Dans le dossier Apple contre Londres, le gouvernement britannique a finalement fait marche arrière. Selon la responsable du Renseignement américain, ce mardi 19 août, le Royaume-Uni a bien renoncé à sa demande controversée formulée à Apple, visant à ce que la firme américaine fournisse une « porte dérobée » à l’administration britannique, à des fins d’accès aux données chiffrées des utilisateurs d’iCloud.
Selon Tulsi Gabbard, à la tête du Renseignement américain, le Royaume-Uni a « accepté de renoncer à exiger d’Apple qu’il fournisse une “porte dérobée” qui aurait permis d’accéder aux données chiffrées protégées des citoyens américains et qui aurait porté atteinte à nos libertés civiles », écrit-elle sur son compte X.
Over the past few months, I’ve been working closely with our partners in the UK, alongside @POTUS and @VP, to ensure Americans' private data remains private and our Constitutional rights and civil liberties are protected.
As a result, the UK has agreed to drop its mandate for…
— DNI Tulsi Gabbard (@DNIGabbard) August 19, 2025
Un conflit commencé en janvier dernier
En janvier dernier, Londres avait ordonné en janvier dernier à Apple d’accéder aux données chiffrées du cloud de tous ses clients, y compris américains, notamment via la mise en place de portes dérobées – les fameuses « back doors », sur la base de « l’Investigatory Powers Act », une loi britannique de 2016. Cette législation, très critiquée par les défenseurs de la vie privée, permet de mieux lutter contre le terrorisme et les abus sexuels sur les enfants, selon le gouvernement britannique.
Le Royaume-Uni, qui dispose de « garanties solides et d’un contrôle indépendant pour protéger la vie privée », pourrait exiger ces accès « qu’à titre exceptionnel, en relation avec les crimes les plus graves », expliquait le ministère de l’Intérieur britannique quelques mois plus tôt.
JD Vance directement à la manœuvre ?
Pour éviter d’avoir à répondre à cette demande, Apple avait désactivé, le 24 février dernier, une de ses fonctionnalités chiffrées dans le pays, « la fonction de protection avancée des données (ADP) d’iCloud ». Cette dernière permet à l’utilisateur de stocker la quasi-totalité de ses données dans le nuage d’iCloud, en les chiffrant de bout en bout.
La firme de Cupertino avait également attaqué en justice la demande devant l’Investigatory Powers Tribunal, qui examine les plaintes déposées contre les services secrets britanniques. De son côté, Donald Trump avait fustigé une telle demande, la comparant à de « la surveillance chinoise ».
Selon Tulsi Gabbard, le vice-président américain JD Vance serait directement intervenu pour s’assurer de ce retrait, qui n’a pas encore été officialisé par Londres, à l’heure de la publication de cet article. « Le vice-président a négocié un accord mutuellement avantageux selon lequel le gouvernement britannique retirera l’ordonnance actuelle imposant une porte dérobée à Apple », a déclaré la responsable américaine, dans les colonnes du Financial Times, ce mardi 19 août.
Un renoncement pour les utilisateurs américains : et les Européens ?
La technologie de chiffrement, qui permet à des conversations ou des documents de n’être visibles que par les détenteurs d’une clé qui permet de les déchiffrer, est attaquée depuis des années par des gouvernements, y compris européens. Si les services chiffrés comme ceux d’Apple, de WhatsApp, de Telegram, de Signal ou encore d’Olvid sont très utilisés par des citoyens et des entreprises, ils le sont aussi par la grande criminalité.
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En France, des amendements d’un projet de loi prévoyaient un accès similaire, avant d’être finalement supprimés. Outre Atlantique, la demande de portes dérobées du Royaume-Uni avait créé des remous : elle avait provoqué l’ire du président américain Donald Trump, qui n’a pas hésité à brandir la menace de représailles commerciales, comme des droits de douane salés.
Si les utilisateurs américains d’iCloud voient la menace d’une porte dérobée s’éloigner, il n’en est pas forcément de même pour les utilisateurs d’autres nationalités, comme les Européens. La cheffe du Renseignement américain s’est en effet bornée à évoquer « la confidentialité des données privées des Américains ».
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