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Le nouveau VPN gratuit de Free : coup de génie ou provocation face à la loi ?

Le nouveau VPN gratuit de Free permet de contourner le blocage des sites pornos. Une aubaine pour les utilisateurs, mais un vrai casse-tête pour l’Arcom.

Le timing a de quoi interpeller. Quelques mois à peine après l’entrée en vigueur de la loi visant à interdire l’accès des sites pornographiques aux mineurs, Free lance un service de VPN gratuit pour ses abonnés mobiles. Simple outil pratique ou véritable pied de nez à la législation ? La question est posée, et l’opérateur se retrouve déjà dans le viseur du régulateur.

L’Arcom saisie, la polémique enfle

Il n’aura pas fallu longtemps pour que l’affaire éclate. Le 18 septembre, le député PS Thierry Sother est monté au créneau en saisissant l’Arcom, le gendarme du numérique. Son grief ? Ce VPN gratuit, en masquant l’adresse IP de l’utilisateur et en simulant une connexion depuis l’étranger (Italie ou Pays-Bas), permettrait aux mineurs de contourner avec une facilité déconcertante les mesures de vérification d’âge.

Je saisis l’ #Arcom : le #VPN gratuit offert par Free à ses abonnés permet aux mineurs de contourner les restrictions d’âge en ligne. Un danger pour leur sécurité et leur santé, alors que la commission d’enquête #TikToK a montré qu’il était urgent de mieux les protéger @socialistesan.bsky.social

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— Thierry Sother (@thierrysother.bsky.social) 18 septembre 2025 à 17:38

Pour l’élu, l’initiative de Free « soulève de graves préoccupations ». Il estime qu’en fournissant cet outil, l’opérateur « compromet directement l’efficacité et la portée de cette législation » et met en danger la sécurité et la santé des plus jeunes.

Un casse-tête pour le régulateur

Techniquement, la position de l’Arcom est délicate. Son pouvoir se limite habituellement au blocage ou au déréférencement de sites, sans avoir de prise directe sur les services de VPN. Cependant, un détail change tout : c’est Free lui-même, en tant qu’opérateur, qui propose ce service « au cœur de son réseau ».

Comme l’a révélé le média Contexte (via Frandroid), cette situation pourrait donner à l’Arcom un levier inattendu. Le régulateur pourrait exiger que les opérateurs agissent sur les VPN qu’ils éditent eux-mêmes. L’autorité a d’ailleurs confirmé suivre le dossier « avec attention », même si elle tempère en expliquant que l’usage des VPN reste encore minoritaire chez les jeunes.

La défense de Free et la petite phrase de Xavier Niel

Du côté de Free, on calme le jeu. L’opérateur se défend en rappelant que les VPN sont des outils très courants, proposés par de nombreux acteurs du marché. Il souligne également l’existence d’un contrôle parental gratuit sur ses offres mobiles, qui reste actif même lorsque le VPN est en marche, permettant aux parents de garder la main.

Pourtant, une intervention de Xavier Niel lui-même jette de l’huile sur le feu. Dans un échange sur le réseau social X, le fondateur de Free a avoué, dans une allusion à peine voilée, que son VPN pouvait justement servir à contourner les restrictions françaises.

Plus qu’un VPN, un danger pour les futures lois ?

Au-delà de cette affaire, le député Thierry Sother s’inquiète d’un effet domino. Si les opérateurs eux-mêmes se mettent à fournir des outils de contournement, comment appliquer les futures régulations ? Il cite notamment le projet gouvernemental d’interdire l’accès aux réseaux sociaux aux moins de 15 ans, qui deviendrait totalement inapplicable.

Entre la protection des mineurs et la liberté d’accès à internet, le VPN de Free met en lumière une faille béante dans l’arsenal législatif français. Une étude récente de l’Arcom rappelait que 40 % des enfants consultent chaque mois des sites pornographiques, preuve que le défi est immense.

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Source : Ouest-France


Thomas Estimbre