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eSIM : le cauchemar qui obsède les opérateurs traditionnels

C’est la grande hantise des opérateurs téléphoniques : être relégués au rang de simples tuyaux, des fournisseurs de réseau sans relation avec les clients. Avec la démocratisation de l’eSIM, ce cauchemar se rapproche mais les opérateurs veillent au grain… jusqu’à quand ?

La carte SIM électronique (eSIM) directement intégrée dans la carte mère des smartphones permet aux constructeurs de gagner de la place dans leurs appareils pour caser, par exemple, une batterie plus imposante. Avec l’eSIM, pas besoin de manipulation hasardeuse ou d’attendre que le carte SIM arrive par la Poste, et elle ouvre aussi la porte à de nouveaux services : souscription facilitée à un volume de data quand on se trouve à l’étranger, gestion de plusieurs profils en parallèle (travail, perso, voyages…).

L’eSIM ouvre la porte à de nouveaux concurrents

Une grande partie des smartphones vendues aujourd’hui en France sont équipés d’une eSIM en tandem avec une bonne vieille carte nano SIM, que l’on peut insérer physiquement dans un tiroir dédié. L’eSIM n’est pas encore très répandue, mais elle va certainement s’imposer de plus en plus. L’iPhone Air est ainsi le premier smartphone Apple uniquement eSIM vendu partout dans le monde. Les iPhone (et les Pixel 10) commercialisés aux États-Unis n’ont plus de carte SIM traditionnelle.

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Les opérateurs sont évidemment sur les dents, en France et ailleurs, pour assurer la transition la plus souple possible. Au-delà des contraintes techniques, les bouleversements induits par l’eSIM représentent une menace existentielle pour les opérateurs traditionnels, comme le rapporte Le Monde.

Des acteurs qui ne sont pas issus du domaine de la téléphonie mobile peuvent désormais proposer des forfaits eSIM directement aux utilisateurs, sans passer par les opérateurs classiques. Il existe déjà de tels services : Airalo, Holafly, ou encore des entreprises reconnues dans d’autres secteurs comme Revolut ou NordVPN. À plus long terme, rien n’empêcherait les constructeurs eux-mêmes de négocier des volumes de données en gros pour les écouler ensuite par petits bouts auprès de leurs clients.

Le rôle des opérateurs se réduirait dès lors à la portion congrue, c’est à dire celle de robinets cellulaires, perdant de la sorte le contact direct avec les abonnés. Les parcours d’activation et de gestion pourraient passer davantage par le système d’exploitation du smartphone ou les plateformes du constructeur. Par ailleurs, l’eSIM élimine de l’équation le point d’entrée physique, qu’il s’agisse de la carte SIM ou de la boutique ; la capacité des opérateurs à vendre d’autres services en est d’autant réduite.

On n’en est pas là. Les opérateurs savent très bien qu’Apple, Samsung et les autres ont besoin de leurs réseaux de distribution et de leurs boutiques pour écouler leur camelote. Mais combien de temps cela peut-il durer, à l’heure où l’on achète volontiers son smartphone sur internet ? Des discussions ont lieu dans les coulisses pour que chacun reste dans son couloir, mais il arrivera bien un jour où un constructeur voudra manger une part du gâteau des opérateurs traditionnels.

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Source : Le Monde


Mickaël Bazoge