Depuis quelques jours, TikTok s’enflamme. Des vidéos, cumulant des milliers de vues, alertent sur un prétendu nouveau danger lié à Waze, l’application aux 17 millions d’utilisateurs en France. Elles affirment que des individus malveillants détourneraient l’une des fonctionnalités phares de l’appli pour orchestrer des embuscades.
Comment Waze pourrait être détourné ?
Le mode opératoire décrit semble machiavélique, comme le rapporte 20 Minutes. Il s’appuierait sur la fonction de « signalement », cet outil collaboratif qui permet à n’importe quel conducteur de signaler un danger, un accident ou un véhicule à l’arrêt.
Selon les tiktokeurs, le piège se déroulerait en deux temps. D’abord, des complices signaleraient en masse un faux danger sur une route fréquentée. L’algorithme de Waze, pensant bien faire, proposerait alors un itinéraire bis pour contourner l’obstacle imaginaire. C’est là que le guet-apens se refermerait. « Tu te retrouves sur une petite route pas du tout éclairée, un petit peu flippante », raconte une utilisatrice dans sa vidéo. L’application cesserait alors d’afficher le trajet, laissant le conducteur isolé et vulnérable.
Techniquement possible, mais pratiquement improbable
Pour Kenan Tekin, ingénieur en cybersécurité, la réponse est plus nuancée qu’il n’y paraît. Il confirme qu’il est « techniquement possible » pour des cybercriminels « d’exploiter les fonctionnalités collaboratives de Waze » afin de manipuler les itinéraires.
Après tout, ce type de manipulation n’est pas totalement nouveau. On se souvient de cet artiste ayant créé un faux embouteillage sur Google Maps en se promenant avec 99 smartphones dans une petite charrette. De plus, l’expert ajoute que des criminels pourraient « utiliser un brouilleur pour couper le réseau mobile, compliquant l’appel aux urgences ». La faisabilité technique existe donc. Cependant, la mise en place d’une telle opération coordonnée soulève de sérieuses questions de logistique pour un résultat très incertain.
Quand les preuves font pschitt
Malgré cette possibilité théorique, la rumeur s’effondre rapidement lorsqu’on examine les « preuves ». Le premier problème, et non des moindres : l’absence totale de témoignages vérifiés ou de plaintes relayées par la presse ou les forces de l’ordre.
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Surtout, les images choc utilisées dans les vidéos virales sont complètement détournées. Plusieurs vidéos montrant des véhicules encerclés par des groupes d’individus proviennent en réalité de médias étrangers, comme la chaîne bolivienne Red Uno, et illustrent des faits divers survenus en Inde, sans aucun lien avec une application GPS.
Un autre cas, montrant une photo d’une moto endommagée, est présentée comme la preuve qu’un motard a été piégé. Elle est, en réalité, issue d’un article du journal Le Progrès datant de 2020. Le sujet ? Un accident mortel causé par une collision avec un chevreuil.

Pour couronner le tout, TF1 info a repéré sur une autre vidéo la mention Veo, soit le logo du générateur de vidéos par intelligence artificielle de Google. Une preuve fabriquée de toutes pièces.
Au final, cette rumeur de guet-apens via Waze ressemble à une coquille vide, alimentée par des vidéos trompeuses et l’anxiété générale. Waze dément d’ailleurs les allégations selon lesquelles son service serait manipulé pour piéger des conducteurs.
Si la prudence reste de mise sur la route, rien n’indique aujourd’hui que votre application GPS cherche à vous tendre un piège. En revanche, cela ne signifie pas que ces applications sont exemptes de risques : elles peuvent être la cible de comportements malveillants, comme en témoigne le phénomène bien réel des « dépanneurs pirates ». Cet épisode reste une bonne piqûre de rappel sur la nécessité de vérifier les informations avant de les partager massivement.
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