C’est à Göteborg, sous une lumière de juillet sans fin, qu’Oppo et Hasselblad ont fêté leurs noces de cire. Un choix de lieu autant pragmatique que symbolique. Fief historique du fabricant d’appareils photo Hasselblad, la deuxième ville de Suède est aussi connue pour ses longues journées d’été, où le soleil semble ne jamais se coucher. Un beau clin d’œil pour une collaboration qui a débuté il y a quatre ans et qui s’inscrit désormais dans la durée.
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Durant ce renouvellement de vœux, Olivella Liu, directrice marketing internationale chez Oppo, et Bronius Rudnickas, directeur marketing mondial chez Hasselblad, ont autant insisté sur les progrès déjà accomplis que sur les défis à relever pour repousser les limites de la photographie mobile dans les années à venir.
Entre Oppo et Hasselblad, l’amour de la photo dure plus de trois ans
La collaboration entre nos deux tourtereaux commence en mars 2021 avec le lancement du mode « Pro Hasselblad » sur les OnePlus 9 et OnePlus 9 Pro, marque filiale d’Oppo. Cette première étape offre aux utilisateurs un contrôle manuel complet via une interface inspirée des boîtiers moyen format du suédois.
De plus, la prise en charge du format RAW 12 bits constitue alors une avancée majeure. Seuls les iPhone 12 Pro et 12 Pro Max, ainsi que le Galaxy S21 Ultra, proposent cette profondeur de couleurs à l’époque. Particulièrement appréciée des photographes, elle assure une plage dynamique bien plus large, offrant plus de liberté lors des retouches.

En 2022, avec le Find X5 Pro, Oppo franchit un cap. La marque introduit la puce MariSilicon X, son premier processeur d’image développé en interne. Oppo rejoint ainsi Apple (Neural Engine, 2017), Google (Pixel Visual Core, 2017) et Samsung (l’ISP dans les puces Exynos), afin de mieux contrôler toute la chaîne photo, des capteurs jusqu’aux algorithmes.
Le Find X5 Pro et son successeur, le X6 Pro (2023, non sorti en France), peuvent ainsi tirer pleinement parti de la Natural Color Calibration signée Hasselblad. Adaptés du savoir-faire du Suédois sur ses boîtiers moyen format emblématiques comme le X1D II 50C, ces algorithmes propriétaires reproduisent des couleurs fidèles et naturelles, évitant l’écueil des virages colorimétriques artificiels. Soit un des gros problèmes de la photographie sur smartphone de notre époque.

L’an dernier, Oppo a fait un nouveau bond en avant avec le Find X7 Ultra. C’est le premier smartphone au monde à intégrer deux téléobjectifs périscopiques (x3 et x6). Son successeur, le Find X8 Ultra, lui aussi réservé au marché chinois, concentre à ce jour toutes les innovations issues de cette collaboration. Il préfigure sans doute ce que sera le prochain Find X9 Ultra, que nous espérons voir bientôt débarquer en France, contrairement à ses prédécesseurs.
Le Find X8 Ultra, le meilleur photophone de 2025 selon DxOMark
Oppo règne désormais sur la photographie mobile, comme en témoignent les classements DxOMark des deux dernières années. Dès sa sortie en Chine début 2024, le Find X7 s’est hissé au sommet de cet Olympe avec 157 points.
Seul le Magic 6 Pro d’Honor sera parvenu à lui voler la vedette quelques instants. Et cela, d’une très courte tête avec 158 points. Le mois dernier, le Find X8 Ultra a remis les pendules à l’heure pour Oppo avec un résultat record de 168 points.

Si les derniers smartphones premium d’Oppo dominent autant ce classement, c’est surtout grâce à l’utilisation d’un capteur principal Sony de type pouce. Un véritable saint-graal de la photo sur smartphone. Ce grand capteur garantit une richesse de détails élevée, une meilleure gestion du bokeh et une dynamique efficace en basse lumière.
C’est bien simple, entre 2022 et 2025, seuls 7 smartphones premium dans le monde ont eu le droit d’adopter ce privilège technologique. Et seuls trois sont officiellement disponibles en France. Parmi eux, on compte le Sony Xperia PRO-I (2021), le Sharp Aquos R7 et le Leica Leitz Phone 2 (Japon, 2022), les Xiaomi 13 Ultra, 14 Ultra et 15 Ultra (2025), ainsi que le Vivo X100 Pro+ (Chine, 2023).

