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« Workslop » : quand l’IA fait perdre du temps et de l’argent aux entreprises

La plupart des entreprises qui forcent leurs salariés à utiliser l’IA ne voient guère de retour sur investissement. Pire, la productivité en souffre : d’après une nouvelle étude, la pratique du « workslop » — du faux « bon travail » généré par IA — coûte cher et fait perdre beaucoup de temps.

L’IA générative va peut-être transformer en profondeur la manière dont nous travaillons… mais pour le moment, ça n’est pas une réussite. De nombreuses entreprises et leurs directions qui imposent l’utilisation de cette technologie ont tendance à perdre en productivité, ce qui va à l’encontre du but recherché. En fait, 95 % des organisations ne voient aucun retour mesurable de leur investissement dans l’IA, selon une étude récente du MIT Media Lab.

Un travail vide et chronophage

L’équipe de chercheurs du BetterUp Labs est allée plus loin en identifiant auprès de 1 150 employés américains une pratique de plus en plus commune : le « workslop », autrement dit du contenu généré par l’IA qui a l’air soigné et professionnel, mais qui en réalité est creux, incomplet ou hors contexte… et qui oblige les collègues à refaire ou corriger le travail ! 40 % des personnes interrogées ont déclaré avoir reçu du « workslop » au cours du dernier mois, tandis que 15,4 % du contenu reçu au travail est considéré comme du « workslop ».

Plus de la moitié des répondants se disent agacés en recevant du « workslop », 38 % sont confus et 22 % carrément offensés. 54 % des personnes considèrent leurs collègues ayant envoyé ce genre de travaux comme « moins créatifs », 37 % comme « moins intelligents » !

Le temps moyen passé à gérer chaque occurrence de ce « faux bon travail » est de quasiment 2 heures (1 heure et 56 minutes), ce qui représente en moyenne un « coût invisible » de 186 $ par employé. Les chercheurs estiment que pour une entreprise de 10 000 salariés, la perte de productivité s’établit à 9 millions de dollars par an ! La fable de l’IA générative qui fait gagner en productivité en prend un coup dans l’aile.

Au bout du compte, le « workslop » en dit beaucoup sur la manière dont nous choisissons d’utiliser l’IA. Le risque pour les entreprises est double : une perte sèche de productivité, mais aussi une dégradation des relations de travail. Près d’un salarié sur trois affirme être moins enclin à retravailler avec un collègue qui envoie du « workslop », et beaucoup signalent ces incidents à leurs supérieurs, ce qui peut miner la confiance au sein des équipes.

Les chercheurs concluent que les directions auraient tout intérêt à définir des règles claires, à former leurs équipes et à rappeler que ces outils doivent rester des auxiliaires au service d’un travail de qualité — plutôt que d’imposer l’IA bêtement.

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Source : HBR


Mickaël Bazoge