À Hollywood, l’IA générative pourrait bien avoir sa première star en la (vraie-fausse) personne de Tilly Norwood. Cette actrice virtuelle entièrement générée par IA est sur le point de signer avec une agence artistique pour participer à des castings… et en bout de course, apparaitre dans des films et des séries.
Les acteurs vent debout contre Tilly
Tilly Norwood est la création de l’actrice, comédienne et technologue néerlandaise Eline Van der Velden au sein de sa société de production Particle6 et développée par son nouveau studio Xicoia. La comédienne virtuelle s’affiche sur YouTube, Instagram et TikTok, et elle ne manque pas d’ambition.
Le projet fait grincer pas mal de dents, sachant que les comédiens avaient fait grève il y a deux ans afin d’obtenir des droits face à la déferlante IA. Il suscite aussi une curiosité croissante de la part des studios, après avoir d’abord balayé l’idée d’un revers de main. « En février, tout le monde disait : “Non, ça n’arrivera pas.” », expliquait Eline Van der Velden au Zurich Summit le week-end dernier. « En mai, les mêmes demandaient à collaborer. »
C’est ce qui suscite maintenant l’intérêt de plusieurs agences artistiques qui voudraient bien signer l’actrice virtuelle. Une annonce officielle pourrait intervenir d’ici peu. Si une telle signature devait se concrétiser, Tilly Norwood deviendrait la toute première actrice virtuelle représentée comme une comédienne traditionnelle, aux côtés de stars bien réelles.
La perspective hérisse le poil d’Hollywood, où certains redoutent que les agences n’ouvrent la porte à une nouvelle génération de « talents » artificiels au détriment des interprètes humains. Après tout, un comédien IA ne mange pas, ne dort pas, ne se plaint jamais, il ne fait pas de caprices et il est corvéable à merci.
L’initiative, comme on l’imagine, a déclenché une tempête de réactions dans la profession. Le puissant syndicat SAG-AFTRA a rapidement réagi, en rappelant que « la créativité doit rester centrée sur l’humain». Le syndicat dénonce l’utilisation de performances « volées » pour entraîner ces personnages (il faut bien alimenter les modèles IA), sans compensation pour les acteurs. Il met aussi en garde les producteurs : le recours à des interprètes synthétiques impose des obligations contractuelles strictes.
De nombreux comédiens ont également exprimé leur indignation : certains appellent au boycott des agences qui oseraient signer Tilly Norwood. Les actrices Whoopi Goldberg et Emily Blunt ont pris la parole, tandis que l’actrice Mara Wilson a dénoncé le procédé technique : « Et les centaines de jeunes femmes réelles dont les visages ont été utilisés pour la composer ? Pourquoi ne pas les engager, elles ? »
Eline Van der Velden défend son projet comme une démarche artistique. « Tilly n’est pas une remplaçante des acteurs humains, mais une œuvre d’art, une expérience créative. Comme l’animation ou les CGI avant elle, l’IA est un nouvel outil, un pinceau de plus dans la palette », explique-t-elle. Elle insiste sur le fait que rien ne saurait remplacer l’expérience et l’émotion d’un véritable acteur.
Au-delà du cas Tilly Norwood, Xicoia veut créer des personnalités numériques « hyperréalistes », dotées de voix, d’un récit personnel auquel se connecter (même s’il est complètement bidon) et de capacités d’interaction en temps réel avec les fans. Ces avatars pourraient être utilisés dans des films, des séries, mais aussi dans des podcasts, des campagnes publicitaires ou des jeux vidéo.
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Source : Deadline