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WhatsApp : la Chambre des États-Unis interdit la messagerie à son personnel à cause d’un « manque de transparence »

La Chambre des représentants américaine interdit désormais l’usage de WhatsApp sur les appareils gouvernementaux. Elle pointe du doigt des risques jugés trop élevés en matière de cybersécurité. La décision de la Chambre a fait bondir Meta, qui ne comprend pas les raisons de l’interdiction.

La Chambre des représentants, l’une des deux chambres du Congrès des États-Unis, n’autorise pas son personnel à installer WhatsApp sur les appareils fournis par le gouvernement, rapporte Axios. Le média a pu consulter un message interne récent de la directrice administrative de la Chambre, Catherine Szpindor. 

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WhatsApp, « un service à haut risque »

Dans l’avertissement envoyé à tous les membres du personnel, elle indique que « le Bureau de la cybersécurité considère WhatsApp comme un service à haut risque pour les utilisateurs, en raison d’un manque de transparence sur la protection des données, de l’absence de chiffrement des données stockées et des failles potentielles en matière de sécurité ». Considérant la messagerie comme risquée, la directrice administrative souligne que « le personnel de la Chambre n’est PAS autorisé à télécharger ou à utiliser l’application WhatsApp sur un appareil appartenant à la Chambre, qu’il s’agisse des versions mobiles, de bureau ou web ».

WhatsApp s’appuie pourtant le protocole cryptographique Signal Protocol pour chiffrer les communications de ses utilisateurs. Il s’agit du même protocole que celui utilisé par Signal… l’une des alternatives plébiscitées par la Chambre des représentants américaines. Celle-ci encourage en effet son personnel à délaisser WhatsApp pour Signal, Microsoft Teams, Wickr, iMessage et FaceTime. Visiblement, les inquiétudes du Bureau de la cybersécurité du gouvernement ne concernent pas le protocole de chiffrement employé par Meta, maison mère de WhatsApp.

Interrogée par The Verge au sujet de l’interdiction promulguée en début de semaine, Catherine Szpindor déclare que « la protection de la Chambre est notre priorité absolue » et affirme surveiller « en permanence les menaces potentielles en matière de cybersécurité, afin de prévenir tout risque pesant sur les données des membres du Congrès et de leur personnel ». 

Le personnel de la Chambre reste libre d’utiliser WhatsApp sur ses appareils personnels, à condition de ne pas le faire dans des zones sensibles, comme les briefings classifiés ou les installations sécurisées. Notez que WhatsApp n’est pas la seule application interdite par la Chambre. Le réseau social TikTok est également banni des appareils gouvernementaux, et l’utilisation de la version gratuite de ChatGPT fait l’objet de plusieurs restrictions.

Meta conteste la décision

Sans grande surprise, Meta est monté au créneau pour fustiger la décision de la Chambre des représentants. Le groupe californien indique contester « fermement la position exprimée par la directrice administrative de la Chambre ». Par le biais de son porte-parole Andy Stone, l’entreprise ajoute « que les membres du Congrès et leurs équipes utilisent régulièrement WhatsApp, et nous espérons qu’ils pourront bientôt le faire de manière officielle, comme c’est déjà le cas au Sénat ».

Par ailleurs, Meta rappelle que les « messages envoyés via WhatsApp sont chiffrés de bout en bout par défaut, ce qui signifie que seuls les destinataires peuvent les lire — pas même WhatsApp n’y a accès ».  C’est un « niveau de sécurité est supérieur à celui de nombreuses applications actuellement approuvées par la directrice administrative, qui ne proposent pas de telles garanties ».

Le porte-parole évoque vraisemblablement le cas de Microsoft Teams, qui n’est pas chiffré de bout en bout par défaut, ou de iMessage, dont le chiffrement intégral est réservé aux communications entre les appareils Apple. Comme WhatsApp, iMessage chiffre toutes les conversations de bout en bout, ce qui empêche même Apple d’y accéder. Mais cette protection ne fonctionne que dans l’écosystème Apple. Dès qu’un utilisateur d’iPhone échange avec un téléphone Android, les messages basculent en SMS, un protocole beaucoup moins sécurisé que WhatsApp.

Comme le souligne Bleeping Computer, il est possible que la décision de la Chambre découle de l’ajout de publicités au sein de WhatsApp. L’application prévoit de tester prochainement des publicités dans l’onglet « Actus », au niveau des Statuts. Ces annonces s’afficheront entre deux Statuts, à la manière des Stories sur Instagram. Pour personnaliser l’affichage des publicités, WhatsApp s’appuiera sur la langue du téléphone, la localisation approximative et ainsi que certaines des interactions de l’utilisateur. Le système reposera sur les métadonnées, tandis que les données resteront chiffrées.

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Source : Axios


Florian Bayard