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« Stop Killing Games » : un million d’Européens refusent la date de péremption des jeux

Acheter un jeu ne garantit pas d’y jouer éternellement — et c’est bien ce que dénoncent plus d’un million de joueurs européens. La pétition « Stop Killing Games » demande à la Commission européenne de se pencher sur la disparition programmée de certains titres, rendus injouables faute de serveurs.

Contrairement à ce qu’on pourrait imaginer, en achetant un jeu on n’en devient pas propriétaire avec un « droit à jouer » éternel. Comme l’a rappelé Steam en octobre dernier, acheter un jeu revient à en obtenir une simple licence que l’éditeur peut révoquer. Ce principe est de plus en plus mal accepté par les joueurs, alors que les jeux (et les machines nécessaires pour les faire tourner) coûtent de plus en plus chers.

Un « plan de fin de vie » pour les jeux

Il y a quelques mois, l’activiste Ross Scott a lancé une pétition à l’échelle européenne, « Stop Killing Games », demandant aux autorités de débattre d’une législation sur la préservation des jeux vidéo. L’objectif était d’atteindre un million de signatures, seuil nécessaire pour que cette initiative citoyenne européenne soit prise en compte par la Commission.

La goutte qui a fait déborder le vase a été le débranchement des serveurs du jeu de course automobile The Crew, d’Ubisoft. Le titre a été retiré des boutiques en mars 2024, un peu moins de dix ans après son lancement. Le jeu, massivement multijoueur, ne peut fonctionner sans serveurs. L’éditeur a préféré porter ses efforts sur les épisodes 2 et 3 de la franchise. Au grand dam des joueurs qui avaient acheté The Crew, en espérant y avoir toujours accès.

L’idée n’est pas de forcer les éditeurs à assurer le support de leurs jeux pour toujours et à jamais, ce qui est irréaliste. Mais de donner la possibilité aux joueurs de prendre en main l’avenir des jeux, en mettant en place leurs propres serveurs par exemple, ou encore « patcher le jeu afin qu’il puisse fonctionner sur les systèmes des clients sans que le support de l’entreprise ne soit nécessaire ». Un « plan de fin de vie », en somme.

Le million de signatures a été atteint en fin de semaine dernière, ce qui est une bonne nouvelle pour les joueurs. Ross Scott a cependant prévenu qu’il en faudra davantage, car il faut s’attendre à ce que certaines d’entre elles soient fausses. La pétition compte actuellement plus de 1,2 millions de signatures.

Quoi qu’il en soit, ce cap ne signifie pas qu’une législation va passer — il s’agit uniquement d’apparaitre sur le radar de la Commission européenne. Et les éditeurs sont sur le pied de guerre pour éviter d’être réglementé sur le sujet. Un communiqué du Video Games Europe, qui représente une bonne partie de l’industrie, assure qu’une obligation légale de maintenir ces jeux en vie serait contre-productive, coûteuse, voire carrément dangereuse.

Les éditeurs mettent en avant le fait que des serveurs non officiels font peser des risques sur les joueurs : plus de modération, de la triche, des abus et du contenu illicite. Ils déplorent aussi des coûts techniques élevés pour adapter un jeu à un fonctionnement sur des serveurs privés. Surtout, ils perçoivent une telle obligation comme un frein à l’innovation et une atteinte à l’image de marque et aux droits d’auteur.

Ils appellent simplement au statu-quo actuel, où chaque éditeur fait sa sauce — certains font des efforts, d’autres s’en fichent complètement. Une position aux antipodes de la pétition « Stop Killing Games »…

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Mickaël Bazoge