Si ce capteur demeure rare, ce n’est pas dû uniquement à son coût. C’est ce que nous détaille Scofield Lu, Senior Imaging Product Manager chez Oppo, avec qui nous avons pu nous entretenir.
« L’un de nos principaux défis, c’est d’intégrer ce grand capteur d’un pouce dans un espace aussi compact qu’un bloc photo de smartphone. Gestion de la chaleur, positionnement des autres modules, miniaturisation des lentilles… Chaque choix, chaque micromètre comptent. Sur le Find X8 Ultra, nous utilisons une lentille à huit éléments, dont un en verre. Un matériau haut de gamme habituellement réservé aux appareils photo. Et surtout, nous veillons à ce que tout le potentiel du capteur soit pleinement exploité. Notre priorité, c’est de rendre le module aussi fin que possible, mais jamais au détriment du rendu optique. Si l’optique n’est pas d’excellente qualité, la taille du capteur ne sert à rien. »
True Chroma Camera, des couleurs par zones pour une justesse inédite
L’excellence matérielle ne suffit pas pour prétendre au titre de meilleur photophone. Pour y parvenir, tout se joue dans l’alliance subtile entre des capteurs d’exception et des algorithmes de traitement d’image pointus. Sur ce terrain, le Find X8 Ultra se démarque à nouveau grâce à son innovation, la True Chroma Camera. Une technologie que Scofield Lu nous détaille.
« Très souvent, les constructeurs appliquent une correction colorimétrique globale, voire par grands segments. Cela entraîne un problème bien connu des photographes, notamment sur des scènes avec une lumière naturelle, accompagnée d’autres éclairages artificiels. Dès lors, la photo présente soit des zones trop chaudes, soit trop froides, soit certaines parties sont saturées. Présente sur tous les capteurs, notre True Chroma Camera divise l’image en 48 zones et ajuste localement la couleur, la balance des blancs et les nuances, gérant ainsi mieux la cohérence dans ces environnements complexes. À terme, nous voulons que chaque pixel puisse être analysé individuellement. J’aime comparer cela à un soldat qui met des lunettes de vision nocturne pour se repérer la nuit. C’est ce sixième sens colorimétrique que nous cherchons à offrir. »
Pour tendre au maximum vers cette justesse, l’intelligence artificielle d’Oppo ne se contente pas de simples calculs. Les ingénieurs des deux marques ont analysé des milliers d’images prises avec des appareils suédois afin de reproduire leur signature. Cette patte est notamment reconnue pour sa capacité à gérer la large plage dynamique lors de l’heure bleue, un moment de la journée très apprécié des photographes du monde entier.
AI Bokeh Engine, la science du portrait
Sublimer l’exercice du portrait sur smartphone est un exercice complexe qui mêle matériel et intelligence artificielle. Chez Oppo, la démarche est centrée sur la recherche d’un bokeh naturel, fruit d’une fusion d’images optimisée et d’un entraînement massif de l’IA, comme le souligne Scofield Lu.
« Pour obtenir cet effet, nous combinons la capture de profondeur grâce à deux caméras et l’entraînement de notre IA sur des centaines de millions d’images. Cela permet de distinguer avec précision chaque détail, comme une mèche de cheveux, et de produire une transition douce conforme à la signature optique du X2D, le moyen format emblématique d’Hasselblad. Parfois, jusqu’à neuf images sont fusionnées pour simuler un bokeh digne des meilleurs objectifs. Nous concentrons tous nos efforts là-dessus. »
Résultat, sur chaque portrait, l’arrière-plan est flouté en essayant d’imiter l’expérience d’un un reflex pro, sans les défauts logiciels habituels. La transition entre les plans, les objets et les sources lumineuses en arrière-plan bénéficient de toute l’attention des ingénieurs. Et le reste du traitement logiciel est réduit au strict minimum, afin de préserver ce rendu “brut” si caractéristique.
Contrairement à Oppo, les autres constructeurs misent sur des approches radicalement différentes. Cela prouve qu’en photographie mobile, il n’existe pas de vérité absolue ni d’unique façon de faire. Par exemple, chez Honor, celle-ci est purement artistique. Pour son smartphone 200 Pro, la marque s’appuie principalement sur l’IA pour recréer l’ambiance presque cinématographique des studios Harcourt.
De son côté, Xiaomi propose une double déclinaison à travers un rendu « Authentic » et un mode « Vibrant ». Ce duo repose autant sur un choix d’optique haut de gamme que sur des algorithmes de traitement. Tout comme chez Oppo, mais à une différence près, qui a son importance.
Le couple Xiaomi et Leica fusionne des images dans un cadre très large, optimisant ainsi la totalité de la photo. Outre la séparation entre le sujet et l’arrière-plan, le Xiaomi 15 Ultra intervient également sur la plage dynamique, la précision des détails ou encore la cohérence colorimétrique. Une véritable vision holistique du portrait. Et surtout, un indice symptomatique des rôles différents joués par Hasselblad et Leica avec Oppo et Xiaomi.
Hasselblad, le co-créateur et Leica, le directeur artistique
Entre les collaborations d’Oppo et de Xiaomi, de grandes similitudes existent. Tout d’abord, aucun des deux partenaires photo ne fabrique directement les éléments capteurs. Leur rôle consiste plutôt à co-créer et valider un cahier des charges optique, depuis l’agencement jusqu’à la sélection des lentilles.
En parallèle, Leica participe activement à la calibration de la colorimétrie globale, ainsi qu’à la définition des profils photo (« Authentic » et « Vibrant »). L’expertise de la marque allemande porte sur la manière dont les couleurs sont restituées, ajustées et harmonisées afin de rester fidèles au rendu obtenu avec ses optiques Summicron.

Elle peut également donner son avis sur les contrastes ou le vignettage, sans toutefois intervenir profondément dans le développement algorithmique. Cette contribution s’apparente donc presque à un rôle de directeur artistique, façonnant l’identité visuelle sans s’immiscer dans la partie logicielle de post-traitement.
En revanche, Hasselblad et Oppo travaillent main dans la main sur l’ensemble du pipeline algorithmique. Comme nous l’avons vu, pour co-créer la True Chroma Camera ou l’AI Bokeh Engine, les ingénieurs suédois interviennent sur la fusion multi-images, le traitement HDR, la gestion du bruit et des flous. Hasselblad peut ainsi se définir légitimement comme le co-créateur du système image chez Oppo.
Quoiqu’il en soit, si les smartphones premium de ces deux constructeurs font autant parler d’eux, ce n’est pas sans raison. C’est avant tout parce que ces deux duos incarnent actuellement les principales forces motrices dans l’évolution de la photo sur smartphone. Noces d’étain, de cristal ou de porcelaine, peu importe. Espérons que ces idylles durent longtemps.
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