C’est un secret de Polichinelle, les compteurs Linky peuvent être bidouillés pour faire en sorte que la consommation d’électricité relevée soit moindre que celle réellement utilisée. Il existe un vrai business autour de cette activité, qui consiste à installer un shunt ou à trafiquer les fils dans l’appareil. Évidemment, tout cela est illégal.
Enedis un peu trop zélé
Depuis 2022, lorsque les prix ont explosé, 100 000 compteurs auraient ainsi été trafiqués. Devant l’ampleur de la fraude qui représente un préjudice à hauteur de plusieurs centaines de millions d’euros, Enedis multiplie les contrôles. De 12 000 l’an dernier, ils passeront à 30 000 en 2025.
Lire Linky : Enedis veut en finir avec les bidouilleurs de compteurs
Cette chasse aux fraudeurs pousse Enedis au zèle, comme le dénonce l’UFC-Que Choisir. Plusieurs consommateurs ont reçu des courriers comminatoires qui laissent peu de place au débat contradictoire. « Le compteur de votre installation présente une succession d’événements, dont la baisse anormale de l’énergie comptabilisée, caractéristique d’une situation de fraude au comptage nécessitant un contrôle de votre situation », explique l’un d’entre eux envoyé (avec accusé de réception) à un consommateur dans la Manche. Le tout assorti d’une date de passage d’un technicien où il faut absolument être présent à domicile pour lui ouvrir.
Le hic, c’est que la baisse constatée s’explique très simplement : la maison était inhabitée durant la période visée. Le technicien a d’ailleurs pu le constater et rassurer le client… qui reçoit quelques semaines plus tard un nouveau courrier d’Enedis pour indemnisation du préjudice ! Et à la clé, une demande de signature du bordereau rectificatif des consommations d’électricité.
L’association conseille vivement de ne pas signer ce bordereau « si vous vous savez innocent ». Le signer reviendrait à reconnaitre une faute imaginaire alors que le débat contradictoire n’est pas terminé et que le client peut apporter les preuves des variations de consommation.
S’il est légitime pour Enedis de combattre la fraude, le fait est que la charge de la preuve est renversée : c’est au client de démontrer qu’il n’a pas fraudé, tandis que l’entreprise fait pression pour obtenir un dû parfois imaginaire. « Nous nous efforçons à éviter au maximum [les erreurs de détection et d’instruction des fraudes] et beaucoup de procédures s’arrêtent après le contrôle sur place de notre agent », assure Bertrand Boutteau, le monsieur « Pertes et fraude » d’Enedis.
Le médiateur de l’énergie a en tout cas épinglé Enedis dans ses derniers rapports, lui reprochant le « mauvais traitement » des réclamations de ses clients et la dégradation des conditions d’instruction des litiges en médiation.
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Source : UFC-Que Choisir