPhone 17 Pro et même 5 500 mAh pour le Xiaomi 15T Pro. Bien entendu, compte tenu de sa finesse, l’iPhone Air peut difficilement rivaliser avec cette classe de smartphones. Mais qu’en est-il du Galaxy S25 Edge ? Il lui est aussi supérieur sur le papier avec une batterie de 3 900 mAh. Et dans les faits, comment l’iPhone Air s’en sort-il en matière d’autonomie ?
Sur ce point, le verdict du 01lab est sans appel. L’iPhone Air affiche un score médiocre de 15 h 38 sur notre test d’autonomie en usage mixte. C’est l’une des plus faibles que nous ayons mesurées ces derniers mois et elle est également inférieure à celle obtenue par le concurrent en matière de finesse chez Samsung : 17 h 21 min pour le S25 Edge. La nouvelle puce maison, C1X, dont certains espéraient qu’elle puisse avoir une action magique sur l’autonomie, ne fait donc pas de miracles.
Concrètement, les craintes en matière d’autonomie sont avérées. Selon l’usage que vous en ferez, l’iPhone Air tiendra une journée, voire même un peu moins. Il nécessitera quoi qu’il en soit une charge quotidienne. Pour les utilisateurs exigeants, l’achat d’une batterie externe s’impose et si l’on regarde du côté de la MagSafe, elle tend à éliminer la finesse intrinsèque du smartphone – en plus d’être horriblement chère – (115 euros).
Malheureusement pour l’iPhone Air, les performances ne sont pas bien meilleures du côté de la charge. Là encore les chiffres du 01lab parlent d’eux-mêmes. 2 h 08 pour charger intégralement le smartphone. C’est le plus mauvais résultat parmi la dernière livrée des iPhone et c’est aussi très en retrait par rapport aux smartphones haut de gamme concurrents.
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